«Le gouvernement nous fait confiance et les ambitions de l’université ont été ratifiées par le gouvernement lorsque l’on a signé le contrat d’établissement», explique Stéphane Pallage, recteur de l’Uni. (Photo: Mike Zenari)

«Le gouvernement nous fait confiance et les ambitions de l’université ont été ratifiées par le gouvernement lorsque l’on a signé le contrat d’établissement», explique Stéphane Pallage, recteur de l’Uni. (Photo: Mike Zenari)

Monsieur Pallage, avant d’être nommé recteur de l’Université du Luxembourg, vous étiez le doyen de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM). Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre ce poste de recteur?

«C’est un défi auquel on est confronté peut-être une seule fois dans une vie. L’Université du Luxembourg a 15 ans. Il existe aujourd’hui très peu d’universités qui ont cet âge. L’Uni possède un potentiel incroyable, avec un gouvernement qui la soutient. Ce qui m’a motivé, c’est le champ des possibles, tout ce que l’on peut réaliser au sein de cette université. 

Vous succédez à Rainer Klump, qui a démissionné du poste de recteur en mai 2017. Était-il compliqué de reprendre le poste dans ces circonstances?

«Ce qui est important, c’est que l’université va bien. D’un point de vue financier, les bases de l’Uni sont extrêmement solides, donc il n’y a pas de danger par rapport à cela. 2017 a été, je pense, une année assez difficile pour l’université, mais d’une certaine manière, cela a mobilisé l’ensemble des acteurs. Il y a eu une prise de conscience de la part du conseil universitaire, des conseils facultaires, du rectorat, du conseil de gouvernance, et tout le monde a travaillé pour transformer cette petite difficulté en une année vraiment très positive. 

Comment se porte aujourd’hui l’Uni d’un point de vue financier?

«Nous avons terminé l’année 2017 avec un équilibre financier, la difficulté a été de mettre sur papier un budget pour l’université cette année-là. Et pour l’année 2018, nous avons aussi un budget équilibré, et je peux déjà dire que le budget de 2019 sera également équilibré. Pour y arriver, nous avons dû faire des choix. Nous avons mis en place des procédures de validation, nous avons aussi amélioré l’administration en la rendant beaucoup plus digitale, permettant ainsi d’avoir un accès à l’information en temps réel.

Huit ‘domaines d’excellence’ ont été identifiés comme prioritaires.

Stéphane Pallage, recteur de l’Université du Luxembourg

Quels choix ont dû être réalisés?

«De manière collective, lorsque nous avons rédigé le plan quadriennal, huit ‘domaines d’excellence’ ont été identifiés comme prioritaires: sciences des matériaux, informatique et sécurité des TIC, droit européen et international, finance et innovation en finance, éducation, histoire numérique et contemporaine, santé et biologie des systèmes et modélisations et simulations numériques. Ces huit champs ont été privilégiés afin de ne pas nous disperser et de ne pas saupoudrer les ressources. 

Les dotations de l’État en faveur de l’université ont également été revues à la hausse pour la période 2018-2021, atteignant 766,8 millions d’euros, soit une hausse de 30% par rapport à celle de 2014-2017. Y voyez-vous un signe de confiance de la part du gouvernement?

«Je pense effectivement que le gouvernement nous fait confiance et les ambitions de l’université ont été ratifiées par le gouvernement lorsque l’on a signé le contrat d’établissement. J’ai participé à la négociation, et le niveau de confiance que le gouvernement a dans l’université était évident. La réalité du financement universitaire est différente au Canada (Stéphane Pallage est belgo-canadien et a travaillé durant plus de 20 ans à l’ESG UQAM, ndlr), parce que le Canada est un pays avec de très nombreuses universités. Le Québec a lui seul en possède une dizaine. Le gouvernement du Luxembourg a fait le choix courageux de créer son université en 2003, et quel que soit le gouvernement par la suite, les moyens ont toujours été donnés à l’Uni. 

Notre objectif est d'être leader au niveau de l’enseignement [...] et dans le domaine de la recherche.

Stéphane Pallage, recteur de l’Université du Luxembourg

Comment faire pour que l’Uni ait un poids au niveau mondial?

«Notre objectif est que l’on soit un leader au niveau de l’enseignement, notamment sur les nouvelles méthodes pédagogiques. Nous souhaitons également être un leader dans le domaine de la recherche.

En collaborant avec les centres de recherche du Luxembourg, par exemple?

«L’université est composée de trois facultés et de trois centres interdisciplinaires, mais il y a aussi au Luxembourg des centres publics de recherche: le List, le Liser et le LIH, qui ont chacun signé un contrat d’établissement avec le gouvernement. Ces centres et l’université sont proches géographiquement, mais aussi au niveau de la philosophie du développement, nous voulons donc travailler ensemble.

Ce qui est nouveau je crois, c’est cette volonté d’être ambassadeur de tous, université ou centres de recherche, lorsque l’on est à l’étranger.

Stéphane Pallage, recteur de l’Université du Luxembourg

Quels domaines ont été retenus?

«Nous ne pouvons pas dévoiler les pistes de collaboration sur lesquelles nous travaillons. Mais nous avons par exemple un groupe de recherche en physique qui travaille de manière très étroite avec un groupe du List. Certains de nos chercheurs partagent d’ailleurs des bureaux ou des laboratoires avec le List depuis de nombreuses années. Nous avons également des chercheurs engagés conjointement, notamment avec le Liser. Ce qui est nouveau je crois, c’est cette volonté d’être ambassadeur de tous, université ou centres de recherche, lorsque l’on est à l’étranger. C’est aussi de cette manière que l’Uni et l’écosystème de recherche du Luxembourg seront reconnus au niveau mondial, que chacun soit fier de porter et de défendre nos couleurs.

La nouvelle loi de l’université est entrée en vigueur le 1er août dernier, que change-t-elle concrètement?

«C’était un très gros défi de s’ajuster à cette nouvelle loi, cela impliquait une réécriture de nos règlements – règlement d’ordre intérieur, règlement des études, etc. C’était un chantier presque aussi grand qu’une création d’université. Nous avions commencé à travailler à partir du projet de loi, et nous avons réajusté le tir, afin d’être prêts au 1er août.

La nouvelle loi implique également des changements dans la gouvernance. Elle distingue de manière beaucoup plus claire les trois organes de l’université – le conseil universitaire, le recteur, et non plus le rectorat, et le conseil de gouvernance. Auparavant, le recteur présidait le conseil universitaire. Désormais, le conseil universitaire est autonome, et garde un rôle consultatif, mais le recteur ne se fait plus conseiller par lui-même, d’une certaine manière.»