À l’heure actuelle, la législation luxembourgeoise prévoit la responsabilité des conducteurs en cas d’accident. Des adaptations en vue de l’arrivée de la mobilité intelligente sont à l’étude. (Photo: Tesla)

À l’heure actuelle, la législation luxembourgeoise prévoit la responsabilité des conducteurs en cas d’accident. Des adaptations en vue de l’arrivée de la mobilité intelligente sont à l’étude. (Photo: Tesla)

«Le Luxembourg possède une Place mondialement connue pour ses banques, mais aussi pour ses assurances internationales.» La petite phrase, prononcée par Étienne Schneider (LSAP), ministre de l’Économie, pourrait passer pour un rappel anodin du tissu économique du Grand-Duché. Sauf que dite à la suite d’une présentation sur les perspectives que pourrait apporter la «mobilité intelligente», la précision prend un tout autre sens.

Présentée officiellement comme un secteur pouvant permettre «une amélioration de l’utilisation des véhicules» via le développement des véhicules autonomes, la mise en place de «services de véhicules à la demande» ou «un flux optimisé du trafic sur le réseau routier», la mobilité intelligente vise aussi à améliorer la sécurité routière. «Le comportement de l’être humain est aujourd’hui le facteur le plus critique en termes d’accidents sur le réseau routier», indiquait François Bausch dans le communiqué relatant son récent voyage en Californie.

La mobilité intelligente, une évolution qui aura une grande influence sur le business.

Marc Hengen, administrateur délégué de l’Aca

Or, c’est justement sur la gestion du risque et de la notion de responsabilité que repose le cœur de métier des compagnies d’assurances. Pour anticiper une éventuelle baisse d’accidents liés à la généralisation des systèmes de pilotes automatiques ou autre gestion assistée à la conduite – et donc au chiffre d’affaires -, les assureurs de la Place avouent du bout des lèvres être en alerte quant à une possible évolution du modèle existant.

«Malgré les nombreuses questions que posent encore les véhicules autonomes, cela représente une évolution qui aura une grande influence sur le business», estime Marc Hengen, administrateur délégué de l’Association des compagnies d’assurances et de réassurances, qui juge que «toute transformation du modèle existant devra se faire de manière concordante avec la modification du cadre légal».

Autrement dit, les réflexions en cours qui pourraient accorder une longueur d’avance aux acteurs de l’assurance de la Place au niveau mondial sont suspendues aux travaux réalisés conjointement entre les ministères de l’Économie et du Développement durable et des Infrastructures.

Détails à venir lors de la publication de l’étude Rifkin

Lors de l’inauguration de la concession Tesla, début septembre, Étienne Schneider avait ainsi indiqué que «le cadre légal et notamment le Code de la route sont en train d’être analysés dans l’optique de permettre aux entreprises innovantes de tester leurs produits dans des conditions réelles». Une manière pour le Luxembourg de figurer dans la liste des pays pionniers en la matière, au même titre que Singapour ou les États-Unis.

À la seule différence que ces deux pays mènent d’ores et déjà des expérimentations concrètes, alors que le Grand-Duché affiche ses ambitions de le faire. Plus de détails devraient être dévoilés en novembre, lors de la publication de l’étude Rifkin dans laquelle la mobilité intelligente doit être mise à l’honneur dans le cadre d’une «troisième révolution industrielle».

À noter que les choses pourraient avancer rapidement, en lien direct avec la décision américaine de vouloir «soutenir le développement des véhicules autonomes». Annoncée lundi par le National Economic Council, cette prise de position devrait amener l'ensemble des acteurs du secteur automobile, mais aussi des assurances, à proposer de nouvelles solutions. À l'image de ce qui s'est passé pour l'exploitation spatiale, le Luxembourg entend bien tenter de tirer son épingle du jeu.