Cette affaire, dite Livange-Wickrange, n’en finit plus de faire parler. Et l’opposition a décidé de frapper un grand coup. (Visuel: P.ARC Luxembourg s.à.r.l.)

Cette affaire, dite Livange-Wickrange, n’en finit plus de faire parler. Et l’opposition a décidé de frapper un grand coup. (Visuel: P.ARC Luxembourg s.à.r.l.)

Les groupes parlementaires des deux partis d’opposition ont organisé une conférence de presse ce jeudi matin pour apporter des « éléments nouveaux » sur le projet controversé de stade national à Livange. Ils pointent « dysfonctionnement, chantage et corruption » au sein même du gouvernement. Sont directement visés : Jeannot Krecké et Jean-Marie Halsdorf.

Cette affaire, dite Livange-Wickrange, n’en finit plus de faire parler d’elle. Et l’opposition a décidé de frapper un nouveau grand coup. « Dysfonctionnement, chantage, corruption ». Voilà les trois mots accusateurs que Déi Gréng et le DP ont laché lors de la conférence de presse organisée ce jeudi matin dans l’urgence. Retransmise en direct sur les sites des deux partis, elle n’avait été annoncée aux journalistes que mercredi soir à 18 heures 30.

Selon Claude Meisch (DP) et François Bausch (Déi Gréng), présidents des deux groupes parlementaires, l’abandon du projet de shopping center à Wickrange du groupe Guy Rollinger et la préférence donnée par le gouvernement au projet Becca pour la construction d’un complexe immobilier et du stade national à Livange n’ont pas été faits en vertu des principes élémentaires de transparence, loin s’en faut.

Les deux partis demandent donc l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire, à quelques jours de l’intervention de Jean-Claude Juncker prévue à la Chambre des députés le 13 juin.

On se souvient que par un « courrier confidentiel » adressé en avril 2009 et révélé l’an dernier par le Mouvement écologique de Blanche Weber, le gouvernement avait demandé à Guy Rollinger de renoncer à son projet de centre commercial et de « s’arranger » avec son concurrent Flavio Becca pour construire le même centre commercial à Livange sur le site du futur stade national de football.

Ce sont les conditions de cet arrangement qui sont aujourd’hui en question. Un avis juridique demandé par le DP, rendu public le mois dernier, avait déjà contesté l’attitude du gouvernement, jugée douteuse.

Krecké et Halsdorf

Déi Gréng et le DP accusent les deux ministres Jeannot Krecké et Jean-Marie Halsdorf, l'ancien ministre LSAP de l’Économie et l'actuel ministre CSV de l’Intérieur, d’avoir fait pression, avec le soutien présumé du Premier ministre Jean-Claude Juncker, auprès de Guy Rollinger pour qu’il renonce à son projet de construction. En le menaçant de ne plus lui fournir d’autorisations administratives pour ses futurs projets, de ne plus lui octroyer de marchés publics, et en faisant planer la menace du non-renouvellement de ses lignes de crédit auprès de certains établissements bancaires dans lesquels l'État détient des participations. Meisch et Bausch affirment même être en mesure de produire des témoignages en temps utiles.

Selon les deux partis, le gouvernement aurait usé de ces pratiques, faute d’avoir pu faire valider l’annulation du projet Wickrange par les juridictions administratives compétentes et parce que le projet Livange aurait été condamné si le shopping center de Wickrange avait été mis sur les rails. La législation luxembourgeoise limite en effet l'étendue des surfaces commerciales dans le pays.

Claude Meisch et François Bausch relèvent enfin des propos prétendument contradictoires de Jean-Claude Juncker. Alors que le Premier ministre a affirmé qu’il ne connaissait pas Flavio Becca avant qu’il ne s’implique dans l’équipe cycliste des frères Schleck, les deux hommes font état de plusieurs rencontres entre les deux hommes que Jean-Claude Juncker auraient lui-même évoquées.