Le supercalculateur du Laboratoire national d’Argonne aux États-Unis. Le pays veut rester dans la course mondiale du «super calcul», comme le montre une directive du président Obama de juillet 2015. (Photo: Licence CC / Wikipédia)

Le supercalculateur du Laboratoire national d’Argonne aux États-Unis. Le pays veut rester dans la course mondiale du «super calcul», comme le montre une directive du président Obama de juillet 2015. (Photo: Licence CC / Wikipédia)

Et si les pétaflops devenaient la nouvelle mesure d’une puissance, informatique dans ce cas, d’un pays ou d’un ensemble de pays? Si vous n’êtes pas encore familiarisé avec cette notion échelonnant la capacité des méga ordinateurs, il faudra vous y habituer.

Évoqué en novembre dernier lors du European Data Forum organisé à Luxembourg dans le contexte de la présidence européenne, le projet d’un supercalculateur lancé par plusieurs pays européens passe de la phase d’intention à celle de calendrier.

Dans un article qu’ils ont cosigné sur le blog de la Commission européenne, le commissaire européen Günther H. Oettinger et le vice-Premier ministre luxembourgeois et ministre de l’Économie, Étienne Schneider, en appellent à l’union des forces pour doter l’Europe d’une capacité informatique de haute performance, «high performance computing» (HPC).

Nous devons unir nos forces en groupant des financements régionaux, nationaux et européens pour couvrir l’investissement nécessaire.

Günther H. Oettinger et Étienne Schneider

À l’initiative du Luxembourg, un trio s’est formé avec la France et l’Italie pour lancer un projet HPC, tourné vers les applications big data, dans le contexte du développement des «smart nation», tant au Luxembourg qu’en Europe.

Gestion de l’espace, mobilité, énergie, bâtiment… la gestion de ces enjeux en mode 2.0 doit en effet être facilitée par l’obtention d’un supercalculateur.

Un outil qui peut être synonyme de création d’emploi et de stimulation des infrastructures et écosystèmes technologiques et de compétences existants dans de nombreux pays.

Souhaitée par les acteurs de la recherche au Luxembourg, une telle infrastructure représente des opportunités pour différentes applications, tant dans les secteurs industriel que financier notamment. Au Luxembourg, le dossier est coordonné par le ministère de l’Économie, Luxinnovation et le List. Ils seront à la manœuvre pour rédiger la proposition de feuille de route pour la création du supercalculateur, agenda qui sera présenté en septembre prochain au Conseil européen.

Chine, Amérique… et Europe

Car chaque partie concernée est pleinement consciente que ce projet ne pourra se faire que par une mise en commun des compétences et, de facto, des ressources financières.

Des montants ne sont pas encore avancés, mais Günther H. Oettinger et Étienne Schneider évoquent des besoins de l’ordre de plusieurs milliards d’euros.

L’Europe ne compte à ce jour qu’un seul supercalculateur classé dans le top 10 mondial.

Günther H. Oettinger et Étienne Schneider

La Chine domine actuellement le top 10 mondial des supercalculateurs avec Tianhe-2 qui développe une puissance de 33,86 pétaflops, soit 33,86 millions de milliards d’opérations par seconde.

Les États-Unis sont aussi dans la course avec cinq installations au sein de ce top 10. Mais le président américain Barack Obama a publié, fin juillet 2015, un décret officialisant la volonté de créer une nouvelle «big machine». Un supercalculateur qui devrait afficher 1.000 pétaflops: un milliard de milliards de calculs par seconde.

Prévisions météorologiques, simulation d’incident nucléaire, diagnostic médical… les finalités sont nombreuses pour pareille puissance de calcul. Mais à l’heure du big data et d’une économie mue par le numérique, se doter d’un supercalculateur de pointe relève aussi du positionnement politique. Un moyen moderne d’affirmer sa puissance à l’échelle mondiale dont l’Europe ne veut pas se priver.