Si la présence luxembourgeoise en Afrique est pour l’instant faible, l’appétit des investisseurs locaux est bien réel. Valère Twagirayezu, le président de LuxAfrica (droite).  (Photo: Mike Zenari / archives)

Si la présence luxembourgeoise en Afrique est pour l’instant faible, l’appétit des investisseurs locaux est bien réel. Valère Twagirayezu, le président de LuxAfrica (droite).  (Photo: Mike Zenari / archives)

On la connaît moins que le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale, mais la Banque africaine de développement (BAD) et son Fonds africain de développement (FAD), créés respectivement en 1964 et 1972, jouent un rôle primordial dans l’évolution du continent africain. Le Luxembourg l’a bien compris et ne cache pas son intérêt grandissant pour l’immense marché que représente cette partie du monde.

«Il existe déjà une politique de coopération avec différents pays d’Afrique, mais nous voulions mettre un second pied sur ce continent pour participer à son développement et y faire connaître plus clairement l’image du Luxembourg», note Georges Heinen, conseiller de gouvernement au ministère des Finances, qui représente, après le ministre des Finances Pierre Gramegna, le Grand-Duché auprès de la BAD. «C’était avec la même idée que nous avions adhéré à la Banque asiatique de développement en 2003», ajoute-t-il. 

Neuf millions d’euros de participation

Une initiative d’assistance, donc, mais qui ne cache pas un certain pragmatisme. «Il y a beaucoup de choses à faire en Afrique et le Luxembourg peut offrir son expertise, notamment dans le domaine des fintech», complète M. Heinen, qui rappelle que la compagnie de satellites SES est déjà présente sur ce continent.

Le Luxembourg a adhéré à la BAD en 2014 et s’est proposé d’accueillir la réunion finale qui doit établir la 14e reconstitution de son fonds. Tous les trois ans depuis 1974, il est en effet «reconstitué», car les prêts qu’il octroie sont généralement destinés aux pays les plus pauvres, et bien souvent non remboursables. Le Grand-Duché contribuera à hauteur de 0,2% à la somme qui sera déterminée par la trentaine de pays donateurs à la fin de cette réunion, soit environ neuf millions d’euros.

Le Luxembourg est également une porte d’entrée vers l’Europe pour les banques africaines qui ont beaucoup de clients dans la région.

Valère Twagirayezu, le président de LuxAfrica

Si la présence luxembourgeoise en Afrique est pour l’instant faible, l’appétit des investisseurs locaux est bien réel. «Si vous voulez de la croissance pour votre entreprise, il faut aller là où il y en a, or les marchés d’Afrique ont d’énormes besoins», confirme Daniel Sahr, de la Chambre de commerce du Luxembourg. Une stratégie est d'ailleurs en cours d'élaboration au sein de l'institution pour mieux faire connaître ce continent dans le milieu d'affaires du Grand-Duché.

«Dans le domaine des nouvelles technologies, et en particulier des fintech, le Luxembourg dispose d’un know-how qui pourrait être très utile à ces nouveaux marchés. Mais les opportunités existent dans tous les domaines», ajoute Valère Twagirayezu, le président de LuxAfrica, une association qui veut promouvoir et soutenir les initiatives commerciales entre le Grand-Duché et le continent africain. «Le Luxembourg représente également une porte d’entrée de choix pour les investisseurs africains qui souhaitent s’implanter en Europe, notamment les banques africaines qui ont beaucoup de clients dans la région.»

Il n’existe à l’heure actuelle aucune chambre de commerce bilatérale d’un pays africain au Grand-Duché. C’est pour combler ce manque que LuxAfrica a été créée en 2014. «Nous sommes aujourd’hui une quarantaine d’adhérents de diverses nationalités, originaires d’Afrique ou pas», détaille Valère Twagirayezu. «Nous échangeons des idées, mais avons aussi la vocation de mettre en relation les investisseurs intéressés. Notre objectif est de devenir une véritable chambre de commerce africaine.» D’ici là, le Luxembourg sera certainement un peu plus connu de l’autre côté de la Méditerranée.