Peinture, sculpture, musique, cinéma, littérature... plus aucun domaine n’échappe aux incursions de l’IA. (Photo: Emiel de Lange)

Peinture, sculpture, musique, cinéma, littérature... plus aucun domaine n’échappe aux incursions de l’IA. (Photo: Emiel de Lange)

The Next Rembrandt, vous vous souvenez? En 2016, le monde découvrait un nouveau tableau de Rembrandt… réalisé plus de 300 ans après sa mort par des algorithmes et une impression 3D. À l’origine, le défi consistait à créer une œuvre à la manière de Rembrandt – un tableau que l’artiste aurait pu signer s’il était encore vivant. Le tout sans pinceau, ni peinture, ni toile, ni faussaires: uniquement à l’aide de données informatiques.

Pour mener à bien le projet, il a fallu concevoir un logiciel capable de comprendre le travail de Rembrandt, d’analyser son art de la composition, ses matériaux de prédilection, mais aussi un algorithme de reconnaissance des visages afin de repérer les formes les plus couramment utilisées par le peintre flamand. Pour se former, cette intelligence artificielle a analysé 168.000 fragments de peinture, issus de 346 tableaux du maître. C’est ainsi qu’elle a pu, après des centaines d’heures de calculs complexes, donner naissance à une œuvre riche de 148 millions de pixels et incroyablement fidèle au peintre néerlandais. 

Personne ne dira pour autant que l’IA a remplacé le génie. Elle a surtout permis d’appréhender concrètement la manière de peindre d’un grand maître. Sans Rembrandt, pas de Next Rembrandt!

Les IA en passe de toucher des droits d’auteur?   

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. La même année, Google a mis en vente une trentaine de toiles réalisées par Deepdream, une intelligence artificielle développée par l’artiste numérique Mario Klingemann. Dès lors s’est posée la question: qui est l’artiste? Le programme informatique qui a créé l’œuvre ou l’homme qui a codé le logiciel créatif? Faut-il prévoir des droits d’auteur pour les IA? Certains spécialistes y pensent sérieusement.

Au Luxembourg aussi, les intelligences créatives avancent à grands pas. Aiva ambitionne ainsi de devenir la plus grande compositrice au monde. Grande au sens de prolifique, puisque sa production créative n’aurait de limite que l’ensemble des harmonies possibles, audibles et acceptables à l’écoute. Mais cette créativité est-elle pour autant de l’art? Nous avons rencontré l’entreprise franco-espagnole Hexachords, qui propose aussi depuis quelques jours une IA compositrice, et qui est convaincue que le logiciel peut assister l’Homme dans son processus créatif, l’aider à trouver de nouvelles inspirations, sans pour autant le remplacer.

Le «machine learning» ne remplace pas le talent

Mais si l’IA sait déjà copier les artistes à la perfection et s’avère capable d’intervenir dans les processus de création, si elle devient un art qui s’expose, comment fera-t-on, demain, la différence entre elle et les artistes humains? La question dérange, intrigue les artistes eux-mêmes. On la retrouve notamment au cœur de l’exposition qui se tient au Grand Palais, à Paris, «Artistes & Robots».

Peinture, sculpture, musique, cinéma et même littérature, plus aucun domaine n’échappe aux incursions de l’IA. Vous avez peut-être entendu parler de Shelley, cette intelligence mise au point par le MIT, qui invente des contes terrifiants. Ce que l’on peut retenir en tous cas de notre enquête sur l’IA et la créativité, c’est que le logiciel part de la connaissance humaine, apprend de nous. Or, jusqu’ici, personne ne sait enseigner ce qu’on appelle la fibre ou le génie artistique. Et cela fait (encore) toute la différence!