La ville se cherche un City Manager afin de rassembler et coordonner les synergies existantes et véhiculer l'image d'une ville dynamique.
La ville de Luxem bourg recrute un City Manager afin, notamment de "promouvoir l'attrait de la ville comme lieu de résidence à haute qualité de vie urbaine et comme centre d'activités économiques, commerciales, culturelles et de loisir", précise l'annonce parue récemment dans les journaux.
Ce qui ne signifie pas pour autant que Luxembourg-ville a perdu de son attrait, insiste le bourgmestre, Paul Helminger. "Au fil des ans, il y a eu une croissance des activités, des attractions. Nous avons connu un nouvel élan en matière culturelle depuis 1995, avec aujourd'hui la réouverture du Grand Théâtre, et de nouveaux lieux culturels qui voient le jour, ainsi que l'Université", explique-t-il. Sur le plan touristique, il évoque les attraits du pays, mis en avant notamment par le Luxembourg City Tourist Office (LCTO), les festivités "Summer in the city" et les "Winter Lights", qui viennent d'être inaugurées, pour ne citer qu'elles. "Mais chaque activité est promue dans son coin, et il n'existe pas de démarche cohérente pour véhiculer l'image d'une ville dynamique", constate-t-il.
L'idée d'un créer un poste de City Manager ne date pas d'hier. Le collège échevinal, que préside Paul Helminger depuis 2000, l'avait, à l'époque, déjà déclarée comme un de ses objectifs. Un premier essai dans le cadre de l'exposition "Art on Cows" avait déjà été initié et le collège échevinal avait proposé de créer une société entre la ville et l'Union commerciale, avec à sa tête un City Manager. Mais cette idée a été abandonnée car elle n'avait pas les faveurs du ministre chrétien-social de l'Intérieur, Michel Wolter, dont l'approbation était nécessaire.
Les années ont passé et les critiques se sont multipliées, certains acteurs de la scène culturelle pointant du doigt un manque de cohérence dans la promotion faite du Luxembourg à l'étranger, d'autres se plaignant de la désertion du centre-ville après 18h, ou du manque de places de parking, ...
D'où la décision prise de faire appel à un consultant, en l'occurrence PricewaterhouseCoopers, chargé de réaliser une étude sur la question, livrée à la ville cet été. Le cabinet s'est penché sur ce qui se fait en Allemagne, où la fonction de City Manager est courante, ainsi qu'en Suisse. Curieusement, il ne s'est pas intéressé à la fonction de "gestionnaire du centre-ville", exercée par Francine Walhain depuis de nombreuses années dans la ville toute proche d'Arlon. PwC a étudié les différentes fonctions attribués aux City Managers dans ces pays. "Il n'y a pas de modèle allemand ou suisse, il est différent dans chaque ville", note M. Helminger, en raison des compétences différentes attribuées aux différentes villes.
Dans son étude, le cabinet a établi une grille de priorités et d'actions dans les différents domaines: événements, marketing classique, commercial. "Nous pensons que ce serait plus au City Manager de fixer les priorités, sur base des difficultés rencontrées. Au début, il faudra lui donner une grande liberté d'action. Il aura pléthore de gens avec lesquels il pourra collaborer. Le City Manager ne fera pas de promotion économique, mais du marketing d'image", assure M. Helminger.
Coordinateur, animateur, promoteur
Les discussions concernant la structure organisationnelle de cette fonction ne sont pas encore terminées mais, dans une première phase, le collège échevinal a décidé de lui mettre à disposition les différents services culturels et les ressources internes de la ville, et de le laisser établir des liens avec le LCTO. "D'abord, nous allons étudier, sur base d'une description très détaillée de la fonction, ce que le City Manager peut faire. Le collège échevinal penche pour une orientation future qui serait plutôt une structure autonome", indique le bourgmestre, tout en précisant que ce serait au prochain collège, formé après les élections communales d'octobre 2005, de décider de la structure définitive. Dans un premier temps, on ne touchera pas aux structures déjà en place, le City Manager sera rattaché au secrétariat général, donc au collège échevinal.
A toute l'effervescence culturelle à laquelle devra s'attacher le City Manager s'ajoute l'activité commerciale du centre-ville. "L'idée est de rechercher quelqu'un qui ait une orientation marketing et mette ensemble les différentes synergies existantes et vende la ville aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. Il aura une mission de coordinateur, d'animateur et de promoteur. Il sera beaucoup sur le terrain, bien sûr, mais ne pourra agir que par persuasion', précise M. Helminger. "Le but que nous poursuivons est de réaliser une promotion commerciale, culturelle, d'image de la ville plus cohérente".
Et à ceux qui craignent de voir le centre-ville de Luxembourg ressembler à celui des autres capitales, en raison de la multiplication des grandes chaînes de magasins, le bourgmestre répond que l'on peut essayer de faire passer le message qu'une ville vit de la diversité de ses commerces. Il estime qu'il ne faudra pas négliger le travail de persuasion - cela fera partie de la mission du City Manager - aussi bien auprès des propriétaires des immeubles que de l'Union commerciale. "J'y vois une mission positive", insiste-t-il.
Si le City Manager - qui devra être un peu commerçant - arrive à vendre cette idée auprès des différents acteurs sur le terrain, le bourgmestre estime que beaucoup sera déjà fait. Ce dernier évoque la promotion négative qui est généralement faite autour des commerces, mettant surtout en avant les places de parking ou la concurrence des centres commerciaux. Le City Manager devra aussi s'attacher à rectifier le tir et à faire la promotion positive de la vie commerciale. En réponse aux plaintes concernant le manque de places de parking, un système de guidage vers les parkings encore libres est en train d'être mis en place par la ville, la première phase devant être opérationnelle au printemps prochain.
Des navetteurs à conquérir
En outre, "nous voyons que les gens ont envie de rester en ville après 18h. Il faut que quelque chose se passe et c'est un discours qu'il faudra tenir auprès des commerçants sur les heures d'ouverture. Ce sera une mission du City Manager de les persuader", indique encore Paul Helminger, qui dit lancer cette idée au moins une fois par an lors de l'assemblée générale de l'Union commerciale. "La concurrence internationale nous forcera à aller en ce sens. Je voudrais bien que les gens de Metz, de Trèves viennent à Luxembourg-ville le soir". Le bourgmestre est d'ailleurs sur le point de mettre à nouveau tous les acteurs concernés autour de la table, avec comme menu les heures d'ouverture.
Enfin, "il y a toute une publicité commerciale et culturelle à faire. 100.000 navetteurs arrivent en ville chaque jour, il ne lisent pas les journaux luxembourgeois, n'écoutent pas les radios locales, le City Manager devrait trouver une façon de toucher ce public. Cette population est négligée, c'est une clientèle qui n'est pas démarchée alors qu'elle se trouve en ville toute la journée. Elle est beaucoup plus importante que celle qui propage l'image négative du parking", insiste M. Helminger.
Le City Manager aura encore comme mission de ramener les habitants au centre ville. "Non, ce n'est pas une mission impossible. Nous voyons un afflux de gens qui veulent revenir en ville", assure le bourgmestre, qui tient à préciser que ce n'est pas lui qui va remplir les appartements. "Il y a un problème: les propriétaires gagnent tellement avec la location de la surface commerciale que beaucoup préfèrent laisser les appartements libres". Le bourgmestre serait d'avis s'instaurer une taxe de non occupation, comme c'est le cas dans certains pays et de revoir la législation sur les baux, un bail commercial étant beaucoup plus flexible qu'un bail logement.
Pour l'heure, la perle rare n'a pas encore été trouvée mais les candidatures sont arrivées en masse à la mairie de Luxembourg et le bourgmestre espère que le candidat sera choisi avant la fin de l'année et qu'il pourra commencer dans les tout premiers mois de l'année.