Marco Wagener (CSL) considère que cette disparité méritait d’être soulignée. (Photo: Luc Deflorenne/archives)

Marco Wagener (CSL) considère que cette disparité méritait d’être soulignée. (Photo: Luc Deflorenne/archives)

L’éconews de la Chambre des salariés (CSL) publiée ce vendredi affirme que, entre 1992 et 2010, les salaires les plus élevés ont augmenté de 96% alors que ceux les plus bas ne progressaient, sur la même période, que de 54%. En d’autres termes, les plus riches ont presque doublé leur paie quand les plus pauvres gagnaient à peine à moitié plus. «En 1992, le salaire le plus élevé considéré était de 3,3 fois plus élevé que le salaire le plus bas considéré; en 2010, ce rapport s’élève à 4,2», indique l’étude de la CSL. Le salaire horaire moyen nominal a lui augmenté de 81%.

Marco Wagener, conseiller de direction à la CSL et économiste de formation, avoue que l’institution pour laquelle il travaille est un peu tombée sur cette évolution par hasard. Elle doit en effet formuler un avis sur l’évolution du coefficient d’ajustement calculé par l’inspection générale de la sécurité sociale. Mais elle en a profité pour stigmatiser l’enrichissement des plus riches plus rapide que celui des plus pauvres.

Cette tendance tient essentiellement à la prégnance croissante de la finance sur le produit intérieur brut luxembourgeois, un secteur où les salaires les plus élevés dépassent de loin le salaire médian. La hausse du nombre de cabinets d’avocats, souvent liés aux fonds d’investissement et aux structurations d’entreprises, explique également l’enrichissement plus rapide des professions intellectuelles supérieures. Marco Wagener partage cette analyse. «Cela peut s’expliquer ainsi.»

Plus de femmes aussi

Car les sociétés font de plus en plus appel à des compétences spécialisées qui dépassent celles trouvées et trouvables dans la Grande Région. Et pour importer ces compétences à haute valeur ajoutée, il faut savoir convaincre. Cela passe souvent par une rémunération attractive.
En revanche, de l’autre côté de l’échelle de comparaison, les salaires les moins élevés ne progressent que parallèlement à l’inflation, et grâce à l’indexation des salaires.

Signalons néanmoins que la méthodologie retenue par les autorités luxembourgeoises exclut 20% des salariés qui gagnent le moins et 5% de ceux qui gagnent le plus. L’échantillon compte 295.360 personnes dont l’âge moyen est de 39,4 ans, soit 3,6 ans de plus qu’en 1992. Plus de femmes sont également salariées. On en compte 148,6% de plus qu’au début de la décennie 1990. 79,6% de plus pour les hommes.