Frank Schneider, l'ex-espion, a encore des choses à dire... à la Justice. (Photo : chd)

Frank Schneider, l'ex-espion, a encore des choses à dire... à la Justice. (Photo : chd)

L’affaire du Service de renseignement luxembourgeois (Srel), après avoir fait vaciller la coalition gouvernementale, n’a probablement pas révélé tous ses secrets.

Voici que Frank Schneider, ancien chef des opérations du Srel, refait parler de lui. Mis en cause à plus d’une reprise dans le rapport de la commission d'enquête parlementaire (celui-là même qui engageait la responsabilité politique de Jean-Claude Juncker), il a accordé un entretien à… La Libre Belgique. Et à paperJam.lu dans la foulée.

Il y livre sa version des faits.

Tutelle bien informée

Pantouflage, utilisation d’informations classifiées à des fins privées et notamment dans le cadre de la création de sa propre société de renseignement économique, Sandstone, organisation d’écoutes illégales, destruction de documents…: il nie l’ensemble des faits qui lui sont reprochés.

Frank Schneider précise que tout a été mené en parfaite transparence, vis-à-vis du Premier ministre mais aussi de la commission parlementaire de contrôle du Srel. «Jean-Claude Juncker prenait le temps de recevoir Marco Mille (ancien chef du Srel, ndlr) très régulièrement. Mon opinion est que le Premier ministre était certainement bien renseigné par le Srel», explique-t-il.

Déresponsabilisation politique

L’ex-espion s’attaque également à la commission de contrôle du Srel. «Elle était aussi au courant de nos analyses. Elle a par exemple été mise très tôt au courant de l’affaire de l’enregistrement du Premier ministre. Mais ses membres ont choisi, pour des raisons d’élections, d’ignorer ce fait, de ne pas faire un transfert au Parquet. Cette commission a échoué. Maintenant, ils veulent se déresponsabiliser par rapport à cette situation», ajoute-t-il.

Dans une lettre qu’il a adressée au président de la Chambre des députés suite à l’approbation du rapport, Frank Schneider s’étonne en effet que quatre membres de la commission d’enquête soient «membres ou anciens membres de la commission de contrôle».

Peu de preuves

L’ancien chef des opérations du Srel qualifie le rapport de «faible», celui-ci appuyant essentiellement ses conclusions sur «une note très personnelle» écrite par Jean-Claude Knebeler, à l’époque attaché au ministère de l’Économie, et «très négative envers Sandstone».

Pour Frank Schneider, pas de doute: l’affaire est politique. Le Srel et lui-même auraient été instrumentalisés par les personnes qui ont conduit ce dossier en poursuivant des objectifs politiques. «On a certainement choisi ma personne parmi d’autres pour la mettre au centre de ce soi-disant scandale», explique-t-il. «Le rapport de la commission, à travers ses nombreuses pages, essaie de décrire ce scandale. Mais il s’appuie essentiellement sur des rumeurs et peu sur des preuves. On a présenté le Srel comme un service qui était à côté des rails, qui faisait ce qu’il voulait, etc. En dehors du cas de l’enregistrement par Marco Mille d’une conversation avec le Premier ministre à l’insu de celui-ci – un fait très, très grave – il y a peu d’éléments solides.»

Potentiels faits graves à suivre?

Frank Schneider, en outre, se dit prêt, dans le cadre d’une instruction, «à fournir des informations, qui doivent être confirmées, mais qui constituent des indications pouvant mener à de potentiels graves faits d’espionnage et de corruption».

Ces informations, qui concernent-elles? Les personnes visées dans la plainte pour diffamation et dénonciation calomnieuse que Schneider a déposée au Parquet après approbation du rapport de la commission. «Au moins une d’entre elles», précise-t-il. Par cette plainte, sont visés Jean-Claude Knebeler, Marc Colas, administrateur général au ministère d’État qui avait accusé l’ex-espion de tentatives de pression, mais aussi les députés François Bausch et Alex Bodry, en tant que co-auteurs du rapport.

Et à la question «certains auraient-ils encore des choses à cacher?», Frank Schneider glisse: «Face à un juge d’instruction qui me demande des informations, je peux répondre. Pas ici. Mais j’ai certainement encore des cartes à jouer pour ma défense.»