La révolution du camion autonome générerait une réduction des coûts de l’ordre de 30%, soit une économie annuelle supérieure à 30.000 euros par véhicule, selon une étude du cabinet PwC. (Illustration: Daimler/DR)

La révolution du camion autonome générerait une réduction des coûts de l’ordre de 30%, soit une économie annuelle supérieure à 30.000 euros par véhicule, selon une étude du cabinet PwC. (Illustration: Daimler/DR)

Un camion autonome, c’est bien plus intéressant qu’une voiture autonome en termes économiques. Le cabinet d’audit PwC estime ainsi dans son étude sur l’avenir du transport routier («The Era of Digitized Trucking: Transforming the Logistics Value Chain») que cette révolution générerait une réduction des coûts de l’ordre de 30%, soit une économie annuelle supérieure à 30.000 euros par véhicule.

La généralisation des flottes de poids lourds connectés permettra aux sociétés de transports de suivre en temps réel leurs véhicules, mais aussi d’analyser et d’ajuster les trajets pour optimiser le taux de remplissage, tenir compte des retards dus aux embouteillages. Les algorithmes de conduite autonome promettent également une moindre consommation de carburant pour les tracteurs à moteur thermique (les spécialistes évoquent 15% de gain) et une réduction du nombre d’accidents, une donnée essentielle pour restaurer l’image du transport routier auprès du grand public.

Un impact sur l’environnement et la sécurité routière

La multiplication des capteurs et l’audit en continu des organes mécaniques et électroniques faciliteront en outre la maintenance prédictive des véhicules. Moins souvent immobilisés, les camions autonomes offriront une meilleure rentabilité que les versions classiques. Ce ne sont pas les seuls avantages attendus. Les poids lourds autonomes recourront pour la plupart à une motorisation électrique, participant de façon directe à la réduction des émissions de CO2 et à l’abaissement de l’empreinte écologique du secteur des transports. Pour les entreprises du secteur et leurs clients, la diminution du nombre de chauffeurs routiers (PwC prédit des effectifs divisés par trois) devrait se traduire par de sérieuses économies. Pour autant, aucun constructeur n’envisage de se passer complètement de conducteur.

Le pilote quitte la cabine pour intervenir à distance

Les expérimentations menées actuellement maintiennent une intervention humaine. Dans le cas du «platooning», c’est-à-dire la conduite en peloton en test aux États-Unis et en Allemagne, seul le premier véhicule est piloté par un chauffeur, les autres sont connectés au camion de tête et pilotés par un système autonome. Seule Starsky Robotics fait rouler un camion 100% autonome, sans chauffeur, sur l’autoroute. «Pas de chauffeur d’urgence derrière le volant, pas d’ingénieur caché dans la couchette: nous sommes la première entreprise à faire du camion autonome une réalité», claironne Stefan Seltz-Axmacher, le CEO de l’entreprise sur son blog. «Tout camion autonome qui a encore besoin d’une présence humaine ne résout pas le problème», ajoute-t-il.

Pourtant, même dans ce dispositif, un pilote reste indispensable pour effectuer les premiers kilomètres et amener les camions jusqu’à l’autoroute, puis en reprendre le contrôle à la sortie de la voie express afin de relier le point de livraison. Différence de taille: l’opérateur humain ne se trouve plus derrière le volant, mais assis devant un écran de contrôle pour téléguider le véhicule à distance à l’aide de manettes. Starsky Robotics envisage de mettre ses premiers camions autonomes en service d’ici la fin de cette année. L’objectif apparaît toutefois très (trop?) ambitieux, la commercialisation à grande échelle de flottes de transporteurs autonomes n’étant pas attendue avant 2030 voire 2038.