Pol Wagener (Photo : Julien Becker)

Pol Wagener (Photo : Julien Becker)

L’importance des formations continues est reconnue par la majorité des entreprises. Pour autant certains freins persistent et certains manques subsistent.

Il y a une dizaine d’années, l’Institut Universitaire International Luxembourg (IUIL) avait ouvert une formation en contentieux européens. Au début, les bancs de ce cours étaient très clairsemés. Aujourd’hui, cette formation a été reprise par l’Univer­sité du Luxembourg et sur quelque 200 candidatures reçues, seuls 20 étudiants sont choisis annuellement.

Cet exemple permet de mieux cerner la philosophie de l’IUIL qui propose des formations de niches et pallie des manques, dont n’ont pas forcément conscience les entreprises lors de la mise en place de tels cursus. « Nous anticipons la demande en faisant un travail en profondeur afin d’identifier les besoins du moment ou ceux à venir », précise Pol Wagener, directeur de l’IUIL. En proposant de telles formations spécifiques, l’IUIL a conscience que les entreprises doivent se familiariser avec ces nouvelles propositions de formations, juger de leur pertinence… et les faire entrer ensuite dans les mœurs.

Épouser les demandes

Dans un même ordre d’idée, la formation certifiante en « public performance auditing », dont la deuxième promotion a commencé en automne 2011, manque encore d’une adhésion de la part des entreprises des secteurs public et privé. « Avec de telles formations, nous nous attendons toujours à ce qu’elles prennent du temps avant qu’elles ne suscitent un intérêt et que la demande n’émane des individus et des entreprises », reconnaît M. Wagener. Innover dans le domaine de la formation est une chose. Répondre à un besoin clairement identifié en est une autre que l’IUIL s’emploie également à développer au sein de son observatoire de compétences, étroitement lié à l’activité de recherche appliquée en formation.

Néanmoins, si une formation doit répondre à un besoin, elle doit également pouvoir s’insérer dans l’emploi du temps des candidats et des sociétés. Et généralement, c’est sur ce point que le bât blesse. « En général, il existe deux écueils à l’inscription au sein d’une formation : les droits d’entrée qui ne sont fondamentalement guère problématiques au Luxembourg et la durée des formations. »

Ce dernier point reste un frein dans notre pays, notamment pour les PME qui n’ont pas les disponibilités ni la main-d’œuvre nécessaires pour laisser certains collaborateurs s’absenter plusieurs jours durant, afin de suivre une formation aussi importante soit-elle. « Nous nous efforçons de ce fait, de réduire et de condenser autant que possible les cours, en développant notamment des plates-formes pédagogiques permettant aux candidats de travailler et d’acquérir certains savoirs, en toute autonomie », développe Pol Wagener. Ces outils didactiques s’inscrivent dans des formations spécifiques, mais peuvent également être utilisés indépendamment. Tous ces axes de réflexions de l’IUIL ont pour finalité de permettre à terme de rendre plus aisé l’accès aux formations, notamment pour les petites structures qui, si elles sont conscientes de l’importance des formations continues, sont également limitées quant aux disponibilités de leurs collaborateurs.

 

Express - Pol Wagener

  • 55 ans

  • Directeur de l’IUIL depuis 2001