Anaïs Bouillet (Maison Moderne), la présentatrice de la soirée, et les 10 orateurs du 10x6 RH. (Photo: Maison Moderne)

Anaïs Bouillet (Maison Moderne), la présentatrice de la soirée, et les 10 orateurs du 10x6 RH. (Photo: Maison Moderne)

C’est une tendance qui n’est pas nouvelle, même si au Luxembourg elle a encore du mal à s’imposer. Cultiver le bonheur de ses collaborateurs contribue à améliorer leur engagement au travail et, indirectement, leur productivité.

Cela passe autant par l’environnement de travail que les relations hiérarchiques. Mais chercher le bonheur à tout prix n’est-il pas aussi vain que la quête de la pierre philosophale? «Il y a autant de réponses que d’individus sur terre», était d’avis Anne-Claire Delval, sophrologue et fondatrice de la société Deep. «Le bonheur est tout simplement un état stable, de contentement.»

Le bonheur est tout simplement un état stable, de contentement.

Anne-Claire Delval, Deep

 

Mais comment l’atteindre dans le monde de l’entreprise? «C’est une stratégie qui est ‘top-down’ et ‘inside-out’, ce qui signifie qu’elle commence toujours par un top management qui dit stop au contrôle de son personnel et commence à faire confiance», a déclaré Thibault Beuken, qui est non seulement directeur, mais aussi chief happiness officer chez Huxley Luxembourg. «Il faut renverser la pyramide, car c’est le collaborateur qui est source de rentabilité, et l’organisation n’est là que pour le supporter.»

Dire stop au contrôle et commencer à faire confiance.

Thibault Beuken, Huxley

 

Le bonheur peut être également transmis à travers la reconnaissance des efforts de chacun, a noté quant à elle Nicole Dochen, directrice des ressources humaines à la Banque de Luxembourg. «Il peut s’agir d’un geste précis à un moment précis, comme envoyer un courrier personnalisé à un collaborateur qui a été promu, pour lui dire que ses compétences sont reconnues par la direction», a-t-elle détaillé.

Il peut s’agir d’un geste précis à un moment précis.

Nicole Dochen, Banque de Luxembourg

 

L’engagement comme critère de motivation

Dans un pays international comme le Luxembourg, la question des différences culturelles est également au cœur de la construction d’un climat de bien-être sur le lieu de travail. «Être attentif aux relations entre individus qui proviennent de différents horizons dans une organisation multiculturelle peut avoir un impact très important sur une entreprise», a déclaré Marc Jacobs, partenaire chez Itim International.

Mais revient-il à l’employeur de se mêler du bonheur de ses travailleurs? «Je pense que ce n’est pas la bonne approche», a répondu François Lombard, senior consultant chez SD Worx. «L’engagement, par contre, est rentable.»

Et d’ajouter: «Nous avons identifié cinq moteurs d’engagement: avoir un but significatif et inspirant dans son travail, disposer d’un environnement sécurisant, bénéficier d’autonomie et de liberté, avoir la possibilité d’évoluer au sein de l’organisation, et enfin, être reconnu dans son travail.»

Être attentif aux relations entre individus qui proviennent de différents horizons.

Marc Jacobs, Itim International

 

L’engagement est rentable.

François Lombard, SD Worx

 

«Notre droit du travail définit le travail salarié par le lien de subordination en contrepartie d’une rémunération», a rappelé Luc Scheer, le directeur des ressources humaines de la Croix-Rouge Luxembourg. Un contexte qui rend, à première vue, difficile l’application du bonheur dans le milieu professionnel.

L’accomplissement de soi est une condition essentielle à la performance.

Luc Scheer, Croix-Rouge luxembourgeoise

 

Pourtant, la reconnaissance interne et externe, le travail d’équipe et le sentiment d’appartenance sont les trois piliers qui permettent à ses équipes de s’engager à fond. «Je pense que l’accomplissement de soi est une condition essentielle à la performance à long terme dans une organisation.»

La rentabilité au rendez-vous

Le bien-être et l’engagement sont également pour Stéphanie Simon, responsable RH des Laboratoires Ketterthill, la meilleure équation possible pour les collaborateurs d’une entreprise. «Si vous offrez le bien-être sans demander l’engagement, vous obtiendrez de la nonchalance; si l’engagement est total, mais le bien-être n’existe pas, alors il existe le risque que la corde lâche et que survienne le fameux burn out. En réunissant bien-être et engagement, la performance sera au rendez-vous.»

Mais comment savoir à quelle hauteur le bonheur de ses salariés impacte la rentabilité de l’entreprise? Charles Margue, directeur de recherche à l’institut d’études de marché TNS Ilres, s’en est tenu à ses travaux scientifiques. «Les études le montrent, les fruits du bonheur sont mesurables», a-t-il expliqué en exposant un graphique qui montrait que les entreprises où les salariés étaient le plus malades étaient moins performantes que les autres. «Le bonheur est la dimension la plus durable dans les entreprises», a-t-il ajouté.

En réunissant bien-être et engagement, la performance sera au rendez-vous.

Stéphanie Simon, Laboratoires Ketterthill

 

Le bonheur est la dimension la plus durable dans les entreprises.

Charles Margue, TNS Ilres

«Sans être bien dans ses baskets, sans avoir de bien-être, on ne peut pas être créatif, innover, penser ‘out of the box’. C’est pour ça qu’aujourd’hui, la question de bonheur au travail est importante à la fois pour les collaborateurs et pour la rentabilité des entreprises», a argumenté Fabrice Croiseaux, CEO d’InTech.

Sans être bien dans ses baskets, on ne peut pas innover.

Fabrice Croiseaux, InTech

 

Rentabilité: Qui vaut la peine qu’on se donne.

Marielle Stevenot, MNKS

 

«Quand on parle de rentabilité, on pense à la notion de profit financier. Mais quand on regarde dans le dictionnaire Larousse, le mot ‘rentable’ est aussi défini comme: ‘Qui vaut la peine qu’on se donne’. Et c’est surtout dans cette 2e acception que l’équation bonheur = rentable fait sens pour moi», a conclu Marielle Stevenot, partenaire du cabinet d’avocats MNKS.