L’enjeu des compétences demeure central malgré de premiers progrès effectués sur la sensibilisation parmi les instances dirigeantes des entreprises. (Illustration: Licence CC)

L’enjeu des compétences demeure central malgré de premiers progrès effectués sur la sensibilisation parmi les instances dirigeantes des entreprises. (Illustration: Licence CC)

Signes de l’évolution de l’économie, les classements comparant les pays quant à l’intégration du digital dans leur administration ou au sein des entreprises commencent à faire référence. Le Digital Economy and Society Index (Desi) de la Commission européenne est l’un d’entre eux.

L’édition 2018 du Desi a confirmé la 5place du Luxembourg grâce à de bons résultats, notamment dans les infrastructures et les compétences de base. Mais le rapport pointait des efforts à fournir dans l’intégration des technologies numériques par les entreprises, ainsi que la recherche et la formation de spécialistes ICT pour les employeurs. 

Autre indice de référence, cette fois pour la compétitivité, le classement publié chaque année par l’IMD, en collaboration avec la Chambre de commerce, a fait perdre trois places au Luxembourg en 2018. Un classement dédié au digital a été édité cette année et pour la seconde fois, situant le Luxembourg à la 24e place sur les 63 pays étudiés, soit une chute de quatre places. Un mouvement qui s’explique principalement en raison du critère «future readiness», qui comprend notamment l’«e-participation» et l’«attitude à l’égard de la globalisation». 

Prendre le pouls du digital

Différents critères, différentes méthodologies. Chaque classement produit ses propres résultats, mais certaines tendances se dessinent quant aux pays qui pourraient recevoir le titre de champion du digital. Huit des dix pays formant le top 10 de l’indice général de l’IMD sont présents dans celui consacré au digital. Dans les deux cas, les États-Unis dominent.

Autre classement émanant de la Commission européenne, le Digital Transformation Scoreboard (DTS) qui vient d’être publié fin juin vise à mesurer la transformation des entreprises et industries existantes sur une approche macroéconomique. Cette étude menée par la «DG Grow» de la Commission a justement introduit pour la première fois l’activité en ligne et sur les réseaux sociaux afin de mesurer le degré de conscientisation à l’égard de sujets-clés: le concept de «Digital Pulse» a été retenu.

«C’est la première fois que le Digital Transformation Scoreboard utilise ce type d’outil», déclare Laurent Probst, associé chez PwC Luxembourg, un des experts qui a accompagné la Commission européenne sur ce projet, qui repose aussi d’ailleurs sur les outils de la société luxembourgeoise Talkwalker pour le Digital Pulse. 

«L’outil nous permet de retracer aussi l’évolution dans le temps de l’intensité des discussions sur un sujet», ajoute Laurent Probst. «Nous avons clairement vu une montée de la discussion autour de l’intelligence artificielle en 2017.» Le scandale Wannacry ainsi que l’ouverture du centre dédié à la cybersécurité ont aussi favorisé les échanges en ligne sur ces sujets.

Globalement, d’après le DTS, les pays européens où la conscience digitale était la plus élevée en 2017 étaient le Royaume-Uni, l’Espagne, le Danemark et le Luxembourg. 

L’enjeu des compétences 

Sur base cette fois des données des organismes nationaux de statistiques et d’organisations internationales, le Digital Transformation Scoreboard répertorie des pays dits «facilitateurs» dans l’intégration du digital par les infrastructures, l’accès au financement, et l’offre et la demande de compétences.

Le Luxembourg arrive ainsi en 5e position du Digital Transformation Enablers Index (DTEI) mené par les Pays-Bas et la Finlande. 

«Ce Digital Transformation Scoreboard nous donne une note clairement positive, soulignant même notre excellente performance en matière d’infrastructure digitale et d’accroissement de l’offre en digital skills», déclare Anne-Catherine Ries, coordinatrice de Digital Lëtzebuerg. «C’est surtout cette évolution positive au niveau des talents qui nous réjouit, puisque nous avons un énorme besoin de compétences spécialisées au Luxembourg.»

Encourageant pour les responsables de Digital Lëtzebuerg quant à la poursuite de leur approche transversale pour insuffler une culture au sein de l’État et de l’économie, ce classement laisse en effet entrevoir que le Luxembourg est en bonne voie quant aux infrastructures ainsi qu’à la sensibilisation et à la formation générale vis-à-vis de l’ICT. 

Les efforts devront toutefois être poursuivis pour insuffler cette culture à tous les niveaux de l’éducation et continuer l’adaptation des formations scolaires et professionnelles au besoin d’un monde digitalisé, selon des experts interrogés par Paperjam. Les progrès effectués d’une année à l’autre devraient, logiquement, se mesurer dans les prochains classements.