Ce mercredi, la soirée 10x6, organisée par le Paperjam Club, a donné la parole exclusivement aux avocats. Une première dans l’histoire de l’événement. Mais la complexité croissante des législations et des régulations dans tous les domaines oblige à prendre de plus en plus en compte le droit et ses subtilités dans la construction de sa stratégie d’entreprise.
Invités à venir donner leurs meilleurs conseils aux membres du club, les dix orateurs ont passé en revue les points essentiels à ne pas négliger par rapport à l’approche juridique.
Les premiers conseils ont porté sur le choix de son avocat: «Prenez avant tout un conseil qui affiche une réelle passion pour votre business, qui comprend ce que vous faites et maîtrise votre stratégie», a lancé Olivier Hance (Hance Law Avocats).
Prenez un conseil qui affiche une passion pour votre business.
Olivier Hance, Hance Law Avocats
Une idée sur laquelle a embrayé Guy Castegnaro (Castegnaro Cabinet d’Avocats), insistant sur l’importance d’opter pour un spécialiste. «Quand vous avez bien localisé un problème de santé, vous allez directement chez un médecin spécialisé. Pour un avocat, la même tendance existe», pointe-t-il. Et elle offre des avantages: une connaissance approfondie de la matière, de la proactivité et une meilleure prévention des risques.
Un avocat spécialisé offre de nombreux avantages.
Guy Castegnaro, Castegnaro Cabinet d'Avocats
La prévention, c’est le point sur lequel a insisté justement Albert Moro (Clifford Chance). Face à l’accroissement des réglementations, les sociétés doivent mettre en place des procédures pour se prémunir face aux risques. «Le meilleur conseil que je peux donner est donc de ne pas attendre qu’un problème se pose», a-t-il conclu. Prendre l’assistance d’un avocat doit permettre d’éviter de nombreux ennuis.
Ne pas attendre qu'un problème se pose.
Albert Moro, Clifford Chance
Marie-Béatrice Noble (MNKS) va même plus loin en suggérant d’éviter, autant que possible, les contentieux. Elle en compare les coûts à l’image de l’iceberg. En deçà de la partie visible – les frais de justice –, il existe des coûts cachés via les investissements en temps et en ressources, l’usure et le stress négatif que peuvent entraîner de telles procédures. «La judiciarisation des affaires n’est pas une fatalité, observe-t-elle. Le règlement extrajudiciaire présente de nombreux avantages.»
La judiciarisation des affaires n'est pas une fatalité.
Marie-Béatrice Noble, MNKS
Et lorsque vous êtes résolu à vous faire assister, les premières rencontres sont importantes afin d’éviter tout malentendu. «Le client veut de la transparence, de la confiance et qu’on prenne du temps par rapport à son cas», explique Freddy Brausch (Linklaters). Pour lui, la situation doit être la plus claire possible entre l’avocat et son client dès le départ de la relation.
Le client veut de la transparence, de la confiance.
Freddy Brausch, Linklaters
Henri Wagner (Allen & Overy) a, de son côté, mis en lumière les «menaces» pour la profession: pression sur les prix, compétition, technologie et guerre des talents. Pour lui, les avocats «ont fait face à plus de changements au cours des dix dernières années qu’en un siècle.»
Plus de changements au cours des dix dernières années qu'en un siècle.
Henri Wagner, Allen & Overy
Faisant un pas de plus dans le conseil aux entrepreneurs, Mario Di Stefano (DSM Di Stefano Moyse) a distillé quelques avertissements par rapport à des opérations de fusions et acquisitions: bien connaître son entreprise – «ce n’est pas toujours le cas» –, bien choisir son partenaire et définir ses objectifs. «Les synergies sont souvent surestimées et les problèmes sous-estimés», constate l’avocat.
Les synergies sont souvent surestimées et les problèmes sous-estimés.
Mario Di Stefano, DSM Di Stefano Moyse
Pour Alain Steichen (Bonn Steichen & Partners), les entrepreneurs doivent désormais se méfier de la gestion fiscale de leurs affaires. Fini le temps où l’on pouvait faire grimper le bénéfice net en jouant sur l’habilité fiscale plus que sur le volume d’affaires. «L’environnement a changé, note-t-il, il est temps d’en tenir compte.»
L'environnement a changé.
Alain Steichen, Bonn Steichen & Partners
L’horizon chinois attire beaucoup d’hommes d’affaires. Alexandrine Armstrong-Cerfontaine (King & Wood Mallesons) leur a donc fourni certains avertissements: différences culturelles, lois et réglementations qui peuvent changer d’une région à une autre, méfiance par rapport à la propriété intellectuelle. «Et n’oubliez pas non plus que la Chine est vaste, elle ne se limite pas à Pékin et Shanghai.»
La Chine ne se limite pas à Pékin et Shanghai.
Alexandrine Armstrong-Cerfontaine, King & Wood Mallesons
Enfin, pour conclure, Jean-Marc Ueberecken (Arendt & Medernach) a analysé le modèle Uber pour voir jusqu’à quel point une entreprise pouvait défier la loi. Selon son analyse, cette stratégie «disruptive» fonctionne «si l’entreprise ne doit l’appliquer que pendant une courte période, le temps d’entraîner l’enthousiasme des consommateurs et d’amener le politique à changer les règles en sa faveur plutôt que dans le sens d’une interdiction.»
Il faut pouvoir amener le politique à changer les règles.
Jean-Marc Ueberecken, Arendt & Medernach