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Le groupe Société Générale réfléchit depuis plusieurs années aux nombreuses possibilités qu’offre l’utilisation de l’IA et notamment au sein des salles des marchés. Les équipes de la salle de SGBT ont participé il y a quelques mois à un hackathon proposé par Sopra Steria. Cette expérience leur a permis de se rendre compte de la rapidité d’exécution des solutions imaginées et de l’accessibilité d’outils jusque-là utilisés principalement par les Gafa.

Les capacités de collecte et d’analyse de l’information de l’IA sont extraordinaires. Une intelligence artificielle est capable de détecter, lire, comprendre et analyser un nombre impressionnant de données. En combinant les attributs du big data, les données gagnent en fiabilité et en pertinence.

Bertrand Kauffmann, Directeur des solutions de marché (Société Générale Bank & Trust)

L’utilisation de l’IA permet d’améliorer leur connaissance du marché et des clients, et aide à la prise de décision. Elle apporte une meilleure évaluation des aspects émotionnels du marché, des évolutions et tendances des perceptions. Les émotions qu’il est possible de détecter sont par exemple la peur, le dégoût, la joie, la colère.

L’IA permet également d’établir des liens entre les tendances de marchés et d’éventuelles ruptures liées aux émotions. L’analyse de ces informations peut permettre aux opérateurs de la salle des marchés d’anticiper les mouvements du marché et de recevoir des alertes pour les transmettre ou non, après analyse, aux investisseurs concernés. Au final, ils renforcent leur relation avec leurs clients.

Les capacités de collecte et d’analyse de l’information de l’IA sont extraordinaires. Une intelligence artificielle est capable de détecter, lire, comprendre et analyser un nombre impressionnant de données. En combinant les attributs du big data – volumétrie, variété et vélocité – à ceux de l’IA – véracité et valeur –, les données gagnent en fiabilité et en pertinence.

Techniquement, un programme faisant appel à plusieurs technologies est utilisé pour chercher sur le web public, en fonction de mots clés, des données qui sont ensuite analysées pour en extraire des indices de sentiments. A contrario, les opérateurs de la salle des marchés, qui sont constamment à l’écoute des informations du marché, peuvent difficilement prévoir les raisons d’évolution du marché. L’intelligence artificielle pourrait révéler ainsi des ruptures de sentiments, comme une augmentation soudaine du dégoût sur une valeur et détecter les fausses informations ou rumeurs de marchés. À titre d’exemple, mardi 22 novembre 2016, le cours de Bourse d’un pilier du CAC 40 a dévissé en quelques minutes sur base d’un faux communiqué de presse non identifié comme tel. L’IA aurait sans doute détecté la fausse information en calculant une probabilité de son authenticité et apporté un nouvel éclairage sur le mouvement de marché constaté.

À l’avenir, elle pourrait également aider les opérateurs à dégager des tendances. Cela servirait la banque dans sa capacité à structurer les données et à en extraire l’information utile. La valeur ajoutée de l’IA réside dans la précision et l’enrichissement des processus.

Son utilisation permettrait également d’envisager un meilleur niveau d’automatisation des tâches à faible valeur ajoutée, de façon à décupler les capacités des opérateurs sur les tâches à forte valeur ajoutée, au bénéfice d’un meilleur service client. Cette nouvelle façon de travailler nécessitera pour les acteurs bancaires le développement de compétences inédites pour s’approprier, maîtriser et exploiter au mieux ce nouvel outil.

L’utilisation de l’intelligence artificielle en salle des marchés représente une réelle avancée en matière d’aide à la décision pour les acteurs de la salle, au bénéfice de leurs clients investisseurs.