Seule la valeur numéraire du pétrole russe transite au Grand-Duché. (Licence CC)

Seule la valeur numéraire du pétrole russe transite au Grand-Duché. (Licence CC)

L’actualité économique internationale a été marquée, ce lundi, par l’annonce de l’acquisition de TNK-BP par Rosneft. La valeur de la transaction entre le deuxième producteur de pétrole mondial et le troisième producteur russe, se chiffre à 61 milliards de dollars (47,03 milliards d’euros).

Or, lorsqu’on parle de gros sous et de transactions internationales, le Luxembourg n’est jamais bien loin. Ainsi, l’acquéreur détient quatre sociétés au Grand-Duché (Rosneft Capital, Rosneft Holdings, Rosneft JV Partners et Rosneft Overseas) et la cible une (TNK-BP Finance). TNK et BP, prises individuellement, en amoncellent d’autres.

Univers impitoyable et globalisé

La présence de ces filiales n’est pas anecdotique. Elle révèle l’importance du Luxembourg dans sa vocation à faire transiter les flux financiers entre différentes sociétés d’un groupe international. Car l’univers du pétrole n’est pas seulement impitoyable, il est aussi, et surtout, globalisé. Les sociétés luxembourgeoises ont ainsi été créées pour limiter les frottements fiscaux dans les distributions de dividendes intra-groupes et encore profiter de la stabilité politique locale.

L’anecdote rappelle également le développement des relations russo-luxembourgeoises. Derrière la visite d’État de la fin du mois de septembre, se cachent des marchés naissant. Notamment pour les avocats, souvent associés à ces transactions. Récemment le cabinet  Arendt & Medernach a ouvert un bureau à Moscou. Allen & Overy l'avait précédé l’année dernière.

Pour Lionel Noguera, du cabinet Bonn & Schmitt, ces développements tiennent également à l’intégration progressive du marché russe. Selon lui, le contrôle de l'administration fiscale russe passe d'une perspective assez comptable pour entrer « dans des problématiques plus modernes de siège de direction effective et d'établissement stable qui lui permettent d'attaquer les structures étrangères plus ou moins dirigées de Russie ».

Ainsi les investisseurs concernés sont impliqués dans une transition du règne de l'offshore à des structures qui ont plus de substance locale. L’avocat d’affaires ajoute donc que « de ce point de vue, le Luxembourg dispose d'une solide expérience et d'une réputation de sérieux, qui lui valent d'être parfois choisi pour l'implantation de holdings ou joint-ventures, au détriment de Chypre, qui reste, aujourd'hui, un choix classique pour les investisseurs russes. »

602 millions au Luxembourg

Reste à savoir si l’argent de l’acquisition de TNK-BP transite très concrètement via Luxembourg. En mars, le capital de Rosneft Holding a été augmenté de 602,3 millions de dollars. Difficile de dire pour l’instant s’il s’agit d’une partie du prix payable à la signature, soit un centième du montant d’une transaction qui devrait être clôturée dans les trois mois.

Cette fusion-acquisition marquera alors l’émergence d’un nouveau leader mondial de la production pétrolière, devant ExxonMobil et Petrochina. Il sera détenu à 75% par l’État russe.