Marios Paras (Photo: Julien Becker)

Marios Paras (Photo: Julien Becker)

Fini le travail temporaire synonyme de besoins en main-d’œuvre peu qualifiée, taillable et corvéable à merci. Cette image d’Epinal est définitivement surannée. «Nous aurons toujours des missions pour du personnel non qualifié, mais la tendance progresse vers des demandes de postes intérimaires de plus en plus qualifiés», résume Marios Paras, administrateur délégué de Tempo Team. Aujourd’hui, les entreprises recherchent des experts, des personnes hautement qualifiées… qu’il n’est pas toujours aisé de dénicher dans la Grande Région. «Dernièrement, nous devions rechercher pour un client un technical communication satellite engineer pour une mission de trois mois… Eh bien, nous sommes allés chercher ce spécialiste au Japon!», raconte celui qui est aussi président de la LPRA (Luxembourg Professional Recruiters Association).

Anticiper les besoins

Dans un marché stable, mais qui reste fragile, la demande s’oriente donc toujours davantage vers des profils précis et pointus. La crise a également changé les habitudes des entreprises, celles-ci recrutant avec plus de circonspection. «Elles cherchent de ce fait avant tout des solutions en interne avant de recruter», constate Marios Paras. En outre, lorsqu’elles se décident à recruter, elles n’ont pas forcément de vision à moyen terme de leurs besoins et embauchent donc au coup par coup, sans forcément juger de la pérennité du poste. «Mais l’emploi intérimaire reste toujours un bon moyen pour les employeurs de mettre le candidat à l’essai pour ensuite lui proposer un contrat fixe. Chez nous par exemple, 33 à 37% des intérimaires se voient embauchés au terme de leur mission», explique-t-il.Au sein de ce marché tendu, les sociétés de travail temporaire doivent pouvoir prévoir les besoins des entreprises. Ainsi, une communication continue doit s’établir avec les clients afin qu’elles deviennent de véritables partenaires stratégiques. «Et quand il n’est pas possible de trouver les experts tant recherchés, il faut les inventer», lance Marios Paras.

Dans le cas présent, l’intérim est donc amené à former de plus en plus les candidats qu’il met à la disposition des sociétés. «Nous formons un certain nombre de nos intérimaires sélectionnés au préalable afin d’augmenter certaines compétences précises ou d’en apporter de nouvelles», indique M. Paras. En outre, Tempo Team a, par exemple, développé un département Professionals qui met en place une stratégie proactive et anticipative qui suit les marchés local, régional, national et européen en proposant aux sociétés des profils experts qui répondent à leurs besoins. «Le travail temporaire a passé un nouveau cap en termes de professionnalisation avec une approche métier intellectualisée.»

Reste maintenant au gouvernement à assouplir encore les règlements souvent trop restrictifs (comme il a pu le faire récemment avec l’ouverture des jobs d’étudiant au monde de l’intérim) pour apporter plus de latitude et de champ d’action au secteur qui a fortement souffert de la dernière récession.

 

Express - Marios Paras

  • 53 ans

  • Administrateur délégué de Tempo Team depuis 1989
  • Administrateur délégué de Tempo Team HR Services depuis 2000
  • Chairman of the supervisory board de The Taplow Group depuis 2003
  • Président de la Luxembourg Professional Recruiters Association (LPRA) depuis 2010