Les robots peuvent remplacer les conseillers dans le cadre d’une gestion discrétionnaire. (Photo: Maison Moderne)

Les robots peuvent remplacer les conseillers dans le cadre d’une gestion discrétionnaire. (Photo: Maison Moderne)

On en parlait depuis un certain temps, mais au cours de l’année 2017, les robots-conseillers se sont pour la première fois invités dans les banques luxembourgeoises. Programmés pour la gestion discrétionnaire d’actifs – sans contrôle de l’investisseur sur les choix effectués –, ils placent les montants qui leur sont confiés en fonction des profils des clients et de la situation du marché. Premier à s’être lancé dans la gestion d’actifs robotisée, Keytrade Bank Luxembourg a lancé son produit Keyprivate au mois de mai dernier. Un lancement simplifié par le fait que la banque en ligne avait déjà testé son nouvel assistant algorithmique sur le marché belge depuis la fin de l’année 2015. «Nous sommes ravis de la phase de lancement, confie Thibault de Barsy, CEO de Keytrade Luxembourg. Comparativement, nous sommes un peu en avance sur l’historique de la Belgique.» Si le robot a attiré de nouveaux clients – pour une moyenne de portefeuille actuellement de 50.000 euros –, il a aussi suscité de l’intérêt auprès des investisseurs déjà clients qui ont vu dans Keyprivate une alternative aux produits traditionnels.

Une alternative, c’est aussi ce que recherche la Banque et caisse d’épargne de l’État (BCEE) qui a lancé, il y a quelques semaines à peine, son offre de robo-advisor sous la forme du produit Speedinvest. Sur son site internet, elle le présente comme une solution face à l’atonie de l’épargne. «Avec Speedinvest, nous proposons effectivement une autre voie facile à comprendre pour un épargnant classique», commente Claude Hirtzig, chef du département Banque des particuliers et professionnels à la BCEE. Réservé actuellement aux détenteurs de comptes à vue de la BCEE, Speedinvest a par contre fixé le plancher très bas en acceptant des investisseurs à partir de 500 euros. «Certains ont directement investi beaucoup plus, mais nous voyons que pas mal de clients commencent assez bas et ont prévu un ordre permanent mensuel pour augmenter progressivement leur investissement», poursuit le responsable du projet.

Pour lancer sa solution de robot-conseiller, Keytrade Bank a fait appel à la technologie de la start-up belge Gambit alors que la BCEE a développé son système en interne. Gambit Financial Solutions, spin-off de l’Université de Liège, vient d’ailleurs elle aussi de lancer son offre commerciale. Depuis le mois d’octobre, elle propose les services de son robot-conseiller Birdee aux investisseurs luxembourgeois. Ça risque donc bien rapidement de jouer des coudes dans le monde des robots bancaires sur le marché luxembourgeois. «Je m’attends à ce que ça se développe largement au cours de l’année 2018», commente Thibault de Barsy, qui dit se réjouir de voir de nouveaux acteurs sur le marché. «Ça renforce la catégorie. À terme, l’investissement via un robo-advisor devrait devenir un nouveau créneau dans le monde de la finance, comme l’épargne ou les fonds d’investissement.»

Notons quand même que, dans chacun de ces développements, si la machine est vue comme une manière de démocratiser la pratique de l’investissement, la présence humaine est maintenue à l’arrière des écrans pour des interventions d’urgence ou des réglages à opérer dans les portefeuilles en fonction de l’évolution des marchés. Mais, au départ, ce sont les robots qui vous accueillent, vous aident à définir votre profil d’investisseur et font le choix de vos investissements. Une solution qui permet d’attirer un public plus large et de concentrer les efforts des conseillers – humains – sur les plus gros portefeuilles qui exigent des arbitrages plus pointus.