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Patron de Tarkett Luxembourg, à Lentzweiler, Marc Assa est surtout à la tête d'un géant européen, leader des revêtements de sols.

L'histoire commence vraiment en 1968, avec Eurofloor, une usine grand-ducale de production de revêtement de sols, que lance et dirige Marc Assa. Marié, père de deux enfants, polyglotte comme tout bon Luxembourgeois qui a en plus poursuivi ses formations à l'étranger jusque dans de hautes écoles - il est diplômé HEC Paris et de l'INSEAD - l'homme est entré dans la structure de Sommer Allibert en 1977, en même temps qu'Eurofloor était rachetée par le groupe. Bonne pioche: d'abord responsable des usines plastiques de Sommer Allibert, Marc Assa était nommé, en 1985, directeur général de Sommer Allibert puis président de son directoire en 1990. Plus que symbolique pour l'homme d'affaires luxembourgeois: il prenait ainsi la succession de Bernard Deconinck, fondateur de Sommer Allibert.

En 1999, naissait Tarkett Sommer devenue depuis Tarkett. Sous la présidence de Marc Assa, l'ambition européenne devenait mondiale. Objectif avoué: donner au marché une nouvelle vision des revêtements de sols, à la pointe de l'innovation et des tendances décoratives. La vente de l'activité automobile de Sommer Allibert à l'équipementier Faurecia (Groupe PSA) en 2000, a permis à la société de se concentrer sur Tarkett, de se donner les moyens de ses ambitions et de se fixer comme objectif d'atteindre la première place à l'échelon mondial. "Ce qui se produit actuellement", souligne, de son bureau parisien, Marc Assa.

De fait, le bilan est élogieux. De 1,4 milliard d'euros de ventes en 2001, Tarkett approchera les 2 milliards d'euros en 2006 avec une répartition géographique globalisée de ses ventes, un tiers en Amérique du Nord, un tiers en Europe de l'Ouest, le dernier tiers entre Europe de l'Est et Asie. En 2005, des ventes pour 1,6 milliard d'euros ont dégagé un résultat de 60 millions d'euros.

Cette suractivité à l'échelon européen, voire mondial, n'a jamais coupé Marc Assa de ses profondes racines luxembourgeoises. On le retrouve administrateur dans plusieurs groupes importants présents au Grand Duché et dans des organes dirigeants au coeur de l'économie du pays. Emblématique à plus d'un titre, il a notamment présidé la FEDIL jusqu'en 2000. Il est également en position phare dans la structure de capital-risque LBO (leveraged buyout) Luxembourg.

Interlocuteur des pouvoirs publics

"En tant que chef d'entreprise d'un groupe international, vous avez su faire profiter autant de vos qualités de meneur d'hommes que de votre largeur d'esprit, voire de votre renom sur le parquet industriel international', avait dit de Marc Assa, sous forme d'hommage au moment de son départ de la FEDIL, le ministre de l'Économie de l'époque, Henri Grethen. Qui, remerciant le récipiendaire "au nom du gouvernement", avait fait plus que saluer "un interlocuteur lucide et perspicace des pouvoirs publics et des autres partenaires sociaux". Influent sous la lumière, écouté en coulisses, le capitaine d'entreprise a, en outre, joué de sa clairvoyance pour guider l'économie en mouvement perpétuel de son pays. C"est lui qui, en homme d'affaires chevronné, avait repéré un maillon faible dans la chaîne des acteurs de promotion de l'esprit et de la création d'entreprise au Luxembourg, et qui, en conséquence, avait contribué à promouvoir Business Initiative, illico soutenu par les entreprises, la SNCI et le gouvernement.

"C'est l'écoute du marché et la prise en compte à parts égales des intérêts de l'actionnaire, du client et du personnel, qui doivent commander la structure de l'entreprise": cette citation a valeur de credo pour Marc Assa. Un vrai big boss, qui avance, qui fait avancer et qui sait pousser pour ce faire. Tout en insufflant ce sans quoi l'entreprise n'aurait pas de sens hors du profit: l'esprit et l'effet d'entraînement, bénéfique pour tout le monde.