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Le bon vieux téléphone est mort depuis longtemps. Enfin, «longtemps» est un terme qui se discute. 

Que l'on soit opérateur, entreprise utilisatrice ou client final, le point de vue est différent. Que l'on prenne pour référence les «bonnes vieilles» années civiles traditionnelles ou les «années Internet» (réputées aller 3 ou 4 fois plus vite), on différera d'avis également.

Le fait est que les télécommunications d'aujourd'hui n'ont plus grand chose à voir avec celles d'il y a une demi-douzaine d'années.

Les nostalgiques se souviendront avec regrets du plan Téléphonie français.

Sous l'impulsion de l'Etat, le retard en équipement et infrastructures téléphoniques de l'Hexagone était rattrappé en quelques années, à grands coups d'investissements publics. Aujourd'hui, l'Europe se veut ? en théorie ? un lieu de libre concurrence entre opérateurs, chaque marché étant arbitré et contrôlé par une autorité de régulation, indépendante des pouvoirs publics.

Acteurs et observateurs du marché se posent des questions «cumulatives».

En effet, la libéralisation des marchés s'est accompagnée d'une succession d'évolutions et de révolutions technologiques.

La voix n'est plus le véritable support de croissance pour les opérateurs. Les promesses concernant la téléphonie troisième génération semblent avoir été longtemps surestimées.

Aujourd'hui, les prévisions semblent au contraire particulièrement pessimistes.

Comme dans de nombreux autres domaines, on est condamné à créer des catégories d'analyses pour pouvoir mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ce secteur.

La principale ligne de séparation est celle qui sépare les applications professionnelles des applications grand public.

Les premières commencent à atteindre un certaine maturité, à être comprises des entreprises utilisatrices, quand les plus-values pour l'homme de la rue ne sont pas encore évidentes.

Tentative de démonstration par l'exemple.

Ce que l'on appelle «Voice over IP» est technologiquement au point. Cisco en a par exemple fait la démonstration au Luxembourg il y a quelques semaines au cours d'une conférence de presse et de démonstrations aux clients et partenaires.

De quoi s'agit-il' Pour les grandes entreprises, il s'agit de relier différents lieux de présence non plus par des lignes téléphoniques en grand nombre, mais par une ligne dédiée IP, sur lesquelles les données circuleront de manière optimisée. La voix entre les différents établissements de l'entreprise est transformée en données, transmise puis remise sous «forme vocale» de manière transparente pour l'utilisateur.

Une agence bancaire pourra indifférement téléphoner en interne, en externe, échanger de manière sécurisée ses données avec la maison mère via une seule ligne, louée, coutant un prix fixe et connu par avant, plutôt que d'utiliser x lignes téléphoniques plus une ligne louée pour les données confidentielles.

L'objectif est une diminution des coûts et une augmentation de l'efficacité.

Ces solutions ne présentent pour le moment d'intérêt que pour les grandes entrepises, «multi-implantations». C'est dire si le particulier ne trouve pas encore d'intérêt à ces innovations.

Mais lui? Ou trouve-t-il son intérêt dans la révolution télécoms en route?

En informatique, le raisonnement se fait sur la découverte des «killer Applications». Il s'agit d'applications qui satisfont à des demandes et à des usages ? auparavant exprimés ou non ? qui assurent à elles seules le succès d'un produit.

Pour le moment, force est de reconnaître que le consommateur considère majoritairement que la «killer App» de son téléphone est la voix? à moindre coût, mais la voix malgré tout. On demande à son GSM de pouvoir émettre et recevoir de la voix, idem pour son téléphone fixe.

Histoire de génération, une deuxième Killer App semble faire son apparition: le SMS? Les adolescents du Luxembourg et du reste de l'Europe l'ont adopté: facile, peu cher, il permet des échanges rapides et ludiques.

Le 15 février de cette année, l'Entreprise des Postes et Télécommunications Luxem-bourg faisait ainsi parvenir un communiqué de presse aux différentes rédactions: «Le 14 février dernier, jour de la St. Valentin, les clients des P&T, de Mobilux et de CMD ont échangé 283.639 SMS (Short Message Service) sur le réseau Luxgsm de P&T Luxembourg, soit près du double d'un jour moyen et près de 10 fois plus que les 30.000 SMS envoyés le jour de la St. Valentin 2000. Ces chiffres confirment l'engouement croissant pour les services de téléphonie mobile en général et pour les SMS en particulier, et ce auprès d'un public de plus en plus large.»

De fait, on a une confirmation ? un peu benête, mais elle a le mérite d'exister ? que pour qu'une technologie s'impose, elle doit être d'usage suffisament simple et spontané pour que différentes couches de la population osent s'en emparer et se l'approprier.

Exemple: la téléphonie mobile «2,5 G», autrement appelée GPRS. En France, les opérateurs ne lui ont prévu de véritable application que dans le domaine professionnel.

Il s'agit d'équiper les équipes commerciales, qui se déplacent en permanence, de moyens d'échanger rapidement de gros fichiers avec la maison dont elles dépendent.

Pour faire quoi?

Pour accéder rapidement aux mises à jour des catalogues, pour pouvoir rapidement passer un bon de commande, vérifier la charge de travail des chaînes de montage et pouvoir annoncer un délai de fabrication raisonnable au client que l'on démarche.

Les entreprises trouvent dans ses outils leur satisfaction. Les investissements faits pour adopter ces solutions peuvent être analysés de manière comptables.

Ou plutôt, ils peuvent faire l'objet de calculs prévisionnels justifiant la décision d'investissement initial.

Elles (les entreprises) pourront également ultérieurement faire une évaluation de l'usage de ces technologies par toute une série d'indicateurs et de tableaux de bord.

Donc, on a une ligne de séparation individu / entreprise et une autre Fixe / Mobile. Il en existe de nombreuses autres, mais on ne les abordera pas.

Un numéro entier de paperJam ne permettrait pas d'être complet sur le sujet? On se contentera pour le moment des quelques pages qui suivent, et de ses articles.

Une grande partie du dossier tient dans les réponses des opérateurs au questionnaire que nous leur avons envoyé.

Certains ont répondu, d'autres non. Cette prise de contact systématique avec les opérateurs nous a d'ailleurs permis de prendre conscience des situations différentes d'un opérateur à l'autre.

Les uns ont une licence, mais ne sont pas actifs sur le marché, et n'ont pas l'intention de l'être.

D'autres, au contraire, sont plus que volontaristes.

Beaucoup, enfin, sont en pleine restructuration et réorganisation.

Entre les rachats, fusion, fermeture, repositionnement? l'activité est intense. Ces mouvements rendent d'ailleurs d'autant plus intéressant l'analyse que les acteurs font eux-mêmes du marché et de l'activité.