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Les obligations convertibles contingentes en passe de devenir un produit financier prisé à la Bourse de Luxembourg. 

Ce mercredi, le «contingent capital bond» sera coté à la Bourse de Luxembourg. Il a été baptisé «coco» - non sans un certain sens de l’humour - par son émetteur, le groupe Crédit Suisse. Ces obligations (1,45 milliard d’euros) seront convertibles en actions à l’initiative de l’émetteur en cas de crise de solvabilité de la banque.

La nature du produit anticipe les évolutions réglementaires de Bâle III en termes de ratios de fonds propres. Ces titres permettront aux banques d’ajouter à leur bilan une zone tampon formée de ces produits hybrides entre les fonds propres et la dette classique. Le poids de ces titres hybrides convertibles en actions variera ainsi en fonction des besoins en capitaux propres.

Ce mécanisme permettra donc aux institutions financières de s’épargner l’émission de nouvelles actions, peu appréciée des actionnaires du fait de la dilution massive du capital (là, on peut imaginer qu’elle sera ajustée) et de la chute du cours consécutive.

S’il n’est pas question de révolution, les «cocos» constituent quand même une innovation financière, à plus d’un titre. D’abord, par la nature des produits. Carlo Oly, directeur de la cotation des obligations à la Bourse de Luxembourg, explique: «Cela existait sous une autre forme, mais il n’y avait pas cette notion de contingent convertible. Avant, la banque cessait simplement de payer les coupons lorsque le ratio était trop bas.»

En sus, cette cotation d’un titre obligataire contingent convertible, troisième du genre après celles de Lloyds et de Rabobank, fait cette fois appel à de «l’argent frais», c'est-à-dire de nouveaux investisseurs, très probablement institutionnels. Les deux précédentes émissions d’obligations convertibles contingentes avaient en fait donné lieu à un échange auprès «de détenteurs d’anciens titres hybrides».

La nature même du produit peut susciter un certain questionnement. Pourquoi investir dans une obligation, censée intrinsèquement représenter un titre sûr, mais qui pourrait potentiellement devenir un titre risqué, de surcroît dans une banque à la solvabilité fragilisée? La réponse tient en un mot: le rendement.

Un rendement élevé, mais…

Avec un coupon annuel de 7.875% et une échéance de 30 ans, d’aucuns, comme M. Oly, diront «que le rendement est élevé». Cependant, les marchés l’attendaient supérieur. Un trader de la Place, préférant rester discret, commente: «L’émetteur, c’est Crédit Suisse, pas la banque du coin. Pour retrouver un tel rendement, il faudrait acheter un titre noté BB. C’est donc bien, mais peut-être pas assez pour accepter le risque»…

Comme d’habitude donc, le dernier mot reviendra à l’investisseur. On peut néanmoins s’attendre à ce que de nombreuses banques émettent ce type de produits qui leur permettra de satisfaire aux exigences de capital supplémentaire requis par les futures régulations bancaires.