Discussions au sommet pour tirer parti du faste russe. (Photo: © 2012 SIP / Nicolas Bouvy tous droits réservés)

Discussions au sommet pour tirer parti du faste russe. (Photo: © 2012 SIP / Nicolas Bouvy tous droits réservés)

Jean-Claude Juncker et Etienne Schneider sont en Russie. Le Premier ministre et son ministre de l'Economie ne sont pas là pour faire du tourisme, mais pour parler politique, de celle qui facilite les affaires.

À l’ordre du jour de la rencontre avec le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, il y avait notamment la question de la libéralisation des visas entre les États membres de l’Union européenne et la Fédération de Russie.

Bons visas de Russie

Le gouvernement luxembourgeois juge que la procédure existante est trop chronophage et nuit aux échanges entre les deux zones. Le Luxembourg pourrait bien emprunter un chemin de traverse pour simplifier l’obtention de visas, notamment pour les pilotes de Cargolux.

Mais derrière cette procédure administrative se cachent de nombreux enjeux économiques et financiers expliquant certainement la présence, côté slave, du vice premier ministre, Dmitry Rogozin, et du ministre des Finances, Anton Silouanov, aux entrevues avec les émissaires gouvernementaux luxembourgeois. Le service d’information presse du gouvernement parle de « partenariat stratégique », notamment dans le domaine des écotechnologies et des technologies de l’information et de la communication.

Gateway to Europe

La rencontre au Kremlin avec Vladimir Poutine dans l’après-midi de mardi avait notamment pour objet les investissements russes dans la zone euro. Bien qu’en recul de 2,3 milliards d’euros en 2011, ils sont traditionnellement élevés. Ils représentaient, en 2010, 5,4 % des investissements directs étrangers entrants en UE, avec 7,9 milliards d’euros.

Et le Luxembourg entend bien se positionner, une fois de plus, comme porte d’entrée de ces investissements émanant d’un pays aux ressources naturelles pléthoriques (1er exportateur mondial de gaz naturel et 2e exportateur de pétrole) et au taux de croissance (4,3 % en 2011) qui détonne par rapport à ceux connus dans la zone euro.

Relations nées de la Guerre Froide

En 2009, le Grand-Duché est d’ailleurs devenu le premier investisseur direct en Russie du fait des flux entre les sociétés luxembourgeoises d’origine russe et leurs maisons mères. Par exemple, Gazprombank ou encore Renaissance capital sont présentes au Grand-Duché (sans pour autant disposer de front office).

East-West United Bank, banque privée ouverte pendant la Guerre Froide à Luxembourg et d’habitude plutôt discrète, commence elle à sortir du bois et communique sur sa présence boulevard Joseph II, à la Villa Foch.

Apothéose du ballet diplomatique

La clientèle fortunée russe, oligarques ou riches entrepreneurs, est visée. Le road show de l’agence Luxembourg for finance en 2010 et la visite de Luc Frieden, ministre des Finances luxembourgeois, en 2011, à Moscou, pour signer l’avenant de la convention de non double imposition fraîchement renégociée, attestent d’une volonté de renforcer les liens entre deux États aux ressources et aux compétences complémentaires.

La visite du Grand-Duc et de la Grande-Duchesse à Moscou programmée en février 2013 se révèlera l’apothéose du ballet diplomatique. Peut-être voleront-ils déjà sur la ligne aérienne directe entre Luxembourg et Moscou, dont la création vient d’être décidée entre les autorités des deux pays.