Sonia Rucquoy:« De belles opportunités de carrière sont aussi présentes à l’international, dans le domaine financier notamment.» (Photo: Julien Becker)

Sonia Rucquoy:« De belles opportunités de carrière sont aussi présentes à l’international, dans le domaine financier notamment.» (Photo: Julien Becker)

Madame Rucquoy, la crise a permis de voir différemment l’outplacement. Au Grand-Duché aussi?

«Le concept a mis quelques années à s’installer dans notre pays. En 2005 et 2006, l’outplacement n’était qu’une simple vue de l’esprit pour nos décideurs économiques. L’intérêt semblait moindre pour un marché dynamique. Seules quelques organisations internationales intégraient ce service dans leurs rares plans de licenciement. La crise a fait reconsidérer la question et, les plans sociaux s’accélérant au Grand-Duché, ce service a pris une nouvelle dimension. Le secteur bancaire est le premier à avoir adopté les programmes d’accompagnement. L’industrie n’était pas friande au départ. Mais aujourd’hui, l’outplacement est quasiment devenu une évidence pour tous.

Et, alors que les syndicats montraient parfois quelques hésitations à inclure l’outplacement dans les négociations liées à un plan social, ils ont pris conscience de l’intérêt d’un tel accompagnement.

Comment va évoluer le secteur?

«Le monde économique et le marché du travail sont en train d’évoluer en profondeur. L'accompagnement en transition de carrière (vers l’externe bien entendu, mais aussi en interne) tend à devenir évident. La prise de conscience généralisée de la responsabilité sociale des entreprises devrait renforcer la tendance. L’accompagnement vaut pour les peu qualifiés comme pour les cadres.

Pour ces derniers, je constate que ceux qui suivent notre programme – beaucoup de quadra et quinquagénaires – entrevoient souvent deux chemins pour leur carrière: continuer sur le sentier qui était le leur jusque-là ou en prendre un nouveau, dans un autre métier, un autre secteur… Ou vers un autre horizon, comme Singapour ou Dubaï, parmi les destinations qui les tentent. Auparavant, leur ancrage au Luxembourg allait de soi. Maintenant, il y a une conscience que de belles opportunités de carrière sont bien présentes à l’international, dans le domaine financier notamment.

Cherchez-vous des profils particuliers?

«Nous avons une équipe de quatre collaborateurs que nous renforçons ponctuellement de free-lances, ce qui répond également à une logique d’adaptation: nous devons concilier le profil des accompagnants et les spécificités des candidats.

La personne idéale doit cumuler des compéten-ces en coaching, des qualités d’empathie, d’écoute et de sagacité. Elle doit disposer d’un réseau professionnel étendu et d’une excellente connaissance du tissu économique luxembourgeois et de ses acteurs. Enfin, il est important qu’elle soit passionnée par ce métier. Actuellement, nous avons beaucoup de travail et il n’est pas exclu que nous recrutions dans un proche avenir.

Quels aspects améliorer encore?

«Dans certains pays, l’outplacement est obligatoire au moins pour certaines classes d’âge. Une loi allant dans ce sens pourrait s’avérer judicieuse ici. Certaines entreprises considèrent encore leur responsabilité sociale comme facultative.

Il ne faut pas mettre en balance indemnités, formation et outplacement lors de plans sociaux. Dans une situation souvent traumatisante, la personne remerciée n’est pas toujours apte à faire le meilleur choix. Il est bon de proposer l’outplacement le plus rapidement possible, de ne pas laisser la personne sans accompagnement pendant les premières semaines, difficiles à gérer psychologiquement. L’outplacement est valable pour tous les profils. Chacun y trouve son compte.»

Sonia Rucquoy

49 ans

Associée depuis septembre 2012 au sein du cabinet Taplow Group Luxembourg (anc. De Verchin & Partners)

Directrice HRS chez PwC de septembre 2011 à septembre 2012

Directrice de Galilei de janvier 2006 à août 2011