Le projet SocialCar vise à mettre au point une application pour smartphone destinée à prendre en compte tous les moyens de transport pour atteindre sa destination. Trajets transfrontaliers compris. (Illustration: Maison Moderne)

Le projet SocialCar vise à mettre au point une application pour smartphone destinée à prendre en compte tous les moyens de transport pour atteindre sa destination. Trajets transfrontaliers compris. (Illustration: Maison Moderne)

Avec quelque 300.000 frontaliers attendus dans le courant de la prochaine décennie et une population résidente estimée à un million d’habitants d’ici à 2050, la problématique des déplacements ne va cesser de prendre de l’ampleur. Le réseau autoroutier étant déjà considéré comme en situation de saturation, tandis que le réseau ferroviaire est en passe de l’être, les infrastructures existantes s’approchent de leurs limites. L’arrivée de nouveaux salariés, nécessaire au fonctionnement du modèle luxembourgeois, devra donc s’accompagner d’une nouvelle mentalité dans laquelle la multimodularité sera la règle.

C’est pour faciliter et/ou encourager cette transition que plusieurs projets de recherche voient peu à peu le jour. Qu’ils portent le nom officiel de SocialCar, LaMiLo ou Last Mile, tous visent à utiliser les données liées aux habitudes de déplacement d’ores et déjà disponibles pour les exploiter, voire les enrichir.

Objectif: apporter des solutions inédites. Proposés dans le cadre du programme Horizon 2020 de la Commission européenne ou dans celui de la promotion des régions frontalières, soutenu par le Fonds européen de développement économique, ces projets visent aussi bien à répondre à la problématique des livraisons en ville qu’à celle de l’amélioration de l’offre de transports en commun pour les touristes.

Projet initié dans dix villes européennes

Mais le projet le plus ambitieux – ou du moins destiné à impacter le plus grand nombre de personnes – se trouve être celui chapeauté par Lux Mobility et Concept Factory. Baptisé «SocialCar», le programme vise l’élaboration d’un nouvel algorithme capable d’intégrer dans les stratégies de mobilité l’ensemble des moyens de transport disponibles, de la voiture au bus en passant par le train ou le tram, sans oublier le vélo partagé, le taxi et la marche à pied. «L’idée est de mettre en place des voyages multimodaux qui prennent en compte toutes les réalités du Luxembourg», indique Falk Fernbach, responsable du projet au Grand-Duché.

La grande idée de la déclinaison luxembourgeoise de ce projet, initié depuis 2015 dans 10 villes européennes, tient dans la volonté d’intégrer les modes de déplacement des frontaliers. Alors que les applications actuelles dédiées à la mobilité, comme celle du Verkéiersverbond (l’établissement public en charge de l’amélioration de la coordination du réseau des transports publics), ne prennent en compte que les possibilités de déplacement dans le pays, SocialCar entend étendre cette possibilité à tous les cas de figure, y compris au-delà des frontières. «Nous souhaitons intégrer le car sharing, mais aussi le car pooling dans l’offre de transports disponibles», assure le responsable de Concept Factory.

Soutien actif fermement recherché

Autrement dit, proposer dans le produit final le nombre de places disponibles dans les voitures particulières qui effectuent un trajet similaire à celui habituel des utilisateurs. Selon le modèle en cours d’élaboration, cette prise en compte ne se fera que jusqu’aux P+R de l’entrée de la capitale, limite après laquelle l’utilisation des transports en commun sera mise en avant dans les recommandations. Encore à ses balbutiements au Luxembourg, le projet se poursuivra jusqu’en 2018, date à laquelle une application pourrait voir le jour.

Mais pour parvenir à ce but ultime, le soutien d’un maximum d’acteurs fait figure de passage obligé, qu’il s’agisse du ministère du Développement durable et des Infrastructures (MDDI), des sociétés de transport ou des grands acteurs du secteur automobile. Et de ce point de vue, les choses peinent encore à se mettre en place. «Nous sommes seulement partenaire méthodologique de ce projet, c’est-à-dire que nous sommes plutôt observateur qu’impliqué dans les détails. On ne finance rien», souligne Gilles Dostert, directeur du Verkéiersverbond.

Le premier workshop dédié a eu lieu le 16 septembre à l’occasion de la semaine de la mobilité. Outre le MDDI et le Verkéiersverbond figurent notamment ALD Automotive, Voyages Émile Weber ou Colux. Mais l’ambition du projet, financé à hauteur de 400.000 euros par les fonds européens, est d’intégrer d’autres sociétés, impactées directement par la question de la mobilité de leurs salariés. «Si nous voulons réussir, nous devons impliquer les entreprises, notamment les plus grandes, qui peuvent influencer cette question en menant des politiques alternatives sur cette question», estime Falk Fernbach. Ce dernier mise notamment sur «la mise en place de modèles selon lesquels, sous certaines conditions, des déplacements en transports en commun pourraient être considérés comme du temps effectif de travail».