La City pourrait perdre des plumes au profit d'autres Places européennes. (Photo: Licence C.C.)

La City pourrait perdre des plumes au profit d'autres Places européennes. (Photo: Licence C.C.)

Outre l’éventuelle alternance entre conservateurs et travaillistes, les élections législatives qui se tiennent le 7 mai prochain au Royaume-Uni risquent de provoquer des secousses au sein même de l’Union européenne. Pour conforter son électorat face à la montée du parti anti-européen Ukip, l’actuel Premier ministre a en effet promis aux citoyens britanniques un référendum sur le maintien du royaume au sein de l’Union d’ici 2017 s’il était réélu.

Après le risque du «Grexit», le «Brexit»? On n’y est pas encore. En attendant, de premières études sortent pour tenter de calculer l’ampleur des dégâts que pourrait provoquer la sortie d’un des poids lourds de l’attelage européen. La Fondation Bertelsmann vient de faire l’exercice. Ses résultats montrent que Londres aurait beaucoup à perdre en termes de PIB et que, même si c’est dans une moindre mesure, ses partenaires européens y laisseraient aussi des plumes.

Tous perdants

Selon les différents scénarios de sortie, la fondation a pointé que le «Brexit» coûterait de 0,6% à 3% de PIB par habitant à l’économie britannique en 2030. Celle-ci est fortement connectée à l’Union européenne – plus de 50% de son commerce se fait avec ses 27 partenaires – et son retrait du périmètre européen aurait fatalement des répercussions sur les coûts du commerce avec l’UE.

Le grand gain pour le pays serait de rapatrier dans les caisses du Trésor britannique sa contribution au budget européen. Elle était de 8,64 milliards d’euros en 2013. C’est aussi à partir de ce moment que ses ex-partenaires voient, eux, les désavantages du retrait britannique. Ils devront en partie compenser sa contribution en fonction de leurs poids relatifs. Pour l’Allemagne, l’addition atteindrait 2,5 milliards d’euros.

Mais l’étude de la Fondation Bertelsmann montre également que les pays de l’Union subiraient eux aussi des conséquences au niveau de leur PIB. Parmi les pays les plus susceptibles d’être atteints par cette décision unilatérale, elle cite l’Irlande, la Belgique, la Suède et… le Luxembourg. Le PIB du Grand-Duché par habitant pourrait ainsi se voir réduit de 0,48% à 0,8% à l’horizon 2030.

«L’étude est essentiellement basée sur des chiffres commerciaux et montre que c’est surtout le Royaume-Uni qui souffrirait. Pour les autres pays, l’impact reste faible», analyse Yves Wagner, directeur chez BCEE Asset Management.

Pour les autres pays, l'impact reste faible.

Yves Wagner, directeur chez BCEE Asset Management

En revanche, selon lui, on pourrait se poser la question de l’impact par rapport à la finance. «Le Royaume-Uni est la porte d’entrée vers l’Europe pour des produits sophistiqués comme les fonds alternatifs ou les hedge funds, explique-t-il. Si ce rôle de plaque tournante disparaissait, ça pourrait avoir un impact négatif pour Luxembourg mais pas plus important que pour les autres pays européens.»

Opportunités

Par contre, la question se pose aussi de voir si l’isolement possible de la City ne pourrait pas profiter à une Place comme Luxembourg. La semaine dernière, à deux semaines du scrutin, la première banque européenne, HSBC, a évoqué le spectre de son départ de Londres. Un avertissement à la fois destiné aux travaillistes et à leur volonté d’alourdir la réglementation et aux conservateurs et à leur idée de référendum.

À la mi-avril, Aberdeen Asset Management avait encore été plus clair en déclarant qu’en cas de «Brexit», le fonds déplacerait son siège européen de Londres vers Luxembourg. Ce qui pourrait faire passer le personnel luxembourgeois de 30 à près de… 900 personnes. «Effectivement, à ce niveau, il pourrait y avoir des opportunités, juge Yves Wagner. Une grande partie des acteurs présents à la City chercheraient d’autres places financières au sein de la communauté européenne.»