Marc Ambroisien a dirigé Edmond de Rothschild Luxembourg de 2012 à 2015.  (Photo: Blitz / archives)

Marc Ambroisien a dirigé Edmond de Rothschild Luxembourg de 2012 à 2015.  (Photo: Blitz / archives)

L’affaire a retenti au Luxembourg fin mars 2016. Le Parquet avait alors ouvert une information judiciaire contre x suite aux révélations sur les détournements allégués au préjudice du fonds souverain malaisien 1Malaysia Development Berhad (1MDB). Une enquête menée pour «blanchiment de fonds susceptibles d’émaner du détournement de deniers publics».

Dans ce contexte, le Premier ministre de Malaisie Najib Razak était cité pour avoir empoché près de 700 millions de dollars, et avait finalement été disculpé après avoir mentionné un don de la famille royale saoudienne, qui n’a toutefois jamais confirmé cette information.

Les places financières de Suisse, de Singapour et de Luxembourg sont touchées par ce scandale qui a transité, au Grand-Duché, entre 2012 et 2013, par un compté lié à une société offshore, ouvert auprès de la Banque privée Edmond de Rothschild Europe, par un ressortissant d’Abu Dhabi, Khadem Al Qubaisi.

Le nom de Marc Ambroisien, à la tête de la banque privée lors des faits, apparaît dans des transactions. Au lendemain de la diffusion de l’émission Cash Investigation – en avril 2016 –, qui s’était intéressée à l’affaire, la banque annonçait que le dirigeant «n’exerçait plus aucune fonction au sein du groupe» depuis septembre 2015, comme le relate le Wort, qui s’est également procuré une copie du message envoyé en interne lors du départ de M. Ambroisien. Celui-ci fait mention de son «exceptionnelle contribution au développement d’Edmond de Rothschild». Après son départ, il devait rester en lien étroit avec la banque, en tant qu’agent lié, et poursuivre alors la gestion de comptes clients depuis l’extérieur, dont le compte de Khadem Al Qubaisi.

Proximité professionnelle

Dans les colonnes du Wort, il dit se considérer «être un bouc émissaire, voire un fusible» et «rejette toutes les accusations qui sont portées contre [lui]». Un enregistrement audio reconstitué dans l’émission Cash Investigation indiquait qu’il laissait entrer des fonds d’origine douteuse dans la banque. «L’enregistrement existe. Il a été fait, mais il est sorti de son contexte. Il ne s’agit ni d’une conversation avec ce client ni d’une conversation ayant rapport aux fonds qui sont soupçonnés d’être litigieux», se défend-il dans les colonnes du quotidien.

La relation, relativement proche, de l’ancien directeur avec son client aboudhabien, aurait démarré sans effort particulier de la part de Marc Ambroisien, mais bien à travers un «beauty contest» avec d’autres banques et pour lequel «nous avons été retenus», explique-t-il. Par la suite, il aurait reçu du client une Aston Martin d’une valeur de 110.000 euros. Sur ce point aussi l’accusé se défend: «J’ai acheté cette voiture d’occasion à son prix de marché. Ce n’est pas un cadeau du client.» «J'ai été proche de lui dans le cadre de mes fonctions», justifie encore l’ex-dirigeant, qui affirme ne plus avoir le moindre contact avec son ex-client.

À noter toutefois que Marc Ambroisien n’est pas nommément visé par la justice luxembourgeoise dans cette enquête, qui a mené 90 enquêteurs à effectuer une perquisition dans les bureaux de la banque, au Limpertsberg, le 29 juin dernier.

Contactée par Paperjam, la banque privée a annoncé collaborer activement à la procédure judiciaire en cours au Luxembourg, et n'a pas souhaité faire d'autres commentaires.