Lut Laget, Isabelle Saint-Antoine et Virginie Kuenemann se sont rencontrées, le temps d’une séance photo, au magasin de Virginie. (Photo: Edouard Olszewski)

Lut Laget, Isabelle Saint-Antoine et Virginie Kuenemann se sont rencontrées, le temps d’une séance photo, au magasin de Virginie. (Photo: Edouard Olszewski)

Virginie Kuenemann a créé le concept-store pour enfants Miyo qui a ouvert ses portes le 24 juin dernier. Au Luxembourg depuis vingt ans, elle a plaqué le confort du secteur financier pour se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. «En 2003, la société pour laquelle je travaillais a fermé ses activités pour les rapatrier sur Dublin, raconte l’entrepreneuse. J’ai négocié un bon pécule et je suis partie vivre neuf mois en Crète.

Je suis devenue monitrice de plongée sous-marine, mais après une saison, j’ai réalisé que je ne voulais pas faire ça à plein temps, je suis donc rentrée».

C’est à la naissance de ses enfants qu’elle se rend compte que l’offre pour ces derniers est pauvre au Grand-Duché. L’idée commence à germer, mais il fallait un événement déclencheur: «Le décès de mon père a été un électrochoc. Je me suis dit que la vie était trop courte pour ne pas prendre de risque. J’ai démissionné et j’ai rejoint le programme Fit4Entrepreneurship de la Chambre de commerce.» Elle démarre ainsi avec 30% de fonds propres et un prêt, tout en revoyant le budget familial.

Virginie Kuenemann intègre le programme et c’est Laurent Schonckert, administrateur-directeur de Cactus, qui la prend sous son aile: «J’avais un business plan qui tenait la route, des financements, mais il me manquait des contacts. Laurent m’a apporté une aide précieuse pour m’aider à sortir de ma zone de confort». Elle s’est donné deux ans pour arriver à vivre de sa société, mais après seulement six mois d’activité, elle paie loyer, factures et le salaire de son employée à 32h/semaine. 

Se laisser convaincre

Isabelle Saint-Antoine, administratrice déléguée d’Agilis Engineering, créée en 2009, a fait partie des pionniers du programme. Elle n’était pas spécialement convaincue au début de l’aventure. «J’étais vraiment dubitative. Étant dans le secteur industriel, je voulais trouver un mentor qui comprenne mon activité. J’ai dû me laisser convaincre, explique Isabelle Saint-Antoine. Pourtant, je ne l’ai pas du tout regretté. La présence du mentor pendant la phase de construction de notre atelier a été déterminante.»

Elle opte pour un suivi sur 18 mois. «Nous nous sommes rencontrés une fois par mois environ, sans compter les coups de téléphone. Le moment-clé a été de me faire jouer des jeux de rôle pour présenter mon dossier aux banques. Nous sommes encore en contact aujourd’hui.»

En 2009, les programmes de soutien à la création d’entreprise n’existaient pas. Depuis, la Chambre de commerce a lancé plusieurs initiatives pour faire gagner du temps aux créateurs d’entreprises.

Isabelle Saint-Antoine aurait aimé en bénéficier. Neuf ans plus tard, la cheffe d’entreprise profite encore néanmoins des bienfaits de Business Mentoring: «Aujourd’hui, je me sens plus aguerrie, même si nous sommes dans une nouvelle phase-clé de la société avec la construction de notre bâtiment. Mon mentor m’a beaucoup aidé pour faire face à ce nouveau challenge».

Parfois très seule

Si Isabelle Saint-Antoine ne se sent pas encore prête pour devenir mentor, Lut Laget, à la tête de VGD Luxembourg, a franchi le pas dès 2010 dans le programme Business Mentoring. Après 20 ans d’expérience dans le monde de la fiscalité et la comptabilité, elle n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle a fait partie de la Fédération des femmes cheffes d’entreprise, en étant aussi ambassadrice de l’entrepreneuriat féminin au Luxembourg. «À 49 ans, j’ai réalisé qu’on reçoit beaucoup de la société, explique la mentore. Je me suis décidée à redonner et consacrer de mon temps libre.

Le programme fait gagner beaucoup de temps aux mentorés. On se sent parfois très seul en tant que chef d’entreprise».

En 2011, elle prend part aux comités de sélection, en partenariat avec les autres mentors qui deviennent à force des amis: «Cela a pris à peu près un an avant de trouver une mentorée, ce qui ne m’a pas empêché entre-temps de trouver des candidates pour rentrer dans le programme.» Choisir un mentoré, c’est une aventure professionnelle, mais aussi personnelle: «On choisit une personne et ça se transforme en amitié professionnelle. Du coup, on ne se rend plus compte du temps qu’on passe à accompagner cette personne. De toute façon, il n’y a aucune obligation, chacun fait ce qu’il peut.»