Jean Asselborn plaide pour la mise en place de quotas par pays. (Photo: Sébastien Goossens / archives)

Jean Asselborn plaide pour la mise en place de quotas par pays. (Photo: Sébastien Goossens / archives)

En janvier 2019, le Luxembourg a enregistré 226 demandes de protection internationale, a indiqué Jean Asselborn au cours d’une conférence de presse ce lundi matin.

Si l’on projette cette tendance sur une année entière, cela signifie que le nombre de demandes pourrait largement dépasser celui de l’année 2018, au cours de laquelle 2.205 demandes ont été enregistrées. Ce dernier nombre se situe certes en dessous de celui de 2017 (2.318), mais reste élevé par rapport aux années précédant la crise des réfugiés.

Une réforme de l’Olai

Un tel niveau élevé se ressent au niveau des capacités d’accueil, a souligné le ministre. L’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration (Olai) disposait en 2018 d’un total de 3.739 lits, avec un taux d’occupation de 73%. Cet organisme responsable de la politique d’accueil est passé de la tutelle du ministère de la Famille – qui continue de gérer le volet de l’intégration – à celle du ministère des Affaires étrangères et sera réformé pour devenir l’Office national d’accueil (Ona). M. Asselborn a émis l’espoir que cette réforme puisse être réalisée pour le premier mai prochain.

Parmi les demandeurs de protection internationale, on compte 65 nationalités différentes: les Érythréens sont les plus nombreux (392 personnes), suivis des Syriens (227), des Iraquiens (196), des Afghans (176) et des Géorgiens (141).

Le nombre inhabituellement élevé de Géorgiens s’explique du fait qu’une partie d’entre eux ont voulu profiter de la politique d’asile pour s’adonner à des activités criminelles, a précisé le ministre. La plupart d’entre eux ont d’ailleurs quitté le pays après avoir été déboutés, a-t-il ajouté. Les mineurs représentent environ un tiers des demandeurs, de même que les femmes.

Capacités d’accueil en partie saturées

Dans les structures d’accueil, près de la moitié des personnes ont obtenu le statut de protection internationale, a ajouté le ministre. L’objectif de l’État est qu’ils apprennent à maîtriser une des langues du pays et à trouver du travail de manière à désengorger ces structures. Le SHUK au Kirchberg, qui abrite uniquement des hommes en attente d’être transférés hors du pays, va être agrandi, tandis que le centre de rétention au Findel est tellement saturé qu’il n’accueille plus que des hommes, ce qui veut dire que les familles doivent être placées ailleurs.

S’agissant du regroupement familial, la plupart des demandes ne concernent pas l’asile, mais sont le fait de ressortissants de pays comme l’Inde, la Chine ou les États-Unis et qui sont venus au Grand-Duché pour des raisons purement économiques. Selon M. Asselborn, le nombre de personnes venues s’installer au Luxembourg (environ 17.000) a dépassé le nombre de départs (estimé à 10.000), ce qui est «un bon signe pour la vitalité de notre pays».

Près de 39% des demandeurs de protection internationale entrent dans la catégorie visée par la procédure de Dublin. «C’est beaucoup», a commenté le ministre, qui a aussi relevé un taux important de Maghrébins dans ce contexte. «On peut beaucoup critiquer [le règlement de] Dublin, mais au moins on sait quel pays est responsable», a-t-il poursuivi. Plaidant pour une réforme de ce règlement avec la mise en place de quotas par pays, il a déploré que l’UE «n’avance pas d’un iota» sur ce plan.

Le traitement des mineurs

Le ministre s’est par ailleurs réuni avec des représentants d’ONG et d’organisations telles que la Commission consultative des droits de l’Homme pour répondre aux critiques adressées en matière de traitement des mineurs non accompagnés pour lesquels une incertitude plane sur leur âge véritable. Il a été retenu en conclusion que les consultations médicales portant sur les organes génitaux pour déterminer l’âge du demandeur seront abandonnées et se limiteront à l’examen du poignet, de l’omoplate et de la dentition.

Le Luxembourg ne peut gérer seul la migration secondaire.

Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères

La migration secondaire pose un problème particulier, d’après le ministre, qui a souligné que sur les 107 personnes qui devaient être renvoyées en Italie, 42 l’ont été effectivement, mais pas les autres. Cette question «doit être résolue à Bruxelles», a-t-il affirmé, ajoutant qu’il a envoyé le 10 janvier une lettre au commissaire européen chargé de la Migration, Dimitris Avramopoulos, afin d’inciter la Commission à contrôler que les personnes qui sont renvoyées en Italie bénéficient d’un traitement répondant à un minimum de dignité humaine. «Le Luxembourg ne peut gérer seul la migration secondaire», a-t-il insisté.