Mario Mantrisi, CEO de LuxFlag: «Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus de gestionnaires de fonds traditionnels s’engager dans la finance durable.» (Photo: Luxflag)

Mario Mantrisi, CEO de LuxFlag: «Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus de gestionnaires de fonds traditionnels s’engager dans la finance durable.» (Photo: Luxflag)

Monsieur Mantrisi, comment vous semble le plan d’action que Bruxelles vient de publier sur la finance durable?

«L’harmonisation européenne de la définition de la finance durable va dans le bon sens pour faciliter l’intégration des considérations durables dans la prise de décisions financières générales. Une certaine standardisation sera indispensable et les futurs changements réglementaires qui sont en discussion seront non négligeables pour tout acteur financier.

Les premières actions de la Commission comprennent entre autres la clarification des obligations fiduciaires des investisseurs institutionnels et gestionnaires d’actifs, l’amendement de Mifid II pour y intégrer l’aspect de finance durable en 2018 et la création d’un écolabel européen pour les produits financiers fin 2019.

Vous avez repris la direction de LuxFlag au 2 janvier. Quels sont vos objectifs?

«Je dois d’abord dire qu’un très beau travail a été fait avant moi, et ma stratégie se placera dans la continuité. Depuis notre création, il y a 10 ans, nous avons labellisé 80 produits d’investissement pour une valeur de plus de 31 milliards d’euros. Il y a plusieurs points sur lesquels je souhaite baser la stratégie future. Premièrement, il est essentiel que LuxFlag soit capable de s’adapter aux évolutions réglementaires à venir, mais aussi de saisir les opportunités qui s’annoncent dans le domaine de la finance durable.

Nous allons travailler sur notre visibilité.

Mario Mantrisi, CEO de LuxFlag

Il sera essentiel pour moi d’assurer tout d’abord à nos clients actuels que nos labels seront compatibles avec les écolabels européens. Nous travaillerons ensuite sur notre visibilité.

Comment comptez-vous développer l’aspect marketing de vos labels? Avez-vous une stratégie dans ce sens?

«Le marché de la finance durable va s’ouvrir de plus en plus à une clientèle classique. Il s’agit donc de s’adresser également à un autre type d’acteurs, beaucoup plus focalisés sur le marché de détail. Le label jouera donc un effet marketing non négligeable. Nous sommes en train d’étudier certaines solutions à ce propos.

Ce type de finance n’est donc plus réservé à un public d’élite, selon vous…

«La finance durable a été pendant longtemps une finance de niche, car elle était tenue par des acteurs de niche. Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus de gestionnaires de fonds traditionnels qui s’engagent dans cette direction. Avec l’arrivée de ces acteurs, la finance durable va certainement connaître un développement important.

De plus, il y a aussi le phénomène des générations. Les millennials sont aujourd’hui plus sensibles à ces thématiques que ne l’étaient les investisseurs plus âgés. Ces deux tendances montrent que la finance durable va connaître une progression importante dans les années à venir.

Les demandes pour l’obtention de label sont-elles en augmentation?

«Nous enregistrons un intérêt grandissant qui se traduit par une croissance de sollicitations. Le mouvement commence à se mettre en route et je pense qu’il s’accélèrera dans les mois et années à venir.

Le marché européen des fonds d’investissement durables a connu une croissance de 27% de 2014 à 2016.

Mario Mantrisi, CEO de LuxFlag

L’arrivée des nouvelles technologies simplifiant l’action d’investissement va également avoir un impact sur la démocratisation de ce type de finance. Si on parle de microfinance, il existe déjà des services spécifiques depuis plusieurs années.

Il faut rappeler que le marché européen des fonds d’investissement durables a connu une croissance de 27% de 2014 à 2016. Sur cette même période, le taux de croissance des actifs totaux dans les fonds durables domiciliés au Luxembourg s’élevait même à un taux de 42%.»