Xavier Bettel à la rencontre des lycéens. (Photo: DR)

Xavier Bettel à la rencontre des lycéens. (Photo: DR)

Jean-Jacques Rommes, CEO de l’Union des entreprises luxembourgeoises, a eu la lourde tâche d’ouvrir la rencontre organisée avec 540 lycéens lundi dans le cadre du projet InterLycées courant en Belgique, en France et au Grand-Duché. Il a axé son discours autour des spécificités du marché luxembourgeois, avec un détour par la productivité et la compétitivité, Graals de la croissance. «Il faut des entreprises compétitives pour garder un pays où il fait bon vivre. Il est important de garder en tête que la compétitivité n’est pas une fin en soi, mais bien un outil au service du bien-être social. Elle va de pair avec la croissance et l’emploi. Si notre économie est la plus compétitive de l’UE, elle fait néanmoins face à des challenges importants comme l’augmentation du coût du travail, son inflation plus marquée que dans les pays voisins, mais aussi la charge de ses pensions», a-t-il expliqué pour planter le décor.

Ouverture à l’autre

Didactique et pédagogique, son exposé a permis de rappeler certains grands fondamentaux de l’économie grand-ducale, comme la place de la finance dans l’économie ou sa dépendance vis-à-vis de l’étranger. «80% de la production nationale est exportée, ce qui fait du Luxembourg l’économie européenne la plus ouverte», a poursuivi Jean-Jacques Rommes. «À l’inverse, à peu près tout ce qu’on consomme est importé, ce qui veut dire que le pays ne peut pas vivre en autarcie. Il a besoin de ses voisins. Ce constat est aussi vrai au niveau du marché du travail. 71% de notre main-d’œuvre n’a pas la nationalité luxembourgeoise et 44% des travailleurs sont des frontaliers. Ce pays est international par essence. Un Luxembourgeois nationaliste est un idiot qui n’a rien compris.»

Il a aussi profité d’être devant une audience mixte pour démonter certains clichés. «Il est faux de croire que les Luxembourgeois nagent dans l’argent, il suffit d’examiner les prix moyens de l’immobilier pour s’en rendre compte. Habiter à Luxembourg coûte deux fois plus cher que de l’autre côté de la frontière.» Le point commun des deux interventions du jour: la conviction que l’Europe se fera par et pour la jeunesse.

Dépasser les frontières

Le Premier ministre, Xavier Bettel, a quant à lui démarré son intervention en rappelant l’importance de se rencontrer et de se mélanger. «Il est essentiel de dépasser les frontières, qu’il s’agisse de lycées, de villes ou de régions. Se connaître et s’intéresser à l’actualité permettent de mieux vivre ensemble. Faire l’autruche et se cacher de ses voisins n’est pas une option politique que ce gouvernement a choisie.»

«Pour savoir où on va, il faut connaître son passé», a-t-il embrayé. «L’Europe est dans nos gènes. Elle nous permet de vivre en paix depuis la signature du Traité de Rome en 1952, il ne faut pas l’oublier. En tant que politicien, il faut arrêter de blâmer Bruxelles quand les décisions sont impopulaires. L’Europe, c’est aussi la possibilité d’étudier à l’étranger, de se soigner, d’avoir un avocat, de tomber amoureux de quelqu’un d’une autre nationalité, de voter… Aux portes du continent, il suffit de regarder l’Ukraine, la situation est tout autre. Ce qui semble être normal et acquis ne s’est construit qu’avec les années et les compromis. L’Europe, c’est nous tous.» 

Proche des étudiants et très accessible, Xavier Bettel a ensuite consacré du temps pour répondre à une dizaine de questions émanant du public. Plusieurs sources d’inquiétude ont pu être passées en revue: immigration en Europe, chômage ou encore l’impact de la fin du secret bancaire sur le pays. «Tout est politique, c’est pour cela qu’il faut s’impliquer, aller voter et faire valoir son opinion», achevait le Premier ministre. «Le Luxembourg d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier, ni celui de demain. Il faut avancer, continuer à intégrer, arrêter de se lamenter et penser au futur.»