La gratuité des transports publics, c’est la cerise sur le gâteau d’une ambition plus large, pour François Bausch. (Photo: Matic Zorman)

La gratuité des transports publics, c’est la cerise sur le gâteau d’une ambition plus large, pour François Bausch. (Photo: Matic Zorman)

C’est maintenant officiel: les transports publics seront gratuits au Luxembourg à partir du 1er mars 2020. Le ministre de la Mobilité en a fait l’annonce ce lundi matin à la presse, dont des représentants étaient spécialement venus de l’étranger pour l’occasion. Il est vrai qu’il s’agit là d’une première en Europe à l’échelle d’un réseau complet de différents moyens de déplacement.

41 millions à compenser

Concrètement, on ne paiera plus pour circuler à l’aide des transports publics nationaux financés par l’État, sur le sol luxembourgeois. Sont concernés: les trains, les bus et le tram. «Je ne pense pas que la gratuité va amener tout le monde à soudainement emprunter les transports en commun», explique François Bausch.

«Je vois plutôt cela comme la cerise sur le gâteau constitué d’autres ingrédients: qualité de l’infrastructure, offre cohérente... C’est ici une mesure sociale. Il faut savoir quelle orientation on veut donner à la société. Augmenter les revenus les plus bas? Ou bien offrir la gratuité d’un vrai service public pour tous?»

Tous ceux qui paient des impôts vont contribuer à financer la mesure.

François Bausch, ministre de la Mobilité

La mesure a évidemment un coût: 41 millions d’euros. Il faudra donc des recettes en plus dans le budget de l’État. Via une réforme du forfait kilométrique. «Non, il est clair, dans l’acte de coalition, que la réforme du forfait n’a rien à voir avec la gratuité des transports publics. Ce sont deux dossiers séparés», confirme François Bausch. C’est par le biais fiscal que la compensation se fera. «Tous ceux qui paient des impôts vont donc contribuer, comme ils contribuent par exemple pour les routes», indique encore François Bausch.

Voici tout ce qu’il faut savoir sur cette mesure:

  • Pourquoi le 1er mars 2020?

C’est dans un peu plus d’un an que les transports publics seront gratuits. Un délai qui sera mis à profit pour modifier le règlement ministériel qui fixe les tarifs et différents points de loi. «Ce qui ne semble pas très compliqué et ne devrait pas poser trop de problèmes», souligne le ministre Bausch. De plus, ces quelques mois seront mis à profit des usagers et futurs usagers afin qu'ils puissent prendre leurs dispositions, «notamment de ne pas renouveler leur abonnement et à l’État de devoir rembourser».

  • Tous les transports sont-ils concernés?

La mesure concerne les transports publics nationaux financés par l’État sur le sol luxembourgeois: CFL, Luxtram, bus RGTR et TICE... Quid des AVL, les bus de la Ville de Luxembourg? «C’est un service communal et en vertu du principe d’autonomie communale, c’est à la Ville de Luxembourg de voir ce qu’elle fera», indique François Bausch. «Si j’étais la Ville, je déciderais de participer à la gratuité.» Message bien entendu par la bourgmestre Lydie Polfer (DP) qui a indiqué à RTL que les bus AVL seraient également gratuits le 1er mars 2020. Une mesure qui, combinée à la gratuité du tram, coûtera 16 millions d’euros à la Ville.

  • Une bonne affaire pour les frontaliers?

Des discussions vont avoir lieu avec les chemins de fer allemands, la SNCF et la SNCB pour réduire les tarifs. Concrètement, le travailleur frontalier ne paiera plus que pour la partie du trajet réalisée hors Luxembourg. Les tarifs des bus transfrontaliers seront aussi revus à la baisse. Les billets internationaux (Paris-Luxembourg ou Luxembourg-Bruxelles) resteront payants.

  • La fin de classes?

La réponse est non. Les titres de transport en 2e classe seront logiquement supprimés. Un contrôle pourra être effectué sur base d’un document d’identité. La 1re classe, dans les trains, restera intégralement payante, aussi pour les abonnements transfrontaliers. Les rames resteront donc constituées de la même manière. Dans les bus ou le tram, il n’est évidemment pas question de créer des classes.

  • Des avantages à la trappe?

L’abonnement à certains transports offre aussi certains avantages: 24h de stationnement dans les P+R, accès aux mBox pour vélos, accès aux bornes Chargy... Cela notamment via la mKaart. «On veillera à ce que ces avantages soient maintenus», assure François Bausch. «Et d’autres seront sans doute offerts via des opérateurs privés.»