La vaste escroquerie suivie de blanchiment Liberty Reserve connaît un rebondissement au Luxembourg, selon divers médias relayant des informations d'agence américaines. Une société d'informatique semble avoir été la cible d'une perquisition, diligentée dans le cadre d'une assistance judiciaire, demandée par les États-Unis.
Dans cette affaire, on parle de quelque 6 milliards de dollars, expédiés à travers le monde pour être blanchis. La justice new yorkaise a annoncé, mardi 28 mai, la mise en accusation de l'émetteur de monnaie numérique Liberty Reserve et de sept de ses responsables, selon l'AFP.
Créée en 2006, basée au Costa Rica, Liberty Reserve était une plate-forme de paiement électronique utilisant la monnaie numérique éponyme (LR), permettant à tout internaute d'envoyer de l'argent ou d'en recevoir, n'importe où dans le monde, en dehors de toute réglementation. La plateforme aurait beaucoup servi à des associations criminelles, pour remettre dans le circuit de l'argent issu de la pornographie juvénile, de trafics divers, d'escroqueries aux cartes de crédit...
Cinq personnes ont été arrêtées vendredi en Espagne, au Costa Rica et à Brooklyn, et sept sont mises en accusation à New York, dont le fondateur de la plateforme, Arthur Budovsky. Selon l'accusation, Liberty Reserve aurait mené pas moins de 55 millions de transactions illégales, pour plus d'un million d'usagers à travers le monde.
45 comptes en banque, liés aux trafiquants, ont été gelés dans 17 pays. Selon RTL, cela n'a pas été le cas au Luxembourg, où une seule perquisition serait rattachée à ce scandale.
Soucis pour les traders et les utilisateurs honnêtes
En parallèle à l'affaire, l'industrie du trading peut, dans certains cas, se retrouver entre deux feux. Selon le site français Forexagone, «le portefeuille électronique est l'un des modes de paiement les plus utilisés au monde par les traders afin d'approvisionner leurs comptes de trading ou de retirer leurs gains».
Les sites spécialisés observent que Liberty Reserve n'est évidemment pas le seul portefeuille de ce type sur le marché, mais que la plupart des solutions de paiement sont réglementées et imposent des conditions strictes. Moneybooker/Skrill est par exemple régulé au Royaume-Uni et exige la vérification de documents d'identité de ses utilisateurs, à l'instar de ce que pratiquent Neteller ou encore Paypal. De quoi repérer et, le cas échéant, dénoncer des activités illégales. Ce n'était pas le cas de Liberty Reserve qui semblait fermer les yeux sur les pratiques de ses utilisateurs.
«Les traders et tous les autres utilisateurs détenant un compte chez Liberty Reserve ne sont pas tenus pour responsable et ne sont en rien considérés comme étant des fraudeurs, souligne Forexagone, seulement la plateforme tient désormais compte des activités frauduleuses dont quelques-uns de ses représentants auraient pu tirer profit. Malheureusement les mesures qui ont été prises par les autorités ne garantissent en rien la protection des fonds des utilisateurs honnêtes qui ne savent pas actuellement s'il retrouveront leur argent qui est bloqué le temps de l'enquête en l'attente d'une décision de justice.»