Camille Gira avait partagé avec Paperjam sa vision pour la commune de Beckerich. C'était en septembre 2008. (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Camille Gira avait partagé avec Paperjam sa vision pour la commune de Beckerich. C'était en septembre 2008. (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Écologie, économie et social, tels étaient les trois piliers du développement durable pour Camille Gira, qui a appliqué à la lettre ces principes pour sa commune de Beckerich, dont il était le bourgmestre de 1990 à 2013, jusqu’à son arrivée au gouvernement DP-LSAP-Déi Gréng.

La petite commune du nord-ouest du pays est devenue en quelques années un véritable laboratoire grandeur nature de la politique de développement durable initiée par Camille Gira et son équipe. Il y a dix ans, le petit village était déjà célèbre pour ses avancées écologiques. Et attirait les journalistes curieux du phénomène, que ce soit du local Républicain Lorrain ou encore Le Monde, qui avait anglé sur l’objectif d’autarcie énergétique du village. 

Camille Gira visait d’ailleurs l’autonomie énergétique de Beckerich pour 2020. Dans une interview accordée à Paperjam en 2011, il expliquait: «L’an dernier, grâce à nos filières biogaz et bois, nous avons produit 90% de l’électricité basse tension et 25% de la chaleur consommées par les habitants. Nous serons autonomes en 2020».

Beckerich a même remporté en 2013 le prix European Energy Award Gold à Leipzig. Le premier plan communal pour l’énergie remontant à 1997, la commune a ainsi formé une coopérative pour l’installation d’un site de biométhanisation et d’un réseau de chaleur pour alimenter 200 foyers.

Du local au national

L’ancien bourgmestre avait œuvré dans de nombreux domaines, mais depuis son accession au gouvernement en tant que secrétaire d’État au Développement durable et aux Infrastructures, il souhaitait appliquer les recettes de Beckerich au niveau national et au delà. Il présentait notamment en janvier dernier un bilan jugé très positif de son deuxième plan climat.

Toute la classe politique a réagi dès l’annonce mercredi soir de son décès, et la société civile n’est pas en reste. Le Syndicat intercommunal de l’Ouest pour la conservation de la nature (Sicona) a publié un message de condoléances sur sa page Facebook en remerciant le politicien de son travail.

Blanche Weber, présidente du Mouvement écologique, lui a également rendu hommage dans un communiqué jeudi, rappelant que Camille Gira avait milité au sein de l’organisation dans les années 80: «Avec son enthousiasme, sa passion, son humour, il a eu une forte influence sur notre politique communautaire écologique, le développement régional et la protection de la nature et du climat», indique-t-elle.

Il avait une vision très claire, à la fois économique et écologique

Christiane Wickler, fondatrice et CEO du Pall Center

Son amie de 35 ans, Christiane Wickler, fondatrice et CEO du Pall Center, est très peinée: «J’ai perdu un de mes meilleurs amis. Il avait une vision très claire, à la fois économique et écologique, j’ai beaucoup appris de lui. Il avait un respect de la planète et de l’humain, il avançait pour la cause, jamais pour lui».

Le politicien a laissé selon elle une empreinte durable dans le paysage politique luxembourgeois: «C’était un avant-gardiste, un visionnaire. Il misait sur la qualité, mais pas le partage de la richesse éphémère. C’était un des meilleurs politiciens du pays, un vrai politicien dans le sens noble du terme, car il aimait les gens et détestait l’injustice. Il avait encore beaucoup de projets».