«Il existe de nombreux business conservateurs, qui connaissent encore un vrai succès, mais la question est de savoir combien de temps ils résisteront sans innovation», estime Richard Russell. (Photo: Richard Russell)

«Il existe de nombreux business conservateurs, qui connaissent encore un vrai succès, mais la question est de savoir combien de temps ils résisteront sans innovation», estime Richard Russell. (Photo: Richard Russell)

M. Russell, on dit souvent que l’esprit d’entreprendre n’est pas suffisamment partagé au Luxembourg. De plus en plus d’initiatives apparaissent toutefois ces dernières années. Comment décririez-vous l’écosystème entrepreneurial luxembourgeois?

«En maturation rapide, qui dispose d’un fort potentiel et qui enregistre des progrès constants. Je découvre tous les jours de nouvelles entreprises passionnantes et celles des nominés du Cyel 2017 en font partie. Il existe un dynamisme étonnant au Luxembourg, non seulement dans les fintech, mais aussi dans les secteurs de l’informatique, de l’industrie, de la logistique ou de la ‘consumer tech’.

Il y a par ailleurs un vrai soutien des autorités et beaucoup d’acteurs prêts à investir. Si les efforts pour faciliter la création de start-up et attirer des talents issus des domaines de la technologie et du marketing sont maintenus, et qu’on encourage les jeunes pousses locales à regarder vers l’international, nous sommes susceptibles de voir des start-up en plein essor d’ici quelques années.

La créativité et l’innovation sont-elles des conditions pour réussir son business aujourd’hui?

«Peut-être pas aujourd’hui, mais certainement demain. Il existe de nombreux business conservateurs, qui connaissent encore un vrai succès. La question est de savoir combien de temps ils résisteront sans innovation et quelles sont les entreprises créatives et innovantes qui viendront les concurrencer demain.

Les clients sont de moins en moins loyaux et leurs goûts sont de plus en plus sophistiqués. S’ils trouvent mieux ailleurs, ils changeront rapidement de fournisseurs. Nous avons déjà pu observer ce phénomène avec l’augmentation du e-commerce. Et cette tendance commence à être observée dans l’industrie.

Les entreprises doivent travailler plus dur pour être toujours plus près des besoins du consommateur, tout en faisant mieux que leurs concurrents. Or, cela demande de l’innovation et de la créativité. Il faut pouvoir penser ‘out of the box’ pour savoir ce dont les consommateurs ont réellement besoin plutôt que produire ce qu’ils achètent déjà.

Qu’est-ce que l’innovation dans les affaires, selon vous?

«L’innovation prend de nombreuses formes: il existe une innovation progressive dans laquelle les entreprises améliorent l’efficacité d’un produit ou d’un service existant, une innovation durable qui se traduit par le remplacement des produits ou services existants par des versions améliorées, et une innovation disruptive où les entreprises créent un nouveau produit, un service ou un business model qui attire les clients vers des alternatives qui n’existent pas encore.

Ce dernier type de processus est ce qu’on associe généralement à l’innovation. Les start-up se situent généralement dans cette approche, car elles n’ont pas de produits ou de services existants à améliorer.

Le véritable test pour savoir si son innovation est disruptive ou non est le comportement des consommateurs. S’ils changent leurs habitudes d’achat, alors il s’agit d’une innovation disruptive. Or, pour atteindre ce but, la créativité doit être associée à une démarche de découverte du client.

Plus précisément, comment aidez-vous les entreprises à innover?

«De nombreuses entreprises, nouvelles ou plus anciennes, possèdent une technologie performante ou des solutions créatives, mais ne savent pas comment les transformer dans un produit ou un service adapté au marché.

Souvent, c’est parce que la créativité s’est produite loin du client réel et de ses besoins, ou en raison de l’accent mis sur le produit au détriment du business model. J’aide les entreprises à résoudre ce problème en proposant une approche structurée pour comprendre les besoins des clients, créer et tester un business model adapté et transformer leur innovation en revenus.»

La soirée de gala Cyel 2017 durant laquelle seront remis les prix est ouverte à tous sur inscription.