Made in Luxembourg – La première mouture de la voiture autonome développée par le 360Lab au sein du SnT de l’Uni fonctionne pour l’instant dans des scénarios bien définis. (Photo: Matic Zorman)

Made in Luxembourg – La première mouture de la voiture autonome développée par le 360Lab au sein du SnT de l’Uni fonctionne pour l’instant dans des scénarios bien définis. (Photo: Matic Zorman)

Pourrait-on un jour être conduit par un véhicule autonome dont le système a été entièrement développé au Luxembourg?

Si nous sommes encore loin de cette réalité, l’Université du Luxembourg a déjà pris les devants. À travers le 360Lab, créé au sein du SnT (Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust) au début de l’année dernière, les chercheurs luxembourgeois entendent bien concrétiser cette idée.

«Ce laboratoire a pour vocation de réunir différentes compétences autour d’un projet de mobilité intelligente, à la fois autonome et électrique, explique Raphaël Frank, chercheur à la tête du 360Lab. Le développement d’un système de conduite autonome demande en effet des compétences très variées: gestion de réseaux, computer vision, machine learning, etc.»

Un écosystème fertile

La décision de lancer un projet dans ce secteur particulier n’a évidemment pas été prise au hasard. Le Luxembourg offrirait le cadre idéal pour développer un système de conduite autonome performant. «Nous avons dans le pays des industries qui fournissent de grands constructeurs automobiles, explique Raphaël Frank. Nous avons aussi les compétences sur place, et des équipes travaillent déjà sur ces sujets depuis un moment. Enfin, il y a une volonté politique de mettre à disposition une infrastructure permettant de tester ces véhicules en conditions réelles.»

Le chercheur fait ici référence au tronçon autoroutier entre la France, le Luxembourg et l’Allemagne, qui pourra bientôt être utilisé dans ce but. «Il sera également possible de tester ces véhicules sur de plus petites routes, ainsi que dans des villes, précise Raphaël Frank. Nous avons déjà introduit une demande à cet effet fin 2018. Normalement, nous pourrons commencer nos tests mi-2019.»

Une autonomie de niveau 4

Les chercheurs du 360Lab évaluent le niveau de conduite autonome entre 3 (une partie de la conduite est déléguée au véhicule) et 4 (autonomie complète) sur une échelle de 5.

«Nous travaillons au départ d’un véhicule électrique. Nous y avons implémenté un système drive-by-wire qui permet de faire accélérer, freiner et tourner le véhicule sans intervention humaine. Ce système est relié à un ordinateur interne, chargé de lui donner des instructions. Des caméras envoient des signaux à ce système et l’intelligence artificielle embarquée les analyse pour donner les bonnes instructions au véhicule», détaille Raphaël Frank. 

Le projet vise la création d’un système de conduite autonome ne nécessitant plus aucune intervention humaine, autrement dit avec un niveau d’autonomie de 4 sur 5. «Notre système fonctionne actuellement dans des scénarios encore très contrôlés, ajoute Raphaël Frank. Nous travaillons avec des moyens bien plus limités que d’autres universités, notamment celles situées aux États-Unis, qui sont plus avancées que nous. Toutefois, quels que soient les moyens, il reste encore beaucoup de travail à fournir pour parvenir à un système de conduite autonome sûr et efficace.»

Vendre une propriété intellectuelle

L’objectif est que le système mis au point puisse être intégré sur toute une série de véhicules: voitures, bus, shuttles, etc. «La propriété intellectuelle ainsi créée pourra être licenciée par des groupes privés, indique le responsable du 360Lab. Nous pensons vraiment qu’il y a aujourd’hui une opportunité dans ce secteur, même si la concurrence y est forte. Les grandes marques collaborent déjà avec des universités pour mettre au point leurs véhicules autonomes. Alors pourquoi pas nous?»

Pour le développement de ce projet, les chercheurs du 360Lab s’appuient sur un financement du Fonds national de la recherche, mais pas seulement. Foyer investit aussi dans ce projet. En y prenant part, l’assureur souhaite évaluer les implications de la conduite autonome sur son métier. Et la porte est plus qu’ouverte pour d’autres investisseurs privés…