D’après le cabinet Euroconsult, 7.000 petits satellites seront en effet lancés entre 2018 et 2027, soit six fois plus qu’au cours de la décennie précédente.  (Photo: SpaceX / DR)

D’après le cabinet Euroconsult, 7.000 petits satellites seront en effet lancés entre 2018 et 2027, soit six fois plus qu’au cours de la décennie précédente.  (Photo: SpaceX / DR)

D’après le cabinet Euroconsult, 7.000 petits satellites seront en effet lancés entre 2018 et 2027, soit six fois plus qu’au cours de la décennie précédente. Des coûts et des tarifs deux fois moins chers dus à des innovations technologiques audacieuses, une efficacité technologique améliorée, des fusées réutilisables: la société SpaceX du milliardaire Elon Musk est en train de bouleverser l’économie des lanceurs spatiaux. Et de fragiliser Arianespace, le consortium européen habitué à régner sans partage.

En juin 2018, SpaceX a ainsi lancé pour la quatrième fois un satellite de l’opérateur luxembourgeois SES. D’autres acteurs «low-cost» se sont engouffrés dans la brèche, telle Blue Origin. Présentée comme le nouvel épouvantail du secteur, cette société américaine fondée par Jeff Bezos (l’emblématique patron d’Amazon) espère placer dès 2020 des charges lourdes en orbite grâce à son lanceur réutilisable New Glenn.

Blue Origin a déjà conclu un premier contrat avec l’opérateur européen Eutelsat. Et comme si cela ne suffisait pas, la concurrence russe repart de l’avant avec la nouvelle gamme de lanceurs Proton et Angara. 

Ariane 6 relève le gant

Pour contrer la menace de ces challengers, Arianespace développe Ariane 6, un lanceur plus adapté aux évolutions du marché et aux coûts d’exploitation 40% moins élevés que la fusée Ariane 5. Cette riposte, dont la première mission devrait intervenir en juillet 2020, sera-t-elle suffisante? La question fait débat. Ariane 6 devrait rester plus chère que ses rivales (contrairement à certains lanceurs de nouvelle génération, elle ne sera pas réutilisable).


Ariane 6 (Photo: D. Ducros)

Autre écueil et non des moindres: il n’existe pas de préférence européenne en matière de lancement de satellites institutionnels. À plusieurs reprises, l’Agence spatiale européenne (ESA) a ainsi fait appel au lanceur russe Rockot. À l’inverse, le Buy American Act prévoit que tout satellite payé par le contribuable américain doit être lancé par une fusée fabriquée à plus de 51% aux États-Unis.

SpaceX a d’ailleurs largement profité de contrats passés avec la Nasa et l’US Air Force pour se constituer une puissance de frappe économique qui lui permet de casser les prix sur le marché international. Il en est de même en Chine ou en Russie où 100% des satellites institutionnels sont mis sur orbite par des fusées nationales (Soyouz, Proton et Rockot en Russie, Long March en Chine). Une union sacrée européenne autour de son industrie spatiale apparaît nécessaire alors que la concurrence se renforce.