Guy Ertz, chief investment advisor au sein de BGL BNP Paribas. (Photo: Julien Becker / Archives)

Guy Ertz, chief investment advisor au sein de BGL BNP Paribas. (Photo: Julien Becker / Archives)

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi 22 janvier qu’elle achètera, avec l’aide des banques centrales nationales, 60 milliards d’euros d’obligations par mois jusqu’en septembre 2016, pour un montant total d’environ 1.100 milliards d’euros. La distribution par pays se fera suivant la clé de répartition de capital de la BCE. Le programme pourrait être prolongé si l’inflation ne montre pas le signe de hausse attendu. Ceci représente un engagement fort.

La Banque centrale procédera à l’achat à la fois de titres adossés à des actifs et d’obligations gouvernementales de la zone euro de qualité «investment grade». 80% des achats se feront via les banques centrales nationales, et les 20% restants seront réalisés par la BCE.

L’objectif principal de l’annonce a été d’inciter les agents économiques à réviser leurs anticipations d’inflation à la hausse. L’effet sur la croissance économique sera probablement limité dans un premier temps vu que les taux d’intérêt sont déjà très faibles. L’impact positif devrait provenir de la réduction du risque de déflation qui pèse encore lourdement sur l’appétit pour le risque de la part des entreprises européennes et sur l’investissement de manière générale.

Une hausse graduelle des taux de rendement obligataires devrait s’observer dans la deuxième moitié d’année, intégrant progressivement des attentes d’inflation plus élevées. Les rendements attendus au cours de l’année à venir pour les obligations gouvernementales devraient être proches de zéro, voire négatifs. Le potentiel de réduction d’écart des taux de rendement entre les pays périphériques européens et l’Allemagne semble limité. Ceux-ci ont déjà fortement baissé et le fait que la grande majorité des achats se fera par les banques centrales locales suggère un retour d’une prime de risque liée au pays émetteur. Une diversification incluant des obligations d’entreprises et obligations convertibles sera donc importante en 2015. 

La décision de la BCE offre aux marchés financiers une visibilité accrue. Les marchés actions de la zone euro devraient donc performer plus en ligne avec les autres marchés des pays développés. Les États-Unis, l’Europe et le Japon (avec couverture de la devise) offrent le meilleur potentiel cette année. En Europe, nous avons une préférence pour l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. La volatilité sur les marchés boursiers devrait rester élevée dans les mois à venir et il sera préférable d’acheter sur faiblesse. Sur le plan sectoriel, nous continuons à favoriser les secteurs cycliques. Les marchés émergents suivent des trajectoires divergentes et cette tendance s’est accentuée depuis la forte baisse du pétrole. La sélectivité est donc de mise et l’Asie offre globalement les meilleures perspectives. L’euro s’est encore affaibli contre le dollar américain depuis le début de l’année. Toutes choses égales par ailleurs, plus d’achats d’actifs de la BCE impliquent une expansion du bilan plus rapide et suggèrent un euro plus faible. La monnaie unique a encore un potentiel de baisse à ce stade et ce vis-à-vis de la plupart des devises.