Le compromis trouvé entre partenaires sociaux devrait avoir d’importantes répercussions sur le secteur bancaire. (Photo: Licence C.C.)

Le compromis trouvé entre partenaires sociaux devrait avoir d’importantes répercussions sur le secteur bancaire. (Photo: Licence C.C.)

Il aura fallu 18 mois, mais le compromis trouvé entre partenaires sociaux devrait avoir d’importantes répercussions sur le secteur bancaire. Non seulement en raison du déploiement progressif entre 2018 et 2020 des nouvelles mesures de la convention collective, mais aussi parce que ce texte est le fruit d’une approche inédite dans les négociations. Pour permettre d’appliquer ce que Serge de Cillia définit comme la volonté «de tout revoir de manière critique, sans tabou», l’ABBL a en effet imposé une nouvelle méthode de travail.

Une stratégie syndicale mise à mal

Désireux de «ne pas faire comme il avait toujours été fait», à savoir des échanges entre partenaires sociaux lors de séances plénières, les représentants du patronat ont privilégié les discussions dans «des groupes de travail élargis à des personnes qui travaillent sur le terrain». Cette méthode, reposant sur «le dialogue, l’échange et la participation», mais aussi «l’absence de dogmatisme», selon les mots de Serge de Cillia, a quelque peu mis à mal la stratégie syndicale. Car à ce changement dans le déroulé des négociations se sont ajoutées une absence de positions établies dès le départ et une gestion du temps pensée comme moyen de pression. 

Ce que Laurent Mertz, secrétaire général de l’Aleba, qualifie de «politique des petits pas» aura permis à l’ABBL d’obtenir plusieurs mesures jugées par les représentants du patronat comme «primordiales» dans un contexte de concurrence internationale accrue entre places financières. Que ce soit le principe de proportionnalité qui accorde davantage de marge de manœuvre aux banques selon leur taille pour la gestion des normes en vigueur ou le rôle plus important donné aux délégations du personnel dans les entreprises. Une dernière mesure qui «affaiblit d’une manière ou d’une autre le pouvoir syndical au niveau du secteur à la longue», analyse Véronique Eischen, membre du bureau exécutif de l’OGBL.

Car en transférant le pouvoir de négociation des représentants sectoriels à ceux des salariés des différentes banques, l’ABBL obtient une segmentation des revendications, à l’avenir potentiellement limitées à une seule entité et non plus à l’ensemble des quelque 26.100 salariés présents dans les 139 banques actives sur la Place. Un élément qui pourrait être à l’avenir d’autant plus décisif que le secteur bancaire se trouve dans une phase de «consolidation», marquée à la fois par la multiplication des succursales au détriment des filiales et le rachat d’entités. Et les plans sociaux associés, corollaires de la rationalisation des coûts menée à l’échelle mondiale.

Revalorisation salariale

En contrepartie de ces concessions, les syndicats ont obtenu la revalorisation salariale qu’ils exigeaient – via notamment la transformation de la prime de juin en une partie du salaire qui sera désormais indexée –, la mise en place d’un droit à la formation au travers d’une revalorisation des budgets dédiés, ou bien encore le renforcement du lien entre classification et rémunération des salariés. «Au final, nous ne saurons si ce texte est un bon compromis qu’en 2020», fait valoir Gabriel Di Letizia, président du LCGB-SESF. D’ici là, les élections sociales auront eu lieu et auront peut-être abouti à un nouveau rapport de force entre partenaires sociaux.