La nouvelle a surpris et, très vite, inspiré un certain scepticisme. "Le Luxembourg aura-t-il la possibilité de présenter chaque année entre 20 et 25 projets de bonne qualité à un réseau interne de Business Angels'" s'interroge Boris Ouarnier, coordinateur du club LBA (Lorraine Business Angels). "Pour vivre, un réseau de Business Angels doit avoir une taille critique en nombre d'investisseurs et de projets", insiste-t-il.
Depuis sa création, en juin 2003, la LBA compte, en effet, entre quinze et vingt membres actifs (essentiellement des chefs d'entreprises en activité) et un cercle d'appoint d'une soixantaine de personnes.
Lancé officiellement le 23 novembre 2004 avec le soutien du ministère de l'Economie et de la Chambre de Commerce, le Luxembourg Business Angel Network (LBAN) recense déjà, pour sa part, dix-huit business angels. "Nous avons des personnes qui travaillent dans les fonds d'investissement, des comptables, des avocats...", détaille Karl Horsburgh, son président. "On devient business angel pour le fun et le challenge", précise-t-il.
Côté projets, la comparaison entre les deux organisations n'est guère possible du fait de l'antériorité de la LBA. Celle-ci affirme avoir présenté une vingtaine de projets à ses membres parmi lesquels cinq ont reçu des financements et deux sont en discussion; avec une moyenne de 100.000 euros par projet. A la LBAN, on pense que les business angels seront prêts à investir entre 25.000 et 250.000 euros par projet. "Il n'y a pas encore eu de transaction mais ils nous ont parlé des sommes qu'ils avaient déjà investies", justifie Karl Horsburgh.
La vraie différence et, finalement, le point d'accrochage entre la LBA et le LBAN, concerne la nature des projets susceptibles d'être aidés. Si les deux réseaux se déclarent ouverts à tous types de projets - "les nouvelles idées de préférence", souligne Karl Horsburgh - et à tout secteur d'activité - pas seulement les TIC - la LBA affiche explicitement une vocation lorraine contrairement au LBAN qui déclare être prêt à aider un projet intéressant, qu'il soit luxembourgeois, français ou allemand. "Si c'est le cas, ce serait une déclaration de guerre!", s'insurge, avec le sourire néanmoins, Boris Ouarnier. "Ce serait quand même étrange que les régions limitrophes soient les bénéficiaires d'un réseau soutenu par des institutions publiques luxembourgeoises !", ironise-t-il.
De chaque côté, on se déclare prêts à faire connaissance et à s'inscrire davantage dans la complémentarité que la rivalité. Karl Horsburgh souligne que "les acteurs économiques au Luxembourg attendaient cela depuis vingt ans". "Les business angels aiment investir ou être dans un conseil d'administration d'entreprises qui ne soient pas trop loin ; pas à plus de 100 km', plaide-t-il. "Les Luxembourgeois sont très suspects par rapport aux choses qui sont faites en-dehors de leur pays".
A l'appui, l'exemple d'un réseau de business angels bruxellois qui avait tenté fin 2003-début 2004 d'ouvrir, en vain, une succursale au Luxembourg...