Jean-Claude Juncker montre la voie à ses commissaires. Les médias européens, eux, regardent le doigt... (Photo: Commission Européenne)

Jean-Claude Juncker montre la voie à ses commissaires. Les médias européens, eux, regardent le doigt... (Photo: Commission Européenne)

Les réactions des médias oscillent fortement d’un pays à l’autre. Au Luxembourg, les réactions des journalistes sont plutôt mesurées et les articles concernant la composition de la nouvelle commission demeurent très factuels. Le fait que le nouveau président soit de nationalité luxembourgeoise explique peut-être cette relative clémence.

C’est un peu pareil en Belgique où «La Libre Belgique» donne la parole à la Belge chargée de l’emploi et des affaires sociales, Marianne Thyssen, qui avoue: «Je suis très contente.» D’après «L’Echo», Juncker a «le mérite de faire preuve d’imagination et de volontarisme». Ce qui n’empêche pas, d’après l’éditorialiste du journal, que les innovations sont parfois interpellantes: «cumuls improbables de portefeuilles, maroquins à l’intitulé imaginatif, ministères lambda dont la pertinence ne saute pas immédiatement aux yeux».

«Mieux vaut le risque que l’immobilisme», tempère «Le Soir» à propos de l’équipe Juncker. «On a assez critiqué la faiblesse ou l'immobilisme de la commission Barroso, pour qu'on puisse se réjouir aujourd'hui de ce que son successeur tente de changer les choses pour le mieux. Ceci dit, on se gardera de tout angélisme. La tâche de la commission est prométhéenne, et d'ici peu on ne voudra plus disserter sur la qualité de l'outil, mais observer les résultats concrets».

Juncker bashing

Il faut aller du côté des médias français, où la presse d’opinion est plus répandue, pour voir poindre des reproches appuyés. En témoigne l’édito «Le pari Juncker» signé par Jean-Francis Pécresse aux «Echos»: «Faut-il avoir l'esprit au mieux florentin, au pis byzantin, pour avoir confié la supervision budgétaire à un ex-ministre français de l'Économie, la régulation financière à un conservateur britannique au passé de lobbyiste international, la maîtrise de l'immigration à l'éminent représentant d'un pays dont les frontières sont parmi les plus poreuses de Schengen, enfin l'Éducation et la Culture à un ministre hongrois proche du très autoritaire Viktor Orban! Jean-Claude Juncker aurait voulu nommer des commissaires à contre-emploi, il ne s'y serait pas pris autrement».

Mais qu’importe. Pour le quotidien «Libération», «ce n'est pas Jean-Claude Juncker qui a choisi les personnalités de son collège, mais les gouvernements. En clair, il doit faire avec ce qu'il a, en tenant compte de l'équilibre géographique, politique ainsi que des revendications de chacun».

Mauvais perdants ?

Si chez nos voisins allemands, le «Süddeutsche Zeitung» se félicite de la constitution d’une équipe plus jeune: «Fini les pépés qu’on envoie à Bruxelles», le «Frankfurter Allgemeine Zeitung», lui, digère plutôt mal la nomination de Pierre Moscovici aux affaires économiques. «De toutes les personnes imaginables, il fallait que ce soit un ministre français qui a déjà échoué chez lui!», tandis que «l’Allemagne, une fois de plus, n’a pas de dossier clé».

Déception également chez le «Tageszeitung» qui trouve que «la commission a une nouvelle façade, c’est très joli, mais ce qu’elle compte faire demeure totalement flou».

A contrario, et contre toute attente, «The Times» voit la nomination du très aristocratique Lord Hill comme commissaire chargé de la stabilité financière comme la preuve que Jean-Claude Juncker n’a pas de ressentiment à l’encontre de Londres. «C’est au-delà des espoirs», concède le journal.

Dans sa revue de presse européenne sur «France Inter», le journaliste britannique Alex Taylor rappelle que «le seul pays où la commission tire la vedette, incontestablement à la une partout, c’est la Suisse, qui n’est justement pas dans l’Union européenne». Allez comprendre…