Joe Thein, exclu d’un ADR qu’il estime trop lâche, a fondé son propre parti. (Photo: DR)

Joe Thein, exclu d’un ADR qu’il estime trop lâche, a fondé son propre parti. (Photo: DR)

Monsieur Thein, vous avez créé «Les Conservateurs». Comment cette idée vous est-elle venue?

«L’idée s’est évidemment développée très rapidement dans ma tête après mon exclusion de l’ADR. Puisque je souhaite rester actif politiquement et que le pays a besoin d’une alternative, j’estime que je devais tenir ma promesse envers les gens et créer ce parti.

Étant donné que le parti s’est créé si rapidement, se distingue-t-il vraiment de votre ancien parti l’ADR?

«L’ADR a toujours été trop lâche pour revendiquer son profil conservateur. Ça m’a toujours tenu à cœur et j’ai toujours et incessamment réclamé que le parti revendique ce profil. J’y tenais aussi afin que l’ADR se libère enfin de cette image de parti populiste de droite. L’ADR ne voulait pas, donc j’ai décidé qu’il serait important pour le pays qu’un parti conservateur naisse enfin.

Mais le parti «Les Conservateurs» ne serait pas né si vous étiez toujours dans l’ADR…

«Exact.

Et vous en avez été exclu à cause d’une faute...

«Oui, alors je n’ai pas l’intention de renverser complètement ma vision du monde. Cela n’arrivera pas. Je suis toujours d’accord à 90% avec le programme de l’ADR. J’ai toujours dit que les idées étaient les bonnes, mais que malheureusement la manière dont on est traité dans le parti laisse à désirer.

Il est clair qu’une nouvelle ère s’ouvre pour moi et j’ai rompu avec le chapitre ADR. J’ai simplement mal au cœur qu’après 9 ans au sein du parti, il ait pu si simplement me liquider, oui m’éliminer, et détruire une structure importante du parti à Pétange. Et tout cela pour un ‘like’ sur Facebook.

Vous ne voyez donc pas de faute en approuvant un commentaire sur Facebook, selon lequel Jean Asselborn ferait bien de se faire conduire en décapotable à Dallas? En d’autres termes qu’il ferait bien de se faire abattre?

«Si, j’ai admis clairement qu’il s’agissait d’une faute humaine qui s’est rapidement transformée en faute politique. C’était naïf et pas malin. Mais je trouve quand même grave de voir à quel point un ‘like’ peut se transformer en affaire d’État, tandis que d’autres saloperies’ politiques peuvent être balayées sous le tapis. Je ne suis pas d’accord.

À quoi pensez-vous?

«Je n’ai pas d’exemple concret. Mais si un ‘like’ peut coûter la vie politique à quelqu’un, on est quand même loin de la normalité. J’ai aussi toujours critiqué le politiquement correct. On doit aussi pouvoir dire ou apprendre les choses aux autres de manière exagérée. J’ajoute que je n’ai jamais fait de lien entre le commentaire sur Facebook et l’assassinat de John F. Kennedy. Évidemment, ce n’était pas malin, mais je n’ai jamais fait le lien.

Votre parti souhaite s’opposer au mainstream et au politiquement correct. Est-ce que ça veut dire qu’on doit pouvoir dire des choses, même si elles sont perçues comme offensantes par une personne ou une communauté ciblée?

«Des choses peuvent rapidement être perçues comme racistes ou discriminatoires. Je pense qu’on doit quand même briser un peu l’omerta et qu’il doit être possible d’exprimer son opinion, même sur des sujets qui sont effectivement sensibles. Bien sûr avec respect et une formulation diplomatique décente.

Donc politiquement correct…

«Oui oui, mais ces choses doivent aussi pouvoir être exprimées de manière exagérée et de manière satirique. Les adversaires font ça tout le temps quand ils nous diffament (en luxembourgeois: ‘duerch de Kakao zéien’, ndlr). Alors, un politicien doit aussi pouvoir pousser des choses stratégiquement simples à l’extrême.

À qui le parti «Les Conservateurs» s’adresse-t-il? Quels sont les thèmes sur lesquels, selon vous, on n’oserait pas parler?

«‘Les Conservateurs’ s’est fondé particulièrement sur une base patriotique et conservatrice. Nous nous sommes fondés autour du politiquement correct et de domaines politiques problématiques: nous nous inquiétons de la situation économique, sociale et politique du pays.

Qu’est-ce qui vous inquiète? L’économie va plutôt bien. Le vivre ensemble relativement bien aussi...

«Nous ne voyons pas cela ainsi. Ceux qui sont proches du parti ou qui veulent y adhérer avec qui nous discutons sont d’avis qu’il faut changer la donne politique dans ce pays. Il faut des alternatives maintenant. La cohésion sociale ne fonctionne pas. L’intégration n’est pas telle que nous nous l’imaginons. Nous disons aussi que le développement est trop rapide et que nous ne voulons pas une croissance du pays au détriment de la qualité de vie. Nous voyons également des déficits démocratiques dans le paysage politique et nous voulons donner plus la parole au peuple.

Votre parti est-il prêt à accueillir des gens qui sont contre l’immigration, voire contre les étrangers?

«Non, nos statuts sont clairs. Des positions extrémistes ne sont pas tolérées. Nous nous considérons comme un parti conservateur traditionnel, classique. Conservateur, c’est aussi le positif en l’être humain et les valeurs positives. Celui qui ne respecte pas ces valeurs, nous lui demandons déjà maintenant de ne pas adhérer au parti.

De quels moyens disposez-vous pour diriger votre parti? Vous êtes basé chez vous, non?

«Exact, le siège est actuellement à Lamadelaine, dans la commune de Pétange. Cela s’explique par mon mandat communal que je dois exécuter encore pendant sept mois. Comment les choses vont évoluer? Ça, on verra après le 10 avril, date de notre premier congrès national exceptionnel. La première mission sera de définir un programme électoral pour être prêt aussi vite et bien que possible pour les élections communales.»