Les projets "speedkit" proposent des solutions pratiques et adaptées aux conditions de l'urgence à déployer. (Photo: Croix-Rouge Luxembourg)

Les projets "speedkit" proposent des solutions pratiques et adaptées aux conditions de l'urgence à déployer. (Photo: Croix-Rouge Luxembourg)

La Croix-Rouge luxembourgeoise présente en ce moment sur un de ses terrains, les membres de la Shelter Research Unit (SRU), l'unité spécialisée en recherche et innovation sur les abris d'urgence, installée à Bertrange. Plusieurs prototypes de tentes y sont montés et testés dans le cadre du projet «Speedkit».

«Nos recherches vont d'ici quelques mois servir tout le monde humanitaire», déclare Cecilia Braedt, architecte coordinatrice de la SRU. «Cette unité de recherche est unique, car c'est la seule qui s'occupe des habitats d'urgence.» Les objectifs sont de trouver de nouvelles formes d'abris qui puissent servir dans les conditions d'urgence humanitaire et de développer ces modèles avec des matériaux adaptés.

14 partenaires, 3 universités

«Nous avons besoin d'abris qui puissent, par exemple, être montés de manière très intuitive», précise Cecilia Braedt. «Il faut également que les matériaux utilisés puissent être résistants et adaptés aux différents climats, parfois extrêmes, dans lesquels nous sommes amenés à intervenir», souligne Vincent Virgo, architecte en charge de la recherche.

Différents modèles de tentes existent dans le catalogue des produits disponibles pour les organismes humanitaires. Mais aucun n'a spécifiquement été développé pour les abris d'urgence. «Au début de cette aventure, nous avons analysé le catalogue», précise Vincent Virgo. «Cela nous a permis de bien identifier les besoins d'amélioration et les manques.»

La SRU rassemble pour le projet Speedkit 14 partenaires dont des fournisseurs de matériaux et trois universités (Technische universiteit Eindhoven, Vrije universiteit Brussel et Politecnico di Milano) et reçoit des aides de l'Union Européenne. «Nous travaillons sur un programme qui dure quatre ans. Nous en sommes actuellement à un peu plus d'un an et demi», précise Cecilia Braedt.

Quatre modèles

Quatre modèles de tente sont en cours de développement. Le «Clever roof» est une simple bâche de 20m2 qui s'accroche en différents points. «C'est sommaire mais résistant», explique Cecilia Braedt. «Cela permet de créer un point de rassemblement, de se protéger du soleil, de la pluie. Ce système pourrait même être stocké d’avance dans des pays à risques car il ne prend pas plus de place qu'une toile pliée!»

La «Progressive house» est une double paroi qui peut être remplie de sable, de terre, de gravats... Ces murs, lorsqu'ils sont vides, peuvent être roulés sur eux-mêmes, ce qui rend leur transport et stockage aisés. De plus, ils sont facilement positionnables et peuvent donc s'adapter à différentes configurations culturelles et géographiques. «On imagine déjà les combiner avec un Clever Roof pour former un abri complet», confie Vincent Virgo.

La «Multipurpuse unit» est la tente que la plupart des organisations humanitaires utilisent actuellement. Mais celle-ci présente des points de faiblesse que la SRU essaie d'améliorer comme le matériau utilisé pour les parois, le système de jonction des éléments de structure ou encore la forme du toit.

Le dernier modèle, le plus grand, repose sur un concept novateur d'arcades porteuses qui sont hissées grâce à un système de câbles, et non pas par un système de bascule comme c'est traditionnellement le cas. Cette grande unité peut servir comme hôpital (en y adjoignant différents modèles de containers spécialisés – salle d'opération, salle de stérilisation, salle d'accouchement...) ou comme salle polyvalente pouvant atteindre jusqu'à 300m2.

Le critère financier toujours observé

«Nous avons un grand avantage: nous sommes les utilisateurs finaux de ces produits», poursuit Cecilia Braedt. «Nous pouvons apporter notre expérience du terrain au moment de la conception. Nous connaissons les conditions climatiques, culturelles, pratiques qu'il faut respecter pour que ces abris puissent être utilisés par les différentes populations à travers le monde.»

Grâce à ces recherches, les populations en difficulté humanitaire pourront bénéficier d'abris adaptés et résistants. Pour les organismes humanitaires, ce sera un gain en qualité et en coûts, puisque les petites unités d'abris sont conçues pour être d'un meilleur rapport qualité-prix et plus légères (donc moins onéreuses en transport). «Le critère financier est toujours observé. Nous devons veiller à ce que ces prototypes aboutissent à des projets économiquement réalistes», conclut Vincent Virgo.