Face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, la Chambre des métiers entend proposer dès 2019 des «packages» à destination des artisans actifs notamment dans les pays de l’Est. (Photo: Shutterstock)

Face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, la Chambre des métiers entend proposer dès 2019 des «packages» à destination des artisans actifs notamment dans les pays de l’Est. (Photo: Shutterstock)

L’offensive des artisans pour tenter de faire entendre leur voix se poursuit. Une semaine après la présentation des desiderata du secteur par la Fédération des artisans, c’est au tour de la Chambre des métiers de partager son analyse de la situation. Dans une interview publiée lundi dans les colonnes du Quotidien, Tom Wirion évoque notamment les aspirations du secteur à voir «évoluer la situation».

Pour le directeur général, les priorités à mettre en œuvre reposent sur deux idées principales. Le besoin «de véhiculer une image davantage positive de l’artisanat auprès des jeunes et de leurs parents» via une action «au niveau de l’orientation professionnelle et la qualité de la formation», d’une part. La nécessité pour les entreprises du secteur à trouver des solutions contre la pénurie chronique de main-d’œuvre qualifiée, d’autre part.

Les frontaliers préfèrent travailler dans leur pays d’origine.

Tom Wirion, directeur général de la Chambre des métiers

«Au premier et deuxième trimestre 2018», l’écart entre l’offre et la demande atteint «20% des entreprises de la construction» contre «23% pour les salariés exerçant dans le domaine de la toiture et de l’étanchéité» et «33% pour les électriciens», à en croire Tom Wirion.

Si le «changement de paradigme» souhaité au niveau scolaire ne pourra intervenir que dans un temps long, celui lié à l’arrivée de nouveaux artisans devrait se faire de manière plus rapide. Via notamment «l’élaboration de packages» à destination non pas des artisans formés et actifs dans la Grande Région, mais de ceux «venant de plus loin». «Nous sommes arrivés à un point où les frontaliers ne se focalisent plus uniquement sur les salaires luxembourgeois: la qualité de vie est également devenue une priorité pour eux», souligne Tom Wirion, qui assure que ces derniers «préfèrent travailler dans leur pays d’origine».

Des artisans «un peu perdus» sur la digitalisation

«La situation est devenue si grave pour nos entreprises qu’il faut explorer de nouvelles pistes», avance le directeur général de la Chambre des métiers, avec en ligne de mire les pays de l’Est, où «la tradition artisanale est bien ancrée». Si le concept n’est pas, à l’heure actuelle, «bien défini», il devrait être présenté «dès l’année prochaine». Le temps pour les acteurs du secteur de trouver des solutions pour convaincre les candidats ciblés de venir s’installer et donc «travailler sur le coût de la vie et notamment sur le logement, car c’est un obstacle».

Autre défi à relever, celui de la digitalisation. Si Tom Wirion assure que «les entreprises artisanales ont conscience de l’importance de cette question», elles sont également «un peu perdues dans la façon d’aborder» cette transition. Consciente que cela «prendra du temps», la Chambre des métiers se dit confiante, «car nous savons que l’artisanat a traversé les siècles et a toujours su s’adapter aux nouvelles réalités», même si la digitalisation constitue «un saut important».

Pour y parvenir, Tom Wirion estime qu’«il appartiendra aux politiques de poser le cadre et de veiller (...) à ce que les conditions de concurrence, entre économie traditionnelle et économie virtuelle, soient les mêmes».