«Le taux d’utilisation de l’e-learning en entreprise est proche de zéro au Luxembourg. Et c’est logique puisqu’il n’existe que très peu d’offres à ce jour. Pour y remédier, la House of Training a signé une convention de partenariat avec l’Institut supérieur de l’économie qui nous donne accès aux cours en ligne de France Université Numérique (Fun)», confie Luc Henzig, le CEO de la House of Training.

Adapter l’offre Fun aux besoins locaux

Lancée en 2013 par le ministère de l’Enseignement et de la Recherche français, la plateforme Fun regroupe 150 Mooc (massive open online courses) conçus par des professeurs d’universités et de grandes écoles. La House of Training passe pour l’heure en revue l’offre de cours disponibles pour sélectionner ceux qui correspondront le mieux aux besoins des entreprises luxembourgeoises. Certains devront d’ailleurs être adaptés aux spécificités locales. Les formations en ligne seront proposées sur une plateforme commune à la House of Training et à l’Institut supérieur de l’économie. Ces cours numériques seront reliés aux offres existantes, à l’image de celles centrées sur les dirigeants d’entreprise ou portant sur des secteurs d’activité précis.

Fonctionner à l’ancienne et repousser à plus tard cette innovation pourrait être fatal à tout acteur de la formation professionnelle.

Luc Henzig, CEO de la House of Training

Les Mooc seront accessibles aussi bien aux particuliers qu’aux sociétés et pourront intervenir en amont d’une formation plus classique, par exemple pour mettre à niveau un groupe d’individus sur des compétences génériques. Ils pourront aussi être couplés avec des cours classiques, où la présence physique d’un enseignant ou d’un formateur est requise. Le but est d’offrir un maximum de souplesse et de scénarios possibles pour répondre aux besoins de chacun. «Les entreprises sont devenues actrices en matière de formation grâce à ces outils et ont créé leurs propres structures», écrit Luc Henzig dans une tribune. Fonctionner à l’ancienne et repousser à plus tard cette innovation pourrait être fatal à tout acteur de la formation professionnelle», affirme-t-il (lire aussi notre interview).

La digitalisation peut-elle nuire à la qualité de la formation?

Claude Houssemand, professeur à l’Université du Luxembourg, directeur de l’institut Lifelong Learning and Guidance et membre du GIE de l’Université dédié à la formation continue, n’est pas aussi enthousiaste. «Tout ne peut pas être digitalisé. Filmer un cours magistral et l’envoyer sur internet n’est pas très intéressant. Il n’y a pas de réel échange avec l’enseignant. Et cela peut être très lassant», selon lui. C’est sans doute l’un des principaux reproches que l’on fait aux Mooc.

Vous allez demander à un enseignant d’être disponible tout le temps pour répondre aux potentielles questions? Je n’y crois pas une seconde!

Claude Houssemand, professeur à l’Université du Luxembourg

Selon leurs détracteurs, beaucoup d’inscrits abandonnent avant la fin des cours. Autre grief: le défi de l’interactivité, qui représente une charge supplémentaire, parfois lourde, pour les professeurs. «Vous allez demander à un enseignant d’être disponible tout le temps pour répondre aux potentielles questions? Je n’y crois pas une seconde!», s’emporte Claude Houssemand, pour qui les Mooc apportent finalement peu de bénéfices. Pour que ces cours numériques concurrencent réellement les modes d’enseignement traditionnels dans le domaine de la formation professionnelle, il faut proposer une offre riche dans laquelle tous les utilisateurs puissent se reconnaître. Les atouts indéniables de cette formule sauront alors s’imposer: une flexibilité hors pair des horaires et l’opportunité de suivre des cours sans se déplacer.