La ministre Maggy Nagel a trouvé des alliés dans sa politique de logement: les promoteurs privés... (photo: culture.lu)

La ministre Maggy Nagel a trouvé des alliés dans sa politique de logement: les promoteurs privés... (photo: culture.lu)

La ministre du Logement Maggy Nagel, DP, a dressé, vendredi, le constat de gabegie et d’impuissance de l’État à construire assez de logements pour supporter la croissance économique et démographique du Luxembourg et endiguer la hausse des prix de l’immobilier résidentiel.

Maggy Nagel a confirmé ce que tout le monde savait: le pacte logement conclu avec les communes luxembourgeoises est un échec sur le plan des résultats et du point de vue de l’impact financier. Il a coûté très cher – plus de 200 millions d’euros ont été distribués aux communes sous forme d’aide en capital – pour pas grand-chose. Car sur les 98 communes signataires du pacte en décembre 2011, avec pour objectif de construire 52.000 logements, 86 ont reçu des contributions et seulement 28 d’entre elles ont utilisé complètement ou partiellement les fonds affectés. 58 communes n’ont encore rien fait de l’argent public et devront le rembourser. La ministre a annoncé un «monitoring» du pacte au cours du dernier trimestre 2014.

À côté du pacte logement, le gouvernement précédent s’était engagé en avril 2012 sur un plan sectoriel logement (PSL) couvrant 552 hectares, dont 211 à l’intérieur des plans d’aménagement généraux, pour faire bâtir plus de 17.000 logements. Mais, comme Maggy Nagel l’a indiqué, le PSL est seulement sur le point d’être introduit en procédure. Autant dire que ça pourrait encore durer un certain temps.

Pendant la campagne électorale, Étienne Schneider avait estimé que pour peser durablement sur la courbe des prix, il faudrait doubler, et tout de suite, la surface du PSL. Cet objectif n’est pas dans le programme de la coalition. En tout, en comptant sur la densification du bâti qui permettrait de construire 18.000 logements supplémentaires, ce seraient près de 90.000 logements qui devraient être mis sur le marché.

En attendant, il faut faire avec ce qu’il y a pour éviter l’hémorragie de résidents allant se délocaliser hors du Grand-Duché. Une des solutions qui avait été préconisée avait été la taxe sur les logements vides. L’ancienne bourgmestre socialiste d’Esch-sur-Alzette, Lydia Mutsch, désormais au gouvernement, avait promis de surtaxer les logements vides à partir de juillet 2014. Xavier Bettel, alors qu’il était encore député maire de la capitale, avait suivi le pas en annonçant en juin 2012 son intention d’instaurer à son tour une taxe similaire. Mais le dossier semble piétiner.

Le droit de propriété, pas au logement

Dans l’état des lieux présenté vendredi, Maggy Nagel explique pourquoi la mise en place de cette taxe spécifique pose des problèmes juridiques difficilement surmontables: le droit de propriété est protégé par la Constitution luxembourgeoise et non le droit au logement. Difficile dans ce cas de copier les voisins belges qui ont érigé en infraction administrative le fait de laisser inoccupés ou inutilisés les immeubles bâtis.

Le dossier est donc en friches.

Pour autant, face à ce constat d’échec de la politique publique de logement, faut-il laisser la main aux promoteurs privés? Ce week-end, Jean-Paul Scheuren, le président de la Chambre immobilière, a rappelé ce que le secteur privé préconisait pour les problèmes de logement. Il écrit en substance: «Donnez-nous les 500 millions d’euros que coûtera le pacte logement, nous proposons de les construire ces 16.000 logements locatifs». Mais il faudra «une vraie politique de soutien à l’offre» qui passe, entre autres, par la «fin de la jungle des procédures d’autorisation» et de la «résistance des communes à accueillir des nouveaux projets». Et, à Maggy Nagel, il annonce: «Madame la Ministre, vous savez qu’avec la Chambre immobilière, vous avez un partenaire pour attaquer les vrais problèmes du logement.»