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La recherche au Luxembourg se cherche et se structure?

Luxembourg petit pays, Luxembourg pays riche? Luxembourg pays qui a basé sa croissance sur l'emploi massif de main d'oeuvre qualifiée travaillant dans des domaines à valeur ajoutée. Le fait est que la plupart du temps, cette main d'oeuvre se trouve être étrangère. Conscientes de l'importance de l'existence d'activités de recherche sur le territoire, les autorités ont mis en place des procédures soutenant la recherche et l'innovation au Luxembourg depuis la fin des années 80. paperJam a rencontré les 3 centres de recherche et Luxinnovation qui, tous, se trouvent au centre des activités. 

Première constatation, obligatoire: pendant long-temps, les moyens destinés à la recherche ont été limités? Depuis quelques mois, les choses bougent et évoluent.

Le FNR, ou le débarquement des gros budgets

Le Fonds National de la Recherche a été créé par la loi du 31 mai 1999. Sa mission est ?de recevoir, de gérer et d'employer des allocations et dons provenant de sources publiques ou privées en vue de la promotion sur le plan national de la recherche et du développement technologique dans le secteur public, appelés par la suite "R&D", ainsi que d'entretenir un processus de réflexion continu en vue de l'orientation de la politique nationale de R&D, en fonction des données économiques et de l'évolution scientifique et technologique ainsi que sur base d'études approfondies?.

Concrètement, il lui a fallu à peine quelques mois pour lancer 2 appels à propositions d'idées pour des programmes pluriannuels. Les budgets débloqués ? sur plusieurs années ? dépassent légèrement les 25 millions d'Euro (1 milliard de LUF). Autrement dit, les moyens disponibles se sont trouvés considérablement augmentés.

Trois CRP?

Il existe au Luxembourg 3 centres de recherche distincts dans leur statuts. Tous ont été créés par la loi de 1987 ayant pour objet, entre autres, la définition des rôles et le transfert du statut d'établissement public aux CRPs. ?

?Le plus important se trouve être le Centre de Recherche Public Henri Tudor (voir encadré). Il opère sur 2 sites: à Luxembourg-Kirchberg, où un nouveau bâtiment est en cours de construction, et au Technoport Schlassgoart à Esch-sur-Alzette. Au terme du déploiement des nouvelles installations, le CRP bénéficiera de plus de 4.000 mètres carrés de bureaux utilisables? C'est l'équivalent de 22 étages du bâtiment AEG au Kirchberg. Cela nous permettra de mieux travailler et de continuer notre développement dans une optique moyen-long terme qui se recoupe avec Esch-Belval (ndlr: voir l'article concernant ce sujet dans le dernier paperJam), précise M. Wehenkel, administrateur délégué du centre.

Vient ensuite le CRP Gabriel Lippmann. De l'aveu même de M. Reinig, l'administrateur-directeur de l'établissement, les 2 établissements ont des sujets d'intervention qui se recroisent plus qu'à leur tour. Dès le départ, il n'a pas été question de définir des domaines d'intervention séparés entre les 2 CRP. Nous avons donc continué un développement paral-lèle. Il est certain que sur certains domaines, nos compétences se recoupent. Il est regrettable que la puissance publique n'ait pas dès le début défini des axes de développement différenciés.

Le CRP-Santé, lui, se trouve dans une situation différente. De manière évidente, ses domaines d'intervention ne recoupent pas ceux des 2 autres centres. Cancérologie, immuno-allergologie, toxicologie, retro-virologie et encore de nombreux autres domaines rentrent dans ses compétences. Le Docteur Kantz, directeur du conseil d'administration, affirme ainsi que le but n'est pas de faire du Luxembourg un grand pays de recherche. Face à l'Allemagne, la France ou les États-Unis, le Luxembourg ne pourra jamais faire le poids. L'objectif est de définir des niches dans lesquelles nous pourrons concentrer nos efforts et créer des pôles de compétence importants. Dans cette optique, la plupart de nos laboratoires sont en fait des laboratoires internationaux, insérés dans des réseaux internationaux. De la même manière que tous ses ?collègues? des autres CRPs, le Dr Kantz regrette les manques en infrastructure de recherche. Les budgets nécessaires à la recherche dans le domaine de la santé sont sans commune mesure avec les coûts dans d'autres domaines. Pour le moment, nous sommes éclatés sur 4 sites différents à travers le territoire. D'ici quelques années, nous profiterons d'un nouveau bâtiment et les choses s'amélioreront.

? à l'ombre d'une université en gestation

La question qui secoue aujourd'hui le landernau de la recherche est celui de l'Université de Luxembourg, que le gouvernement semble vouloir créer? Sur quoi s'interroge-t-on' L'un ou l'autre établissement devrait-il disparaître au gré de la création de cette université, pour servir de base à ses activités de  ?

?recherche? Où devrait-elle être située? Devrait-on opter pour  une Université ?haut de gamme?, ne proposant que des 3ième cycles de haut niveau, ou alors opter pour la mise en place de cycles complets? Quels domaines d'enseignement et de recherche doivent être choisis?

Le CRP Henri Tudor, pour sa part, entend garder son indépendance. Dans la définition de son rôle, il  ?

?se voit comme servant à l'innovation et au transfert technologique. Pour Claude Wehenkel, le CRP doit continuer à jouer son rôle d'innovation et de transfert technologique. Hors de question de se retrouver dilué dans une Université ? sans pour autant refuser d'être associé à la démarche de création, dans un rôle de support. Pour le CRP Gabriel Lippmann, par contre, l'optique est beaucoup plus ouverte. À l'évocation de la dissolution de l'établissement dans l'Université, pas de réaction de rejet caractérisé. L'idée semble même ne pas créer de problème. Le CRP-Santé, de son côté, reconnaît l'impératif de permettre aux chercheurs d'éventuelles entreprises du secteur biotechnologie de continuer à avoir un rôle académique parallèlement à celui joué en entreprise. Ceci passe nécessairement par la création d'un pôle universitaire de haut niveau.

Et Luxinnovation dans tout cela?

Luxinnovation, de son côté, s'occupe également d'innovation, comme son nom l'indique d'ailleurs. Son statut est cependant très différent. Il s'agit d'un GIE ayant pour mission de favoriser le développement de l'innovation dans les entreprises du Grand-Duché. À travers de nombreuses opérations de sensibilisation, le GIE tente d'enclencher un ?réflexe innovation'. Trop souvent, des entreprises de type PME ou Artisan ne pensent pas être en situation d'innover, de sortir de leurs procédures traditionnelles. Il y a ici un double phénomène: à la fois le ?poids de la tradition' et la méconnaissance des aides et soutiens que l'Etat, l'Europe, peuvent apporter aux initiatives de ce type. Luxinnovation se positionne ainsi comme un interlocuteur privilégié qui, grâce à des consultants, se trouve capable d'accompagner l'entreprise non seulement dans ses démarches, mais également au cours de sa réflexion.

L'établissement profite également d'une augmentation de ses moyens. De fait, les démarches effectuées pourront devenir ?proactives?, permettre à l'organisme de prévoir les demandes des entreprises, venir encore plus à leur rencontre pour les soutenir. De fait, son rôle est fort différencié de celui des CRPs, mais demeure essentiel. Luxinnovation se positionne comme un ?one stop information center? pour les entreprises à la recherche de soutien. Un rôle aussi important que la recherche en elle-même.

CRP Henri Tudor

Créé par règlement grand-ducal du 31 juillet 1987 dans le cadre de la loi du 9 mars 1987, le Centre de Recherche Public Henri Tudor constitue en soi un modèle innovant. Depuis sa création, le CRP Henri Tudor a joué un rôle de précurseur pour définir un cadre de référence

conceptuel et opérationnel dans l'esprit de la loi-cadre de 1987.

L'originalité du modèle " Henri Tudor " s'étend de la notion d'établissement de droit public géré selon le droit privé et de la structuration ciblée du partenariat dans le cadre des centres de

ressources, au concept de centre intégré pour l'innovation, concept repris sous le terme de " Campus de Technologie ". Ayant pour finalité de contribuer au renforcement du tissu économique et social, le CRP Henri Tudor se considère comme centre de production du savoir de type partenarial et multidisciplinaire.

The name of the centre was chosen in order to honour the memory of Henri Tudor, one of the greatest in the Luxembourgish engineer family. He died of a lead contamination, from having developed what was to become the Tudor Accumulator, one the first correctly functioning lead storage battery in the world.

CRP Gabriel Lippmann

Le Centre de Recherche Public - Gabriel Lippmann est un établissement public ayant pour missions la recherche scientifique appliquée et le développement technologique, le transfert de technologie et la formation permanente de haut niveau. Ses activités visent à renforcer le tissu économique du pays par la création de nouvelles compétences technologiques au sein du CRP - Gabriel Lippmann et par le transfert de ce savoir-faire vers les entreprises.

Le nom choisi pour la nouvelle dénomination est celui d'un scientifique de renom international, né à Luxembourg en 1845 et ayant passé les premières années de sa vie à Luxembourg, professeur de "Calcul des probabilités et de Physique mathématique" à la Sorbonne. Gabriel Lippmann obtint le prix Nobel de physique en 1908. Cette dénomination permet ainsi d'honorer la mémoire de ce scientifique européen, seul prix Nobel né à Luxembourg.

Luxinnovation

Set up in 1984, Luxinnovation promotes research and development (R&D) and assists innovators in Luxembourg. It is managed by the following partners: Ministry of Economy, Ministry of Culture, Higher Education and Research, Chamber of Commerce of the Grand Duchy of Luxembourg, Chamber of Crafts of the Grand Duchy of Luxembourg, Federation of Luxembourg Industrialists (FEDIL)

In 1998, Luxinnovation was changed in an economic interest grouping (Groupement d'intérêt économique, GIE) and was entrusted with a wide spectrum of tasks requiring it to:

- take all measures in terms of information, assistance and co-operation, both on a national and on an international level, aimed at promoting research and development, innovation and transfer of technology in the Grand Duchy of Luxembourg;

- inform and ensure the awareness of companies, as a "first stop shop", in respect of all aspects, developments and tools relating to research and development, technological innovation and transfer of technologies, including the environmental technology field, both in Luxembourg and abroad;

- assist companies and establishments in identifying their technological requirements as well as in defining, organising, undertaking and managing their innovation projects;

promote and facilitate the transfer of technologies, setting up of companies, with special reference to those making use of new technologies, and technological co-operation between companies, public and private research establishments and inventors, and encourage communication and collaboration between all those involved in the innovation process

CRP Santé

Le Centre de Recherche Public de la Santé (CRP-Santé) a été créé par le Règlement Grand-Ducal du 18 avril 1988, faisant suite à la loi du 9 mars 1987. Il est rattaché au Laboratoire National de Santé (LNS).

Le CRP-Santé est chargé d'entreprendre et de coordonner des activités de recherche, de développement et de transfert technologique visant à promouvoir sur le plan national et international le progrès scientifique et l'innovation technologique dans les domaines concernant les différentes divisions du Laboratoire National de Santé et du Centre Hospitalier de Luxembourg. De plus, il est chargé du développement de la recherche et du transfert technologique dans tous les domaines concernant les sciences médicales, dont la promotion de la santé humaine, les traitements et la prévention des maladies humaines.

Il a également pour mission de tenir à jour toute la documentation utile sur les programmes de coopération internationale en matière de recherche et de développement (R & D).

L'un des premiers objectifs du CRP-Santé a été de favoriser la création de compétences dans différents domaines, qui incluent notamment la virologie, l'immunologie et la cancérologie. Ceci a permis de promouvoir des collaborations effectives et indispensables avec des organismes de recherche du secteur privé et public aussi bien au niveau national qu'international.