Alex Reding, coordinateur de la Luxembourg Art Week, qui se tient à la Halle Victor Hugo. (Photo: Mike Zenari)

Alex Reding, coordinateur de la Luxembourg Art Week, qui se tient à la Halle Victor Hugo. (Photo: Mike Zenari)

Monsieur Reding, pouvez-vous nous repréciser le contexte de création de Luxembourg Art Week?

«La première édition de Luxembourg Art Week a été réalisée en 2015 pour plusieurs raisons. D’abord, Luxembourg est la seule ville à 200km à la ronde qui a un marché de l’art qui fonctionne vraiment. Nancy et Metz n’en ont pas, Sarrebruck et Trèves n’en ont pas, Liège et Namur non plus. On commence seulement à en avoir un petit peu à Strasbourg. Les autres marchés les plus proches sont à Cologne et Bruxelles. D’autre part, Luxembourg, grâce à sa position de plateforme internationale, a la chance d’accueillir plusieurs grandes fortunes et des sociétés qui constituent des collections d’art contemporain. Nous avons également sur notre territoire plusieurs amateurs et collectionneurs d’art contemporain. Nous avions donc un terreau fertile pour organiser une foire d’art contemporain, à la hauteur de nos ambitions nationales et internationales.

Luxembourg, grâce à sa position de plateforme internationale, a la chance d’accueillir plusieurs grandes fortunes.

Alex Reding, coordinateur de Luxembourg Art Week

La foire évolue pour cette seconde édition. Pouvez-vous nous préciser ces changements?

«Il y a des éléments qui évoluent et d’autres qui sont les mêmes. Pour ce qui ne change pas, c’est la section Positions qui se déroule dans la Halle Victor Hugo et accueille les galeries luxembourgeoises et une sélection de galeries internationales. Cette année, il y aura 23 galeries de renom venues de six pays – Luxembourg, Allemagne, France, Belgique, Italie et Autriche. Elles exposeront un large spectre de la création contemporaine, aussi bien dans la diversité des styles que des pratiques artistiques. Ce qui ne change pas non plus, c’est l’organisation, en parallèle de Positions, du salon annuel du Cercle artistique de Luxembourg. Sur plus de 800m2, cette exposition permettra d’avoir un bon aperçu de la scène artistique du pays, à travers une sélection d’artistes établis et émergents. Chaque artiste pourra exposer trois œuvres qui sont également en vente. Par contre, parmi les grandes nouveautés, il y a la nouvelle section Take Off, un pavillon spécialement aménagé sur le parvis pour accueillir des exposants issus des scènes locales et régionales qui présentent des œuvres d’art à prix abordables, c’est-à-dire moins de 3.000 euros. Cette section a été voulue par le Premier ministre et ministre de la Culture Xavier Bettel et est soutenue par le gouvernement.

Qui sont les participants à cette nouvelle section Take Off?

«On trouve des galeries en ligne, une galerie nomade, des collectifs d’artistes, des jeunes galeries, etc. C’est une accessibilité à double niveau: à la fois pour les collectionneurs qui n’ont pas des moyens importants, et pour les jeunes structures qui ne peuvent se permettre de payer de stands dans une foire.

Et parmi les participants à Positions?

«On retrouve bien entendu toutes les galeries qui comptent à Luxembourg et une sélection de galeries internationales, dont certaines représentent le travail d’artistes luxembourgeois.

Comment sont sélectionnées ces galeries?

«Elles participent à l’événement sur invitation. Je veille à maintenir un bon équilibre entre les pays de provenance, le type d’art qu’elles exposent, les médiums présentés et la gamme de prix des œuvres.

Pourquoi cette ouverture vers des pays plus lointains que la Grande Région?

«Par intérêt pour les galeries et parce qu’en augmentant le nombre de galeries présentes, on peut élargir le périmètre de provenance. Cela nous permet d’avoir une plus grande ouverture sur l’Europe avec des galeries en provenance de Dresde, Vienne, Milan.

Avoir une galerie, j’estime que c’est aussi avoir un rôle à jouer dans la société.

Alex Reding, coordinateur de Luxembourg Art Week

Mais sans jamais inclure les marchands…

«Effectivement, il s’agit toujours de galeries qui ont une véritable politique d’exposition, qui défendent les artistes vivants. Je ne souhaite pas donner la place aux marchands ou aux personnes qui ne reçoivent que sur rendez-vous dans leur appartement. Ça, c’est vraiment un autre métier. Avoir une galerie, j’estime que c’est aussi avoir un rôle à jouer dans la société, dans une ville, participer au vivre ensemble. Acheter et vendre des tableaux, ce n’est pas promouvoir l’art dans une ville ni même accompagner les artistes dans leur développement professionnel.

Luxembourg Art Week, n’est-ce pas encore une foire en plus sur un marché qui est déjà très saturé?

«Luxembourg Art Week, avant d’être une énième foire, est surtout un rendez-vous convivial autour de l’art.

Nous ne sommes pas une grande ville, nous devons rester modestes, à notre échelle. Il est important de nous appuyer sur la scène existante, de fédérer les acteurs locaux et leurs clients réguliers, tout en essayant d’en capter de nouveaux.

Il y a d’un côté les très grands rendez-vous internationaux comme la Fiac ou Art Basel, mais il est possible d’organiser également des événements à plus petite échelle qui sont conviviaux et de qualité.

C’est le cas par exemple à Monte-Carlo, Genève, Salzbourg ou encore Munich. Ce ne sont pas des foires qui espèrent une clientèle internationale, mais qui se concentrent sur la clientèle locale et qui visent à consolider la cohésion des acteurs locaux.

Luxembourg Art Week est aussi un moment intéressant pour les entreprises.

Alex Reding, coordinateur de Luxembourg Art Week

Quels sont les événements parallèles auxquels il sera possible de participer pendant la foire?

«Il y a une série de conférences que nous organisons en partenariat avec les institutions culturelles locales et de la Grande Région: la Villa Vauban, le Mudam, le Casino, Private Art Kirchberg, le Centre Pompidou-Metz. La radio 100,7 nous aide pour la retransmission de ces rencontres et la modération.

Nous apporterons des sujets comme les collections d’entreprises, comment penser notre frontière géographique comme un trait d’union culturel ou le statut de l’art luxembourgeois. Également dans la Halle, le Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain délocalise son info-lab le temps de l’événement pour proposer un espace de documentation spécialisé en art contemporain.

Luxembourg Art Week est aussi un moment intéressant pour les entreprises. C’est l’occasion pour elles de participer à un événement de prestige, d’inviter leurs clients, de faire découvrir Luxembourg sous un autre jour, de réaliser des circuits 'art' dans nos différentes institutions et galeries en ville. Il y a donc de nombreux événements corporate qui sont organisés.

Justement, pour répondre aux besoins des collections d’entreprises, vous avez créé un club lié à Luxembourg Art Week. De quoi s’agit-il?

«Ce club est une plateforme spécialisée pour les besoins des collectionneurs. Il permet une mise en relation entre les collectionneurs ou entreprises qui possèdent des œuvres d’art et des prestataires de services spécialisés et indépendants dont nous connaissons la qualité du travail. C’est une aide à la gestion des collections. C’est une manière de ressentir les bénéfices de Luxembourg Art Week tout au long de l’année.»