Les médecins ne sont pas assez nombreux au Luxembourg, estime l’AMMD.  (Photo: CC)

Les médecins ne sont pas assez nombreux au Luxembourg, estime l’AMMD.  (Photo: CC)

«En tant qu’association, nous voulions connaître l’opinion de la population, c’est-à-dire des patients, à propos des services de santé, de l’offre de soins médicaux et des défis systémiques pour l’avenir. Nous voulions voir si nous avions la même vision que les patients de notre système de santé», explique Alain Schmit, le président de l’AMMD.

Les résultats du sondage indiquent clairement une appréciation tout à fait positive de l’offre, de la prise en charge des frais par les pouvoirs publics et de l’accès aux services médicaux.

En revanche, l’accès à certaines analyses (scanner, IRM, etc.) est un point faible manifeste. Ainsi, 71% des sondés estiment que l’accès aux examens requis n’est pas assez rapide au Luxembourg. En outre, 56% trouvent que l’organisation des services d’urgence laisse à désirer et 44% pensent que la planification des infrastructures et des services est inadaptée aux besoins à venir de la population.

Pas facile d’obtenir un rendez-vous chez un médecin

«Voilà des défis à relever par les responsables de l’organisation du système», a déclaré Alain Schmit, qui constate également que plus de la moitié des sondés considèrent qu’il n’est pas facile d’obtenir un rendez-vous chez un médecin. «C’est un dilemme insoluble. Si nous voulons passer plus de temps avec les patients pour des consultations de qualité, cela veut dire plus d’attente pour obtenir un rendez-vous. Il y a déjà un manque de médecins dans nos pays voisins, mais il y a aussi un grand manque de médecins dans le pays, en particulier chez les spécialistes», admet le président de l’AMMD.

D’autant plus que le Luxembourg est encore dépendant de l’étranger pour former ses propres médecins. Un manque de contrôle qui n’est pas sans conséquence: «Nous avons un problème pour attirer les médecins à venir exercer au Luxembourg. Et comme nos jeunes doivent aller étudier à l’étranger, le résultat, c’est que 30% d’entre eux ne reviennent pas au Luxembourg après leurs études. C’est une perte énorme», regrette Alain Schmit.

Le sondage crédite les médecins de très bonnes notes. Alain Schmit insiste sur la liberté thérapeutique des médecins, dans le cadre houleux du projet de loi sur les établissements hospitaliers et la planification hospitalière. Ainsi, 84% des sondés sont d’avis que ce sont les médecins, et non pas d’autres acteurs du système, qui doivent prendre les décisions d’ordre thérapeutique. 38% estiment que le corps médical doit être associé à la planification des infrastructures. 55% souhaitent que les médecins participent aux décisions concernant l’innovation et la technologie de pointe au Luxembourg.

Concernant la défense des droits des patients, 59% des personnes interrogées considèrent que cette mission incombe aux médecins. «Ces résultats sont une reconnaissance de l’engagement des médecins pour leurs patients», commente Alain Schmit.

Des services médicaux dans les pays voisins

Quant aux défis que le système de santé devra relever à l’avenir, les sondés relèvent trois points essentiels: les ressources financières (39%), la planification des infrastructures (28%), ainsi que le vieillissement général de la population et l’augmentation des besoins qui en résulte (27%).

35% des sondés déclarent avoir déjà sollicité des services médicaux (dont les frais ont été remboursés) en région limitrophe des pays voisins. «Cela montre que certains services ne sont pas disponibles au Luxembourg ou alors qu’il n’est pas possible de les assurer convenablement», analyse Alain Schmit. «C’est un problème qu’il faut gérer.»

Les experts de l’institut de sondage Quest ont interrogé un échantillon représentatif de 600 habitants sur la perception du système de santé publique. Le sondage, réalisé entre le 26 octobre et le 10 novembre 2017, a été commandité par l’AMMD.