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Dans le domaine de la diffusion de la presse, comme pour de nombreux autres secteurs économiques, le Luxembourg fait un peu figure d'oasis dans le désert européen. Alors que les sociétés spécialisées, dans la plupart des pays voisins ont enregistré, en 2003, une baisse sensible de leur chiffre d'affaires, les Messageries Paul Kraus (MPK), au Grand-Duché, ont en effet maintenu une très légère croissance, qui devrait tourner autour de 1 à 2%.

Un léger mieux qui s'explique par une politique de prix haussiers de la part de certains éditeurs ayant voulu, de la sorte, compenser leurs pertes de revenus publicitaires. "Au Luxembourg, le marché est assez élastique en terme de prix et la hausse du prix de vente d'un titre de 5% à 10%, ça passe encore", explique Christian Schock, le  directeur général des MPK, arrivé en octobre 2003.

Importateur exclusif de la plupart des titres de presse, les MPKont, de fait, une situation quasi-monopolistique sur le marché luxembourgeois. Un marché qui ne ressemble à aucun autre: quelque 5.500 titres ont été diffusés (à titre indicatif, le principal diffuseur français, les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne, a distribué 3.500 titres en 2002), avec une forte présence internationale, les publications provenant d'une quarantaine de pays.

"Notre statut d'importateur exclusif nous impose de diffuser, en toute impartialité, énormément de titres, quel que soit leur contenu, rappelle M. Schock.Il y a eu, par exemple, l'année dernière, une poussée de publications liées à la scientologie. A titre personnel, je ne les aurais jamais diffusé. Evidemment, cette large diffusion n'est pas forcément profitable. On porte par exemple environ 1.500 titres qui se diffusent à une cinquantaine d'exemplaires. Et cette situation n'est pas près d'aller en s'amenuisant compte tenu de l'élargissement de l'Union européenne, qui va attirer, à Luxembourg, des centaines de familles en provenance des nouveaux pays adhérents". 

Rajeunir la clientèle

Sur l'ensemble des publications traitées, 2.000, environ, sont dans la catégorie "presse quotidienne", les 3.500 autres étant cataloguées en tant que "périodiques". "S'il y en avait 1.500 de moins, on ne le sentirait certainement pas en terme de chiffres d'affaires et on serait certainement plus profitable", précise le directeur général des MPK. 

Société au fort ancrage familial, discrète de tradition, les Messageries Paul Kraus ont été rachetées en 2000 par le groupe suisse Valora (coté en Bourse à Zurich et Berne). Elles s'appuient, aujourd'hui, sur un réseau bien implanté de 58 MPK Shops et 350 points de vente (dont une centaine de stations services).

Mais qui dit situation de quasi-monopole ne veut pas dire immobilisme. "Nous réfléchissons activement à rendre nos points de vente plus attractifs, en donnant par exemple une plus grande visibilité aux livres et aux articles hors-presse. Nous allons travailler avec quelques sites pilotes et voir comment élargir le concept aux autres Shops", explique M. Schock.

Mais le groupe MPK, c'est également la Messagerie du Livre, la plus grande librairie du Grand-Duché, qui prépare une grande cure de jeunesse devenue indispensable. Ceci d'autant plus que la perspective de la cession, par le groupe saint-paul, d'une partie de son activité "librairie" pourrait profondément changer le paysage si un grand acteur étranger venait s'y engager. "Nous n'allons pas attendre que cela soit le cas pour prendre les mesures qui s'imposent pour rendre le magasin encore plus professionnel et attractif. On vise clairement à rajeunir notre clientèle. On sait très bien qu'en procédant à des changements profonds, on risque de chagriner certains habitués, mais cela doit aussi nous permettre de gagner de nouveaux clients".