«Il n’y a pas de secret, Internet doit devenir le deuxième pilier de notre économie.» Claude Demuth (LU-CIX) (Photo: Julien Becker)

«Il n’y a pas de secret, Internet doit devenir le deuxième pilier de notre économie.» Claude Demuth (LU-CIX) (Photo: Julien Becker)

Poursuivant son ambition de devenir un haut lieu de la société de l’information et de l’économie numérique, le Luxembourg avance à bonne allure. L’arrivée de LU-CIX, en octobre 2009, n’y est pas étrangère. Initié voici un an, ce groupement d’intérêt économique (GIE) réunit déjà 20 membres actifs, dont les plus importants fournisseurs d’accès à Internet du pays et les deux grands broadcasters que sont BCE (RTL Group) et SES Astra. A tous ceux-là s’ajoutent une dizaine de sponsors.

La mission première de LU-CIX est d’œuvrer à la promotion et au développement de l’Internet au Luxembourg. «Il s’agit du maillon manquant de la chaîne, lance Claude Demuth, son CEO. LU-CIX est un nœud d’échange Internet, que l’on peut comparer à un carrefour. Nous avions les data centres pour y placer le contenu, nous avions les autoroutes qui permettent un transfert rapide des données. Mais, jusqu’à l’an dernier, il nous manquait ce nœud d’échange qui permet aux opérateurs membres d’offrir un service plus rapide, plus stable à leurs utilisateurs, de réduire les coûts et d’optimiser la qualité.»

L’objectif de ce nœud d’échange est de faire en sorte que le trafic Internet prenne le chemin le plus court possible entre le fournisseur d’accès (ou de contenu) et l’utilisateur final. «Notre action a d’emblée été encouragée par le gouvernement et la plupart des acteurs concernés, publics ou privés. Notre association est neutre et ouverte à tous. Elle réunit des opérateurs concurrents, de toutes tailles, qui ont le mérite de travailler ensemble pour le bien de tous.»

Techniquement, LU-CIX a été rendu possible par l’interconnexion de trois principaux centres de données via un ring de 10 Gigabits, et d’un quatrième plus petit. Aujourd’hui, le trafic généré par les membres du groupement entre eux atteint déjà près de 2 Gigabits par seconde. «A Bruxelles, BNIX existe depuis 15 ans et compte 45 membres. A Dublin, historiquement la première ville où la fibre est arrivée depuis les Etats-Unis, le trafic stagne à 6 Gigabits depuis de nombreux mois. Nous sommes sur la bonne voie», se félicite M. Demuth.

Une alternative crédible, au cœur de l’Europe

Pour exister par rapport aux géants que sont Francfort, Londres ou Amsterdam, le Luxembourg se devait de disposer d’un tel nœud d’échange. La volonté des membres du GIE et du gouvernement est maintenant de profiter de cet atout-là pour attirer de nouveaux acteurs multimédias. «A court ou à moyen terme, tous les services multimédias transiteront par le réseau: web TV, vidéos et jeux à la demande, Software as a Service (Saas)... On se dirige vers une augmentation énorme du trafic. La chance du Luxembourg est d’être situé au cœur de l’Europe, là où se trouvent les principaux consommateurs. Les grands acteurs mondiaux peuvent désormais trouver un réel intérêt à s’installer ici et nous sommes prêts à les accueillir», poursuit le CEO.

Plutôt que d’attendre que les plus grands opérateurs américains ou asiatiques frappent à la porte, LU-CIX poursuit son développement et augmente son attractivité. «D’ici à six mois, 90% des opérateurs éligibles au Luxembourg seront membres de notre réseau. La question était donc de savoir comment continuer à grandir, explique Claude Demuth. On a trouvé une idée unique en Europe qui consiste à créer des partenariats avec d’autres nœuds.»

LU-CIX a dès lors conclu un accord avec ECIX (deuxième plus grand nœud d’échange allemand, classé parmi le top 25 mondial) et France-IX, nouvel acteur qui a pour mission de consolider et d’élever Paris au rang de place reconnue du peer­ing international. «En venant chez nous, un acteur ICT touchera immédiatement trois pays, résume encore M. Demuth, qui nourrit de grandes ambitions pour l’avenir. Il n’y a pas de secret, Internet doit devenir le deuxième pilier de notre économie. Pour notre deuxième anniversaire, nous voulons dépasser Dublin et approcher les 10 Gigabits de données échangées par seconde.» Rendez-vous est pris pour fin 2011...